Dans une société politique apparemment pacifiée, l'enjeu principal semble être la gestion du flux et des fluctuations de la dynamique socio-économique du bassin parisien.
Il s'agissait de faire venir un service public majeur dans un quartier en pleine rénovation urbaine.
Craignant la communautarisation des commerces dans le quartier de la Madeleine, la Mairie a favorisé la diversification de l'offre.
Conscientes des enjeux, les édiles ébroïciennes optent pour un développement pragmatique.
Tous les intervenants ont insisté sur le fait que pour le futur développement d'Évreux, il faudrait être en mesure d'intervenir en amont, aux niveaux décisionnels adéquats [Grand Paris].
En partant du cas du centre-ville, les participants ont exprimé la nécessité d'une prospective pour le futur développement d'Évreux.
On pourrait investir davantage au centre-ville en termes d'offre commerciale et de loisirs.
Travailler sur les représentations semble une priorité pour certains espaces de la ville, afin de mieux les intégrer à la ville dans sa totalité.
La ville comme assemblage spontané de quartiers : un danger ? La ville s'est construite par les quartiers, sans que ce soit l'effet d'une stratégie précise, ce qui fait craindre des logiques de développement en communautés fermées à l'américaine (gated communities), perçues comme des anti-modèles.
Les participants ont manifesté une forte conscience de la responsabilité imposée par les enjeux qui se posent à la ville.
Une petite ville de campagne plutôt qu'une périphérie de grande métropole.
Certains participants ont signalé que la taille d'Évreux donnerait lieu à dynamiques de socialité qui seraient propres aux petites villes ou aux bourgs : tout le monde se connaît. Cependant, d'autres participants ont signalé qu'à Évreux, contrairement à avant, les personnes ne se disent plus bonjour quand elles se croisent dans la rue et lorsqu'elles ne se connaissent pas.
Chef lieu de département, Évreux serait passée du statut de ville de fonctionnaires relativement importante jusqu'au milieu du 20e siècle, à celui de petite ville atone aujourd'hui.
L'offre urbaine pour les sorties serait très limitée et programmée, ce qui ne permettrait pas le jeu des opportunités propre à l'urbanité. Par exemple, pour pouvoir fréquenter le bowling il faut réserver des places à l'avance.
Le fait que les transports à Évreux ne soient pas fréquents oblige les personnes qui les utilisent à être bien informées sur les horaires et les parcours pour ne pas prendre le risque de retards. [Cette dynamique empêcherait une fréquentation plus spontanée des espaces et entraînerait une dynamique d'usage davantage liée à des exigences précises qu'à des impulsions.]
En évoquant la présence des Américains dans les années 1960, les participants ont souligné que le pavillonnaire construit par eux était porteur d'un modèle d'habitat [maison individuelle non clôturée au milieu d'espaces verts] divergent du modèle européen.
Le centre-ville souffrirait d'un manque d'offre urbaine, surtout liée aux loisirs et notamment le soir.
Cette affirmation ironique a été faite pour montrer le manque d'offre de loisirs au centre-ville. Le seul et unique cinema de ce quartier se retrouve dans une telle situation de monopole d'activité que sa fréquentation en est fortement augmentée.
Une organisation socio-spatiale assez clivée entre les quartiers.
Ce type d'activité pratiquée par les jeunes au centre-ville a été décrite comme une des principales occasions de sociabilité, faute d'une offre plus diversifiée.
Les participants ont souligné une certaine distance sociale avec les résidents du centre-ville, du fait de leurs attitudes et de leur niveau de vie, permettant de payer les prix du foncier de ce quartier.
Les participants ont manifesté la crainte que l'installation de militaires prévue près de la base aérienne n'apporte pas un véritable développement à la ville car elle ne produirait pas d'emploi. Certains ont, en revanche, signalé que cette arrivée de population apportera du dynamisme économique (par la consommation) et social (interaction avec la population locale).
Dans les années 1950-1960, le quartier de la Madeleine a représenté une étape importante et initiale du parcours résidentiel de la plupart des participants. [Aujourd'hui ce quartiers héberge une bonne partie de la composante d'origine immigrée de la population].
Navarre étant un quartier pavillonnaire plus aisé, il était réservé à des populations avec un plus grand pouvoir d'achat.
Une relation ambiguë à la centralité, entre besoin d'indépendance et volonté d'être mieux relié.
Les participants ont décrit une ville où l'accessibilité aux différents services et équipements est facile et rapide.
Les participants ont insisté sur le fait que Navarre n'a pas suivi les mêmes dynamiques [construction rapide de grands ensembles] et les mêmes logiques [nécessité de loger les ouvriers] de construction et expansion d'autres quartiers, comme la Madeleine. En effet, Navarre était un bourg déjà constitué à côté d'Évreux, qui s'est agrandi parallèlement.
Les participants ont été tous d'accord sur le fait que la connexion avec Paris était mieux garantie auparavant à travers des trains plus fréquents et à des horaires plus avancés du soir. Cette perte de connexion rend l'utilisation des équipements culturels de la capitale moins fréquente.
Les participants ont dénoncé l'abandon de certains tronçons de la rivière où l'on dépose des déchets, provoquant ainsi une image de dégradation environnementale.
Cette réalité ne stimulerait pas les relations entre les différents quartiers de la ville [Il est cependant à noter qu'il s'agit là d'un fonctionnement classique centre-ville / périphérie].
Ce constat montre un système de transports et de mobilité, attentif à la connexion avec les communes proches d'Évreux, mais ne faisant pas partie de la ville.
La concentration des équipements, notamment sportifs, pèse de plus en plus sur leur utilisation par les habitants. Notamment, les participants ont signalé leur moindre exploitation de ces équipements lorsque ces derniers sont plus éloignés.
Les participants ont déclaré utiliser avec facilité et fréquence les services garantis par les communes limitrophes, car il serait plus facile de s'y garer par rapport au centre-ville.
La poste du quartier de Navarre est un bureau financé par la mairie annexe, qui ne délivre que des services postaux limités, notamment pas d'envoi ou de réception de colis.
Une situation de proximité métropolitaine qu'Évreux peine à valoriser
Cette affirmation n'a pas trouvé l'accord de tous les participants. Une bonne partie d'entre eux a notamment réagi en explicitant que l'offre de loisirs et d'activités des bourgades limitrophes est liée à des occasions très ponctuelles et circonscrites dans le temps [ex. foires, fêtes, etc.]
La perception de la concurrence de pôles urbains forts, comme Paris, a poussé les participants à signaler l'inefficacité d'un développement économique basé exclusivement sur la production industrielle.
Les participants apprécient beaucoup la liaison facile et l'accessibilité à Paris, surtout par rapport à Rouen auquel ils ne peuvent accéder qu'en car.
Une transition difficile et mal vécue de la bourgade campagnarde vers le quartier urbain.
Certains participants, notamment les personnes les plus âgées, ont affirmé qu'auparavant le quartier composé essentiellement de maisons individuelles et animé par une gare et des bistrots, était esthétiquement plus agréable.
L'esthétique du quartier, tel qu'il était autrefois, typique d'un petit village, fait l?objet aujourd'hui d'une certaine nostalgie, notamment chez les participants les plus âgés.
Navarre s'était construit depuis la fin des années 1800 comme un petit village avec une présence importante de maisons individuelles.
Cette affirmation a été faite pour dénoncer la perte d'un style de vie plus centré sur le quartier. Le passé évoqué a été opposé aux pratiques d'aujourd'hui, telles que les courses dans des grandes surfaces.
La disparition progressive des petits commerces au profit des grandes surfaces pèserait sur la qualité des pratiques de socialité dans les quartiers.
En revenant sur la présence des Américains dans les années 1960, les participants ont insisté avec nostalgie sur le fait que cette présence donnait lieu à une vie sociale et nocturne plus importante, notamment dans les bars, bistrots et boîtes de nuit.
La qualité des espaces verts, notamment du parc de Navarre, serait due au fait qu'ils seraient « historiques » ? comme les ont définis les participants. Notamment, ils ont fait référence à l'implantation du Château de Navarre, résidence de l'impératrice Joséphine.
Dans l'histoire urbaine d'Évreux, l'Iton a représenté une source économique importante grâce à l'exploitation de l'énergie hydraulique.
Les participants ont insisté sur la nécessité de réinvestir le cours d'eau et ses berges pour des activités de loisirs, plus encore que ce n'est le cas aujourd'hui.
Les autres centres (le centre-ville, Paris, la base américaine) sont perçus comme illégitimes par la population car considérés comme extérieurs.
Les participants [presque tous avec un vécu important dans le milieu associatif] ont signalé la difficulté à stimuler la l'engagement des autres habitants.
Il a été signalé par le groupe que l'information circulait difficilement entre les sphères politique et citoyenne.
Cette affirmation a été faite pour indiquer que le fonctionnement et le développement d'Évreux dépendraient trop fortement d'acteurs extérieurs, notamment Paris, qui ne seraient pas considérés comme légitimes par les participants.
D'après les participants, l'attention des administrateurs est trop concentrée sur le centre-ville.
Les participants ont montré un regard critique vers les politiques de revitalisation de la ville qui auraient visé, d'après eux, surtout les commerçants du centre-ville et qui n'auraient pas adopté une stratégie attentive à la totalité de la ville et à toutes ses composantes. [On peut lire dans cela une auto-perception des quartiers comme ressources non suffisamment exploitée par les administrateurs].
L'attractivité résidentielle exercée par Évreux sur Paris ne serait pas considérée comme un atout à exploiter, mais au contraire comme un risque de dilution identitaire.
Les participants ont montré une certaine fierté du fait que, à l'époque en question, Évreux, ses habitants et leur organisation sociale pouvaient constituer un modèle et un horizon de développement social que l'Amérique aurait atteint seulement plus tard.
Les composantes de la population venues de l'extérieur sont perçues de manière ambiguë par les participants.
Cette affirmation, issue d'une sollicitation par rapport à la présence de l'Iton, a été faite pour signaler le manque de précautions prises au centre-ville par rapport à une possible inondation. Certains participants ont indiqué avoir subi plusieurs inondations.
Une forte conscience du besoin de se relier à la métropole parisienne mais avec le souci de ne pas devenir une ville dortoir.
Les participants ont vu dans la base aérienne d'Évreux un potentiel de développement en mesure de connecter la ville à des circuits de transit d'échelle plus large. Notamment en recevant un trafic aérien très spécifique, comme celui des chefs d'Etat, qui trouve plus difficilement sa place dans les grands aéroports de la capitale.
Ces éléments sont revenus tout au long de la réunion en ayant été identifiés comme les atouts majeurs d'Évreux, à exploiter davantage.
Le projet de déviation pour améliorer l'accessibilité d'Évreux date de 1945 mais n'a pas encore vu le jour. [Les participants ont manifesté une vision du développement de la ville centrée sur les possibilités de connexion avec l'extérieur.]
Cette affirmation a été faite pour expliquer le manque de stratégie qui, dans le passé, a caractérisé la politique vis-à-vis du centre-ville.
Les participants ont manifesté la crainte que le seul facteur de développement de la ville soit celui de la proximité à des grands pôles d'emploi, comme Paris ou Rouen, et donc qu'elle soit utilisée juste en tant que ville dortoir [sorte de satellite périurbain des villes majeures].
Selon certains participants, le développement urbain d'Évreux aurait été structuré autour de l'habitat, et notamment de projets urbanistiques, plutôt qu'autour d'autres dimensions de la ville : productives et récréatives.
Les participants ont manifesté l'idée que, tout en reconnaissant la nécessité du logement collectif, ce dernier devrait se mettre en place en essayant de garder ce qu'ils ont appelé l'identité des quartiers. [On pourrait lire ici une certaine réticence à assumer le passage de Navarre, du statut de petit village limitrophe à quartier à part entière de la ville].
Les projets urbains liés à l'habitat devraient donner davantage de place aux constructions individuelles.
Un centre-ville à l'ancienne : voir et être vu.
Les participants ont déclaré que le centre-ville est très utilisé comme lieu de promenade par tous les habitants de la ville, notamment en fin de semaine. Il serait donc un lieu de rencontres important de la ville, pour l'ensemble des habitants, quel que soit leur âge et leur niveau social.
Chacun chez soi. Des lieux de rencontre limités.
La question de la Salle de spectacles et de sa fréquentation ont fait débat pendant la réunion. Certains participants ont signalé avec force que cet équipement culturel, situé dans le quartier de Navarre, n'était pas véritablement accessible à toute la population compte tenu de ses prix élevés. Au contraire, d'autres participants ont déclaré ne rien voir de sélectif, ni dans les prix ni dans l'offre proposés par cet établissement.
D'après les intervenants, le marché de la Madeleine est le plus agréable de la ville, grâce à sa fréquentation et à sa mixité. D'ailleurs, les participants ont souligné que le marché constituait pour eux la seule occasion de se rendre dans ce quartier, à forte composante de population d'origine immigrée.
Un centre-ville replié sur lui-même. Des quartiers en relative autarcie.
Certains habitants ne considèrent pas la proximité et les liaisons directes et rapides avec Paris comme un atout dont pourrait bénéficier la ville dans sa totalité. Pour les habitants du quartier de Navarre, excentré par rapport au centre-ville et à la gare, l'efficacité des transports reliant la capitale à Évreux s'arrête une fois qu'on est arrivé à la gare.
En revenant sur l'efficacité des liaisons avec Paris, les participants ont déclaré qu'Évreux ne disposait pas d'un réseau des transports en mesure de garantir la continuité de la liaison avec Paris, une fois arrivé à la gare de la ville. [Ils perçoivent la proximité à la capitale comme un faux avantage à cause d'un manque de liaisons inter-modales, qui limite l'efficacité de la liaison rapide aux quartiers les plus proches du noyau central.]
Tout en appréciant la diversité de l'offre commerciale du centre-ville, les habitants ont déclaré que la densité des commerces rend parfois difficile le fait de s'arrêter pour discuter ou tout simplement de disposer d'espaces libres et publics, qui ne soient pas consacrés à une activité commerciale. [Il semble donc que le centre-ville manque de lieux capables de répondre à cette demande, comme des places ou des terrasses, etc.]
Les participants ont signalé que cet espace vert, bien qu'il ne soit pas aménagée, est très utilisé comme espace de loisirs, de promenade, de sorties par les familles avec enfants, notamment les résidents du quartier de la Madeleine.
Des voisinages géographiques qui ne correspondent pas aux pratiques des habitants.
Les habitants ont tous été d'accord pour dresser le constat qu'Évreux ne participe pas à la dynamique de relations et d'échanges qui existerait entre ces trois villes, malgré sa position intermédiaire en termes géographiques.
En décrivant leurs pratiques de mobilité hors de la ville dans le cadre des vacances, les habitants ont déclaré ne pas apprécier Deauville à cause de sa haute fréquentation, qui empêcherait de la détente.
Les participants apprécient beaucoup la ville de Rouen en termes d'esthétique du bâti, d'organisation urbaine et d' offre commerciale.
Certains participants ont déclaré préférer se rendre sur la Manche pour profiter de leurs vacances. Ce choix serait dû aux prix moins élevés, à un environnement « plus sauvage » [moins densément bâti] et à de bonnes liaisons de transport avec Évreux [notamment en termes d'embouteillages].
Les participants regrettent que la relation de voisinage avec Paris ne soit fondée que sur des questions logistiques. Évreux permettrait notamment de stocker les produits et les marchandises destinés à la capitale dans des surfaces plus grandes et moins chères. De plus, la rapidité des transports garantirait le transfert facile de ces produits, faisant ainsi de la ville un centre de stockage logistique de la capitale.
Du centre urbain au centre commercial, une évolution vécue négativement.
En décrivant la dynamique de changement du centre-ville et notamment de ses activités et de ses rythmes, les habitants ce sont montrés nostalgiques du temps où l'on pouvait assister à des concerts dans les bistrots. Aujourd'hui, il serait presque impossible d'assister par hasard à un concert dans un café ou dans un bistrot, car les activités commerciales au centre-ville seraient destinées à la consommation de produits et non de loisirs.
Ce n'est pas parce que l'on est près que l'on est proche.
Certains participants ont déclaré ne pas apprécier Deauville comme lieu de vacances à cause du type de populations qu'elle attire, dont le niveau social serait trop nettement supérieur à celui des habitants de Navarre. Cette composante donnerait à la ville un caractère très bourgeois vis-à-vis duquel certains participants ne se sentent pas légitimes.
Se mettre au vert.
Ayant identifié la forêt et les grands espaces verts non exploités comme un des espaces stratégiques de la ville, certains participants souhaiteraient que ces espaces s'insèrent dans un projet intégré de développement économique, en mesure de transformer ce stock en une ressource active et une source d'emploi et de richesse pour la ville.
Concrètement, les habitants proposent d'exploiter « la ressource verte » en formant les générations futures à son exploitation et à son aménagement durable.
Vu la présence du Lycée agricole et la disponibilité de grands espaces verts, certains habitant considèrent stratégique de parier sur le biologique (cultures, formation, marchés, événements, etc.) pour redonner un élan et une spécialisation économique à la ville.
À Évreux, les quartiers l'emportent sur la ville.
Pour les habitants de Navarre, l'échelle d'identification majeure est leur quartier et non la ville, qui ne représente pas un référent identitaire légitime en tant qu'entité collective et globale. De fait, les habitants de Navarre ne se sentent et ne se disent pas Ébroïciens.
Des tensions autour des nouveaux arrivants.
Selon les participants, le fait d'avoir déplacé des familles d'origine étrangère [20 au total] de la Madeleine pour les installer à Navarre, aurait rendu le quartier moins sûr [« trafics de drogue »] et « plus coloré ». La difficulté économique et sociale de ces familles pèserait donc sur l'image du quartier dans l'esprit de ses habitants de longue date, qui ont exprimé la crainte de le voir changer.
Les habitants perçoivent les pratiques des immigrés comme très éloignées des leurs. L'écart culturel existant entre les populations habitant le quartier semble, pour les participants présents, difficile à gérer au quotidien.
Paris, un voisin hors d'échelle.
Navarre est un quartier d'Évreux mais ses habitants l'associent à une banlieue dans le sens péjoratif du terme. Pour eux, il est désormais à l'écart et il est marginalisé économiquement et socialement. Ils regrettent l'époque où Navarre n'était encore qu'un petit village, avec son identité propre et son indépendance, avec sa gare et ses commerces.
Un refus de l'intégration et de la croissance urbaines.
Le nouvel hôpital construit à l'ouest de la ville serait, d'après les habitants, trop excentré par rapport à l'ancien. Ils regrettent donc les difficultés d'accès à ce nouvel équipement, qui susciteraient, pour eux, davantage de problèmes que de solutions.
Les participants considèrent que le seul avantage de ce projet est de rendre la circulation plus fluide, tant pour les automobilistes qui souhaitent traverser Évreux sans s'y arrêter, que pour ceux qui circulent au contraire dans le centre-ville, car les deux flux ne seraient plus mélangés.
Le seul événement qui attire des habitants de toute la ville et au-delà est le Festival Rock qui a lieu chaque année à Navarre.
Selon les participants, Saint Michel serait plus cher et plus beau que Navarre, qu'ils apprécient notamment car il serait « moins coloré ». [Saint-Michel représente visiblement le modèle de quartier vers lequel les participants auraient voulu voir évoluer Navarre ? un quartier résidentiel de niveau relativement aisé ? alors qu'ils sont davantage assimilés à La Madeleine ? quartier plus pauvre et plus divers en termes d'origines des populations.]
Des équipements centrifuges. Des quartiers aux dynamiques divergentes.
Les habitants du quartier de Navarre affirment n'avoir jamais eu accès à une quelconque information sur le Grand Paris à travers les canaux d'information de la ville et ne pas avoir été consultés à ce propos. De plus, ils ne considèrent pas que ce projet soit en relation avec le futur développement d'Évreux. [Le Grand Paris leur apparaît visiblement comme un projet d'échelle nationale, intéressant la capitale et le pays, mais certainement pas leur quartier.]
Une divergence croissante entre les expectatives des habitants de Navarre ? locales et rurales ? et celles des élus ébroïciens ? régionales et urbaines. Une confiance déclinante dans les décideurs politiques.
Selon les participants, le quartier de Navarre ferait l'objet de trop nombreux projets qui ne verraient jamais le jour.
les participants ont montré une certaine surprise et incompréhension devant l'importance des projets municipaux portant sur leur quartier en particulier, qu'ils ressentent comme trop nombreux. [Le souhait des participants de conserver autant que possible le quartier dans son état d'origine ? un petit village rural ? les amènent à considérer avec méfiance les projets de la ville, qui tendent au contraire à urbaniser l'espace et à l'intégrer davantage dans l'espace urbain ébroïcien.]
Les habitants ne croiraient plus aux campagnes d'affichage présentant les projets urbains à venir. Ils semblent voir dans chaque nouveau projet un effet d'annonce.
Le projet de train lié au Grand Paris [La ville d'Évreux demandant que le trajet du futur TGV passe par elle] est inutile, selon les habitants, car il ne leur ferait gagner que 6 ou 7 minutes de temps de trajet. Ils ne se sentent donc pas du tout concernés par cette « bataille » menée par les élus de la ville.
Tous les habitants ont souligné l'étendue des impacts environnementaux d'un tel projet de déviation. En effet, ce dernier prévoit de traverser la forêt d'Évreux. [On retrouve ici la dichotomie existant entre les intérêts poursuivis par la ville et l'agglomération ? intégration relationnelle dans le réseau urbain de la capitale ? et ceux exprimés par la population de Navarre ? attachée à des questions de proximité et de préservation de la ressource verte locale.]
Certains participants semblent avoir perdu confiance dans la transparence du fonctionnement politique de la ville. [Il ressort de leurs assertions une certaine résignation et un sentiment d'impuissance, face à des logiques de fonctionnement dont ils considèrent qu'elles les dépassent largement.]
Les habitants associent la démocratie participative à de la consultation, qui aurait des effets très limités sur la gestion de la ville dans la mesure où les opinions des habitants ne seraient pas prises en compte dans les décisions politiques.
Les participants ont, semble-t-il, l'impression d'être instrumentalisés pour répondre à une pression sociale collective, mettant en avant l'importance d'une intervention plus directe des populations dans les choix de vie et de société mis en ?uvre par les politiques. Ils n'ont cependant pas la conviction que cette intervention soit autre chose qu'une façade, qu'un engouement passager.
Les habitants, interrogés à ce sujet, ont affirmé ne pas avoir facilement accès à l'information sur la tenue des conseils de quartier, ce qu'ils regrettent.
Ce projet urbain serait, d'après certains habitants, le fruit d'une opportunité politique. Le maire de l'époque aurait identifié un
Les participants ont affirmé que les hommes politiques à la tête de la ville auraient pour principal objectif de se faire réélire et ne mettraient donc en place des projets que dans ce but, sans que ces derniers soient forcément aussi dans l'intérêt de la ville et de ses habitants [On comprend mal, néanmoins, comment des projets identifiés comme inutiles par les habitants pourraient leur assurer une réélection.]
Une stratégie urbaine dont les habitants de Navarre ne parviennent pas à saisir la logique.
Les retombées économiques de l'hôpital sur la commune seraient très limitées d'après l'ensemble des participants, qui l'expliquent par la localisation mal choisie (excentrée) de cet équipement.
D'après les habitants, le temps que le projet se fasse, la déviation ne sera plus une déviation mais une simple route reliant les différentes parties de la ville qui, entre temps, se sera développée et agrandie.
Les habitants constatent que, malgré la réalisation de quelques projets au sein du quartier, il s'est globalement appauvri et a vu s'installer des populations ayant de faibles revenus, alors qu'il était plutôt un quartier d'ascension résidentielle auparavant. [Les participants semblent considérer que les autorités municipales sont responsables de cet état de fait. On peut néanmoins souligner que la disparition progressive de tous les employeurs industriels qui faisaient vivre le quartier a dû jouer un rôle non négligeable dans l'appauvrissement constaté.]
Le fait de construire l'hôtel de l'Agglomération à la Madeleine avait pour but d'intégrer davantage à la ville un quartier considéré comme en difficulté. Les participants semblent douter du résultat, car l'équipement et ses employés ne seraient pas physiquement intégrés au quotidien du quartier. [Il faut cependant noter que l'intégration visée se joue à une autre échelle, celle de la ville et non celle du voisinage de quartier. Ce dernier reste visiblement le seul référent valable aux yeux des habitants de Navarre participant aux réunions.]
Navarre, un quartier-ville.
En décrivant le fonctionnement du quartier de Navarre et son évolution, les habitants ont exprimé ce constat. Ils considèrent qu'auparavant le quartier, tout en étant une banlieue d'Évreux, était un quartier où la mixité se jouait sur place, où la rencontre - au travail, au café, à l'église -tenait le quartier. Aujourd'hui, tout en continuant à se définir [et donc à se représenter] comme une banlieue, ces dynamiques seraient complètement bouleversées. La nouvelle population, la fermeture de l'usine, l'affaiblissement des réseaux sociaux, feraient de Navarre un quartier résidentiel à faible pouvoir agrégatif.
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