Tous les participants sont d'accord pour dire que les bars de Vénissieux ne sont fréquentés que par des hommes. Les femmes n'y sont pas admises car cela serait considéré comme une conduite inconvenante. Elles fréquentent donc le Mac Donald situé au nord de la ville et les espaces publics de Lyon.
Le Parc des Minguettes serait de moins en moins fréquenté par certains participants, du fait des dangers liés aux scooters y circulant illégalement. La population ne se sentirait pas en sécurité et ne s'y attarderait donc pas.
La ville de Vénissieux aurait acheté ou loué des terrains de camping, ainsi que des centres de vacances, dans certaines villes du Sud, notamment près de Montpellier et en Corse, afin de permettre à la population résidente d'y partir en vacances à moindre coût. Les participants ont visiblement bien intégré ces pratiques puisque tous en avaient profité à un moment ou un autre de leur vie. [Il faut néanmoins noter que ces espaces sont réservés aux ressortissants de Vénissieux et ne favorisent donc pas la mixité sociale souvent occasionnée par les séjours touristiques, puisque les mêmes se retrouve ailleurs.]
Le futur, c'est les habitants.
Les participants souhaiteraient que leur quartier soit plus mixte et diversifié en termes socio-démographiques, pour que de nouvelles dynamiques puissent s'instaurer et qu'il perde progressivement la connotation négative liée à sa trop forte homogénéité sociale et culturelle.
Les participants ont néanmoins souligné que la tendance de la population résidente à rester dans le quartier, génération après génération, ne facilitait pas l'ouverture et le renouvellement auquel ils aspirent, faute de place pour des populations nouvelles. [Il a été suggéré par l'animation que le renouvellement pouvait également passer, au moins partiellement, par la population présente ? venant à Vénissieux ? et pas forcément résidente.]
Le problème de la drogue, une priorité ? Une partie des participants a insisté sur le fait que le règlement des problèmes de délinquance liés aux trafics de drogue dans la ville était une priorité stratégique pour envisager son développement futur. Mais le reste du groupe a beaucoup minimisé l'impact de ces trafics sur le présent et l'avenir de la ville, partant du principe que les problèmes se situaient ailleurs, notamment au niveau de l'image déformée de la ville vis-à-vis de l'extérieur.
Une ville qui se définit en négatif, selon ce qu'elle n'est pas.
Malgré les manques que les participants ont signalé tout au long de la réunion, ils ont souligné avec force que Vénissieux ne peut pas être considérée comme une ville dortoir où les gens rentreraient le soir pour dormir et repartiraient le lendemain pour aller travailler ou se divertir ailleurs. Les équipements et les activités [associatives surtout] présents dans le quartier permettraient à Vénissieux de s'éloigner de cette image.
Des mondes parallèles.
Selon les habitants, la différence majeure entre les deux quartiers est le type de population et son origine. Les Minguettes, contrairement à Charreard, n'hébergerait pas un nombre important d'immigrés primo arrivants, mais plutôt des personnes ayant des parents ou des grands-parents d'origine immigrée.
En décrivant les habitudes des étudiants de Bioforce logés dans les appartements de l'école [dernier étage des tours], les participants ont exprimé le regret que les étudiants préfèrent se retrouver entre eux plutôt que sortir dans le quartier, à cause du manque d'activité et de vitalité de ce dernier. [Un manque d'attractivité qui pourrait également s'expliquer par la faible ouverture envers les non résidents ou les résidents temporaires comme ces étudiants, qui ne sont pas vraiment du quartier.]
À propos des habitants de Vénissieux se rendant au centre-ville de Lyon, certains participants ont signalé des dynamiques d'intégration, c'est-à-dire d'adaptation à un type de fonctionnement urbain autre que celui de Vénissieux. Pour certains, cela passerait par les pratiques vestimentaires, proches de celles des habitants du centre-ville de Lyon afin de « passer inaperçus » [sans grand succès, semble-t-il], pour d'autres, cela tiendrait au contraire des comportements. Un participant a ainsi pris l'exemple d'un de ses amis qui, lorsqu'il était au centre ville, a fait l'expérience d'une politesse urbaine qu'il n'aurait peut-être pas vécue dans son quartier et qu'il aurait ainsi adoptée dans ce nouvel espace. [Ce que l'on peut notamment retenir ici, c'est le fait qu'il soit ressenti comme nécessaire par certains de s'intégrer, comme dans un pays étranger, en se rendant à Lyon.]
L'étrangeté n'est pas forcément une question de kilomètres.
Les habitants ont souligné à plusieurs reprises leur attachement pour le quartier, y compris avec ses logiques et ses limites de fonctionnement. [L'échelle du quartier est l'échelle d'identification majeure pour les habitants qui semblent craindre une sorte de dilution de leur identité dans les passages d'échelle - ville, agglomération, etc.]
Les participants étaient tous d'accord sur le fait que la représentation médiatique de la ville et du quartier étaient le fruit de clichés exagérant les traits de la réalité. Ils sont notamment souvent décrits comme des lieux de violence hors du contrôle étatique [comparaison avec Sarajevo] où les clivages culturels et religieux seraient très marqués [burka], alors que la situation n'?est pas vécue comme telle au quotidien par les habitants. [On peut néanmoins s'interroger sur le fait de savoir si ce décalage tient uniquement du forçage médiatique ou s'il n'est pas lié aussi à une différence de perception des faits, entre habitants habitués à certaines pratiques et le reste de la population, qui les considère comme exceptionnelles.]
À la recherche d'une identité, entre fantasme et réalité.
Les participants ont expliqué qu'il n'y avait pas de rapport de voisinage véritablement réciproque entre les Minguettes et Charreard, dans la mesure où c'est surtout les habitants de Charreard qui utilisent les Minguettes.
Les habitants de Charreard fréquentent les Minguettes pour avoir accès à certains services (scolarisation, services administratifs, clubs de sport, etc.) qu'ils ne trouvent pas dans leur quartier.
Les participants ont signalé que le plateau des Minguettes a un pouvoir d'attraction non négligeable surtout grâce à ses équipements sportifs et de formation [école de musique, Bioforce, etc.] Le problème étant que ces flux restent circonscrits aux équipements qui les génèrent, dans engendrer de brassage de populations pour l'instant.
Selon certains participants, vu qu'une composante importante de la population des quartiers des Minguettes et Charréard est d'origine immigrée, la plupart de ces personnes rentre dans leur pays d'origine lors des vacances, ce qui viderait le quartier de la plupart de ses résidents.
Un fonctionnement urbain basé sur le rôle central des Minguettes.
Tous les habitants ont signalé que le centre-ville de Vénissieux était peu attractif surtout si on le compare à ceux d'autres communes des alentours.
En partant du constat qu'auparavant Vénissieux et Saint-Fons n'étaient qu'une seule et même entité, les habitants souhaiteraient voir davantage intégrées les deux communes, du point de vue fonctionnel et résidentiel, ce qui permettrait une meilleure complémentarité spatiale, au profit de Vénissieux notamment. [Il est intéressant de noter que les participants ont fait référence à la commune de Saint Fons comme espace de proximité choisi, alors qu'ils ignorent complètement une grande partie de la commune de Vénissieux, comme la zone résidentielle au sud-est et le quartier des Moulins au nord.]
Vénissieux marcherait moins bien que Saint-Fons du point de vue de l'offre urbaine liée aux loisirs et à la recréation. Ces derniers aspects sont plus développés dans la commune limitrophe, ce qui explique pourquoi on s'y arrête plus volontiers, y compris pour de simples promenades urbaines.
Les habitants ont reconnu un écart énorme [en termes d'urbanité : densité, diversité, serendipity] entre leur centre-ville et celui de Lyon. À tel point d'ailleurs qu'ils parlent d'intégration entre les populations des deux espaces, comme si elles étaient étrangères l'une à l'autre.
Pour décrire en quoi consiste la différence entre le centre-ville de Lyon et celui de Vénissieux, les habitants ont pris l'exemple des vacances. Le centre-ville de Lyon représente pour eux un lieu agréable, à utiliser pour le loisir et qui, surtout, est perçu comme exotique par rapport à leur quotidien [ce qu'on attend en général d'un lieu de vacances].
Certains participants ont décrit les processions de voitures chargées de biens de consommation au moment des vacances estivales, en partance pour les pays d'origine d'une grande partie des habitants de Vénissieux.
Face à cette affirmation, d'autres participants [d'origine immigrée] ont déclaré que cela relevait plutôt d'un cliché que d'une pratique réelle et que la plupart de cette composante démographique du quartier partait en vacances comme les autres, sans surcharger les voitures, ou en avion pour aller dans des pays différents de leur pays d'origine et pour faire du tourisme.
Prendre part.
Les habitants ont signalé qu'ils ne savent pas grande chose sur l'activité de cet école de formation [dans le domaine de l'humanitaire]. Cependant, sa présence dans le quartier est importante en termes qualitatifs [siège très beau] et quantitatifs [nombre d'étudiants et de logements]. C'est pourquoi, ils ont proposé d'organiser des journées de rencontres et débats avec les habitants, pour mieux connaître cet établissement du quartier.
Certains participants ont pointé une autre différence entre ce qui caractérise Lyon et Vénissieux : l'engagement politique des jeunes et sa visibilité dans les espaces publics, où il constituerait un sujet de conversation commun.
Les équipements et l'urbanisme sont-ils la réponse ?
D'après certains habitants, le projet de construction de nouveaux logements pourrait redynamiser le quartier surtout grâce à l'arrivée de nouvelles populations.
Certains participants considèrent que la présence de grandes enseignes commerciales pourrait contribuer à développer Vénissieux. Face à ce constat, d'autres participants ont signalé que le plus dur serait de « trouver les enseignes qui ont le courage de s'implanter ici ». La réputation du quartier (pauvreté et violence) découragerait, selon eux, toute hypothèse d'installation.
Vénissieux, une école de vie ?
Selon certains participants, Vénissieux par rapport à Lyon, offre la possibilité d'expérimenter « l'école de la rue ». Ils considèrent que cette dernière a été importante dans leur parcours personnel, au même titre que l'apprentissage scolaire proprement dit, car elle leur aurait permis de connaître d'autres aspects de la vie, plus concrets et davantage en phase avec la réalité quotidienne.
Solidarité ou repli ?
Un des éléments qui caractériserait le plus la ville est le fait qu'il y a une solidarité très forte au sein de la population. [Il est à noter que cet état de fait est souvent perçu par les habitants dès lors que la population est très homogène et peut se fédérer facilement autour d'une image commune. Ceci dit, les dissensions notables au sein du groupe même d'habitants participant aux réunions, posent question quant à cette solidarité revendiquée.]
Une difficile ouverture.
Face à une sollicitation par rapport à ce que l'on pourrait montrer à des touristes visitant Vénissieux, les participants ont donné cette réponse. Mis à part le Musée des Minguettes, ils considèrent qu'un des visages de la ville qu'ils aimeraient montrer est celui des petites choses que l'on ne peut pas forcement trouver ailleurs, comme faire l'expérience de manger un sandwich chaud au take away à 01h00 du matin.
Un autre lieu qui véhiculerait l'esprit et le style de vie de la ville et de ses habitants plus jeunes c'est la « murette» à Charreard, où les jeunes ont l'habitude de se retrouver et de socialiser. Un espace défini comme « simple » par les participants, mais qui a une grande valeur symbolique.
Carpe diem : une identité de l'instant vécu.
Ce constat a trouvé l'accord de la plupart des participants. IIs ont expliqué que les choix de scolarisation de leurs enfants étaient motivés par des raisons logistiques et pratiques plutôt que par des considérations concernant la qualité de l'école ou son environnement social.
Selon certains participants [moins âgés], Vénissieux n'offre pas d'opportunités de scolarisation de bonne qualité, à cause du nombre élevé d'élèves en difficulté scolaire, du manque de professeurs formés pour travailler dans des contextes sensibles, et du manque d'établissements renommés, permettant ensuite d'intégrer des établissements supérieurs de qualité.
Tous les habitants étaient d'accord sur le fait que les établissements scolaires des Minguettes sont « corrects » du point de vue de la formation, de la fréquentation et de l'offre scolaire, surtout en comparaison d'autres zones de Vénissieux ou d'autres banlieues de Lyon.
Un des participants - qui a fréquenté le Collège Aragon et qui est par la suite allé à l'école à Lyon - a exprimé ce constat pour décrire le type d'école, la difficulté à se concentrer dans la classe et l'ambiance. Il a utilisé l'image de la jungle pour signifier le manque de discipline et de contrôle qui y régnaient.
Environnement scolaire : mention passable, peut mieux faire.
Par rapport à la scolarisation, les participants ont remarqué qu'à Lyon les élèves seraient plus concentrés sur l'école et sur leurs études et les parents plus attentifs à la réussite et aux comportements scolaires de leurs enfants. Cela serait dû, selon les participants, au fait que, contrairement à des contextes comme celui de Vénissieux, les élèves et les parents auraient l'esprit plus libre par rapport à des soucis économiques, sociaux, etc. [Il est également possible que le contexte lyonnais, plus urbain, plus mixte et plus ouvert, soumette les élèves à une moindre pression sociale et leur accorde une plus grande marge de liberté, y compris pour étudier.]
Suite à une sollicitation par rapport à ce que les habitants s'attendent à découvrir ou cherchent quand ils voyagent, un participant a exprimé ce constat. Il a notamment expliqué que, souvent, quand il voyage avec ses amis du quartier, ils ont tendance à rester entre eux, à ne pas goûter à la cuisine des endroits qu'ils visitent et à reproduire les mêmes habitudes que dans leur milieu familier.
Vénissieux : on l'aime ou on la quitte.
Un des participants a signalé qu'il a déplacé sa fille dans une autre école, non pas pour son préjugé par rapport à l'environnement scolaire de Vénissieux, mais suite à une requête explicite de sa fille. Cette dernière après avoir fait l'objet de plusieurs remarques liées à sa façon de s'habiller [minijupe] et à ses caractéristiques physiques [blonde aux yeux clairs] a décidé de s'éloigner d'un contexte où elle se sentait montrée du doigt et peu intégrée.
Ce constat a été exprimé pour signifier la difficulté de s'implanter à Vénissieux si l'on a une famille, c'est-à-dire si l'on doit prendre en compte la scolarisation des enfants, la sécurité, le niveau de vie et les possibilités à offrir à ses enfants.
Changer les gens plutôt que les murs.
Certains habitants considèrent que malgré les efforts d'aménagement urbain - qu'ils ont beaucoup appréciés, ex. Tram - il faudrait intervenir davantage sur le « paysage social ». Ce dernier se serait détérioré à cause de l'affaiblissement des liens au sein de la population, de la présence importante de la drogue [et son commerce] et de la dégradation des conditions de sécurité.
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