Châteauroux

Demain, la ville


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État des lieux en 2010

Urbanité relative faible

Châteauroux n’a pas l’intensité urbaine qu’elle devrait avoir compte tenu de sa taille en population. En comparaison, la ville d’Évreux, également partenaire de l’exercice et de taille équivalente, présente un niveau d’urbanité nettement supérieur à celui de Châteauroux, tant en termes d’offre urbaine que d’ambiance et de dynamisme.

Il ne s’agit pas là d’une question économique, car Évreux connaît au contraire une profonde crise de son tissu industriel, ayant entraîné un chômage important. Malgré cette crise, la ville a atteint un niveau d’urbanité suffisamment élevé pour que la disparition de l’activité économique dominante n’emporte pas la ville entière avec elle et ne provoque pas la stagnation de tout le tissu urbain.

Le manque de diversité de l’offre commerciale, l’absence de services rares ou de grande envergure, l’absence de vie urbaine nocturne et sa faiblesse durant les jours fériés, sont autant de caractéristiques illustrant les lacunes urbaines de la ville et expliquant son manque d’attractivité.

Refus du statut de métropole

L’agglomération castelroussine, dont Châteauroux est la ville principale, a choisi de mettre en avant son bas niveau urbain, en refusant le statut de ville et de métropole. Le pari marketing est visiblement celui de se démarquer de la principale métropole toute proche, Paris, pour attirer les Parisiens censés fuir le bruit, la pollution, le stress, les longs trajets et les coûts très élevés de la capitale et de sa proche banlieue.

Le problème que pose une telle démarche est que l’absence des inconvénients de la ville s’accompagne le plus souvent de l’absence des avantages aussi, comme c’est le cas à Châteauroux. En effet, la densité urbaine d’une métropole est associée à une grande diversité d’offre, de populations, d’activités, d’ambiances, d’opportunités économiques et sociales, qui ne sont pas présentes au même niveau dans une ville de rang moindre.

De plus, dans le contexte actuel de la France et plus généralement du monde, la dynamique dominante est celle d’une urbanisation généralisée, privilégiant les métropoles au détriment des petites et moyennes villes. Il semble donc imprudent pour l’agglomération castelroussine de prendre la direction inverse, plutôt que d’essayer de se rattacher aux franges de la métropole parisienne en augmentant autant que possible son niveau d’urbanité relative.

Une ville qui ne s’envisage pas comme telle

Châteauroux semble s’envisager plutôt comme une entreprise divisée en zone fonctionnelles que comme une ville organisée autour d’un centre et de quartiers périphériques. Une entreprise qui aurait comme principal objectif de faire du bénéfice et de trouver des clients et qui se devrait de conserver une répartition stricte et étanche entre ses différents espaces pour garantir le meilleur rendement possible.

Ce qui est à l’inverse du fonctionnement urbain, dans lequel les liens et les relations comptent plus que les zonages et pour lequel l’activité productive est une facette de moins en moins indispensable. En effet, un nombre croissant de villes reposent aujourd’hui sur une économie résidentielle, qui tient à la présence des habitants et à leur pouvoir d’achat (y compris pour le paiement des impôts locaux) plutôt qu’à celle d’une industrie.

Une ville de quartiers

Châteauroux est caractérisée par une surreprésentation des logiques de quartier (espace de proximité, plus homogène en termes d’offre et de populations, privilégiant les liens d’appartenance), par rapport aux autres logiques urbaines que sont la centralité (un espace concentrant la plus forte diversité d’offre et de populations de la ville) et les espaces publics (ouvert à tous, mixtes et non programmés).

La ville est donc composée de plusieurs modules relativement fermés sur eux-mêmes et fortement distincts, qui peinent à entrer en relation étant donnée l’absence d’un espace véritablement central permettant de drainer les différentes populations en un même lieu et d’espaces publics facilitant leur rencontre.

De plus, le faible niveau d’urbanité de chaque quartier et l’absence de différenciations fortes entre des espaces qui relèvent finalement des mêmes logiques générales, nuit à l’identité de la ville et à sa lisibilité. Aucun espace fort ne se démarque des autres et ne peut donc assurer l’attractivité de la ville vis-à-vis de l’extérieur, ni contribuer à fédérer les habitants de l’intérieur.

Stratégie de containment

Dans une ville comme Châteauroux, le statut des différents quartiers semble contribuer à maintenir le statu quo, contre les éventuels processus d’urbanisation et donc de brassage qui pourraient traverser l’espace urbain. Ainsi, les quartiers Saint-Jean et Saint-Jacques, classés ZUS, sont clairement identifiés et institués comme quartiers habités par des populations à faibles revenus et d’origine étrangère. De même, la future installation de populations chinoises est prévue en dehors de la ville, sur un espace bien délimité.

La gratuité des transports publics n’est pas suffisante pour compenser cette assignation spécifique à chaque quartier et pour rompre l’ordre institué. En effet, ils assurent une circulation accessible à tous mais ils ne peuvent, à eux seuls, combler le fossé social et culturel existant entre les quartiers. Ce qui se traduit d’ailleurs par une tendance des jeunes habitants des quartiers ZUS à rester dans les bus et à les transformer en espaces publics de rencontre et de loisir, plutôt que de les utiliser pour les conduire d’un point à l’autre de la ville.

Le centre n’est qu’un quartier riche

Le centre historique est identifié par les habitants comme un autre quartier de la ville, caractérisé par un niveau de richesse plus élevé. De ce fait, il n’est pas accessible à toute la population castelroussine, qui n’a pas forcément les moyens de s’offrir les articles en vente dans les commerces, les menus proposés dans les restaurants ou encore les logements disponibles.

Les habitants ont d’ailleurs souligné que le centre-ville est surtout composé d’espaces commerciaux et qu’il est difficile d’y passer du temps sans être dans l’obligation de consommer. Une caractéristique qui réduit d’autant plus l’accès au centre pour la partie de la population dotée des revenus les plus faibles.

Dans ce contexte, le centre historique n’est pas en mesure de jouer le rôle de brassage qu’est censé assurer un centre-ville, pour permettre aux populations des différents quartiers de se retrouver dans un lieu commun. Les dynamiques d’identification collective à l’ensemble urbain castelroussin en sont réduites d’autant et les processus identitaires se déploient plutôt à l’échelle des quartiers.

Inversion de la centralité

Le repli sur les quartiers de la construction des appartenances entraîne progressivement une inversion de la centralité vers les quartiers les plus peuplés et vers ceux qui ont l’empreinte identitaire la plus prononcée : les ZUS Saint-Jean et Saint-Jacques, habitées en grande partie par des populations d’origine étrangère.

Pour les habitants de ces quartiers, Saint-Jean et Saint-Jacques, doté d’un marché très attractif, font figurent de centre au même titre, voire davantage, que le centre historique. Ils présentent d’ailleurs une certaine attractivité aussi pour le reste de la population castelroussine, qui fréquente le marché et la coopérative de produits biologiques. Et ce d’autant plus que e centre-ville dispose de peu d’atouts, tant du point de vue des commerces, peu diversifiés, que de celui des services ou tout simplement de l’ambiance urbaine. On peut d’ailleurs noter que l’équipement culturel majeur de la ville que constitue la scène du Tarmac, a été placé en périphérie éloignée du centre historique, ce qui ne fait que confirmer sa faiblesse.

Preuve supplémentaire, si besoin en est, que la présence d’un patrimoine historique (lacis de rues anciennes par exemple) et le fait d’avoir été le centre-ville dans le passé ne sont pas du tout des conditions suffisantes pour remplir le rôle de centre aujourd’hui, même dans une ville moyenne comme Châteauroux. La centralité doit se construire sur de nouveaux critères, privilégiant notamment la densité des équipements, leur diversité et la présence d’espaces publics de qualité.

Ville coupée en deux

Châteauroux présente également la caractéristique d’être divisée en deux sous-villes, quasiment autonomes, entre lesquelles s’étend une sorte de no man’s land à très faible urbanité. La coupure est même d’ordre physique, puisque les rails de chemin de fer séparent nettement les deux espaces, avec pour seule articulation une passerelle vouée à destruction dans un avenir proche.

Bien que dotée d’une gare, reliant la ville à la capitale en deux heures, et d’un vaste centre commercial, cette zone ne joue pas le rôle d’espace intermédiaire entre le centre historique et ses périphéries (Saint-Jean et Saint-Jacques notamment) mais celui de vide répulsif, renforçant la tendance des deux sous-villes à se tourner le dos et handicapant la possibilité pour Châteauroux de fonctionner comme une entité globale et unie.

Économie de comptoir

Châteauroux appuie sa croissance sur des bases économiques externes, qui sont indépendantes du dynamisme urbain de la ville et qui ne contribuent pas à la développer. Il s’agit de sources de revenu indépendantes qui ont l’avantage de procurer des emplois et/ou des bénéficies à la ville, mais qui restent fragiles dans la mesure où elles pourraient s’installer ailleurs sans difficulté.

Châteauroux dispose d’une base économique publique, à travers la présence des services publics et de l’administration, ainsi que d’une base économique avec la future mise en place de la zone franche franco-chinoise. Son moteur économique n’est donc pas intrinsèque, en liaison avec le fonctionnement de la ville elle-même, ce qui représente à la fois un risque et une pression permanente pour trouver une nouvelle ressource à exploiter, au détriment d’une stratégie de développement urbain autonome.

Cette posture « coloniale » contribue en outre à accentuer la dissociation morphologique, fonctionnelle et sociale entre le centre-ville et les quartiers périphériques, qui se situent bien plus loin que la réalité kilométrique. Le premier, fonctionnant comme un comptoir et les seconds, jouant le rôle de colonies, sont séparés par un océan symbolique, faisant obstacle à tout développement cohérent de la ville.

Toujours à la périphérie

Plutôt que de fonctionner comme un centre, qui impulse le développement et rayonne sur sa périphérie, Châteauroux est toujours en relation de dépendance avec son environnement proche. Au commencement, elle dépendait des zones de production agricole autour, en tant que bourg rural servant de relais commercial. Puis ce fut au tour des banlieues industrielles de lui fournir des ressources, en activité et en consommateurs. Ensuite, elle s’est rattachée à la base de l’OTAN, qui lui procurait à la fois des revenus, des emplois et qui contribuait à animer la ville. Désormais, elle compte sur l’installation de la zone franche franco-chinoises pour jouer un rôle équivalent. L’aéroport de fret et de logistique joue aussi ponctuellement ce rôle de ressource externe, que la ville souhaite développer davantage.

Ces processus successifs d’exploitation des ressources extérieures n’ont pas permis à la ville de se développer comme telle et d’assumer son rôle de centre. Elle est devenue de plus en plus dépendante de ses périphéries productives, fragilisant ainsi fortement sa position dans le système urbain régional et national. Surtout, une telle posture ne semble pas durable dans le contexte urbain actuel, caractérisé par une hyper concurrence des territoires pour l’attractivité des activités productives et par une mobilité exacerbée de ces dernières. À ce rythme, Châteauroux risque de devoir chercher une nouvelle bouée de sauvetage tous les deux ans et se retrouver rapidement sans ressources et sans perspectives de développement.

Vision prospective pour 2040

Une ville, et plus une unité de production

Châteauroux aura quitté son statut et sa posture d’unité de production, pour devenir une ville à part entière. Son moteur de dynamisme et d’attractivité sera intrinsèque et elle aura développé une économie résidentielle, dans laquelle les habitants urbains sont la principale source de revenus de la ville, par le simple fait d’y vivre au quotidien et d’y payer des impôts, sans forcément y travailler.

En passant d’un espace productif sous perfusion à un espace urbain efficace, Châteauroux sera rentrée dans un réseau urbain lui permettant de bénéficier des interactions avec les voisins. Notamment, elle aura pu développer son économie résidentielle en s’appuyant sur la proximité d’un espace de production fort et riche, celui de la région parisienne, qui alimentera la ville en actifs cherchant un lieu de résidence moins cher mais qualitatif.

Elle aura résorbé sa fracture interne et construit un espace urbain cohérent, avec un véritable centre commandant plusieurs niveaux de périphéries. Le centre historique, cœur de la ville et de l’agglomération, sera relayé par une zone fonctionnelle et commerciale péricentrale autour de la gare et par des quartiers résidentiels animés et ouverts sur le reste du territoire urbain.

Les équipements forts (comme les salles de spectacle) auront regagné le centre, qui se sera étoffé de commerces, restaurants, services privés, espaces publics, et qui aura vu sa population se diversifier largement par l’arrivée de jeunes ménages avec enfants, fréquentant l’offre urbaine du centre-ville.

Un pôle du réseau régional et pas le centre de la France

Châteauroux, grâce à son développement urbain, sera entrée dans le réseau urbain régional, ce qui lui permettra de faire des économies d’échelle en privilégiant l’urbanité relative. Il s’agit de se différencier du voisin pour jouer sur les complémentarités, au lieu d’essayer de tout concentrer en un seul lieu.

La ville ne se pensera plus au centre de la France, ce qui est une réalité géométrique mais pas une position forcément avantageuse. La centralité géométrique n’est pas toujours synonyme de centralité fonctionnelle, comme le montrent le cas du Massif Central et inversement celui de Paris et des métropoles françaises, toutes en périphérie du territoire national.

Elle aura, au contraire, trouvé sa place à plus petite échelle, dans le réseau urbain régional, ce qui représente une ambition plus modeste mais aussi plus vraisemblable et donc plus efficace. À son niveau, elle aura construit des relations productives avec Bourges, Poitiers et Orléans, pour mettre en œuvre un fonctionnement en archipel qui permettra aux habitants des différentes villes de profiter des aménités de chacune sans que les communes aient à financer de doublons.

Une telle organisation permettra à la ville de trouver une place dans le système urbain national, qui tend à la sélection par le vide pour se concentrer sur les espaces urbains les plus forts. Elle aura aussi l’avantage de jouer le rôle d’amortisseur contre les fluctuations des activités mondialisées, qui sont instables et mobiles et qui ne peuvent plus assurer à elles seules le développement d’une ville entière comme dans les années 1960-70.

La carte des principaux réseaux urbains du territoire français montre que ce dernier est constitué d’oasis urbaines et de nombreux déserts. Mis à part les métropoles et la capitale, formant un nœud majeur de densité à elles toutes seules, la seule solution pour se rattacher aux zones en développement urbain et ne pas tomber dans les déserts, est celle de faire partie d’un réseau de villes cumulant leurs potentiels urbains, pour faire masse et continuer à exister dans le paysage français.

Orientations stratégiques pour 2020

Continuité urbaine

L’un des principaux enjeux stratégiques pour Châteauroux est celui de résorber la coupure urbaine qui caractérise aujourd’hui la ville, ou plutôt les deux sous-villes qui la constituent. Il s’agit pour cela de développer l’espace situé au sud de la gare ferroviaire, qui présente pour l’instant un déficit d’urbanité tellement important qu’il joue le rôle de coupure entre les parties au nord et au sud de l’axe ferroviaire.

La seule liaison physique existant pour l’instant est la passerelle qui traverse les rails et à laquelle les habitants accordent beaucoup d’importance, souhaitant qu’elle soit mieux aménagée et mieux sécurisée. Dans ce contexte, il peut paraître surprenant que le conseil municipal ait voté la démolition de la passerelle, ne laissant ainsi qu’une liaison automobile nettement plus longue, qui contourne cet espace vide d’urbanité pour relier les autres quartiers de la ville et le centre historique.

Cette décision peut néanmoins contribuer à la construction d’une continuité urbaine si elle marque le début d’un travail plus global sur cet espace dans son ensemble, qui aurait alors pour ambition de l’urbaniser. Il s’agirait de l’intégrer dans le reste de la ville, plutôt que de se contenter d’en améliorer le franchissement, en continuant d’ignorer ce qui se passe en dessous de la passerelle.

Le quartier de la gare pourrait ainsi devenir un espace intermédiaire entre le centre-ville et les quartiers Saint-Jean et Saint-Jacques, qui fonctionnerait comme un nouvel espace urbain à part entière. Il aurait sa spécificité — probablement liée aux commerces et aux services tertiaires privés, voire à quelques bureaux profitant de la proximité de la gare — et son attractivité propres, tout en assurant la transition urbaine entre le centre-ville et les quartiers.

Hiérarchie

Il est également nécessaire de redessiner l’espace urbain castelroussin en introduisant une différenciation hiérarchique entre ce qui est pour l’instant une juxtaposition de quartiers, ayant un niveau d’urbanité uniformément bas. Plutôt que de disperser les équipements sur l’ensemble du territoire urbain, pour doter un peu chaque quartier et mettre de tout partout, il faut assumer le principe d’une centralité affirmée.

Dans une ville moyenne comme Châteauroux, le centre-ville, pour être attractif, se doit de concentrer la quasi totalité des équipements et services rares. Il doit présenter une forte densité de commerces, de bars et restaurants, d’espaces publics comme des places, des jardins, etc.. Il doit parvenir à dégager une ambiance urbaine, par la vitalité de sa fréquentation (densité de populations présentes, à toutes les heures) et par la qualité de son paysage, qui joue le rôle de vitrine pour la ville.

Le centre doit être en mesure de jouer le rôle de moteur d’impulsion pour le reste de la ville, tout comme celui de lieu principal de brassage des habitants, qu’ils résident à Châteauroux ou qu’ils fréquentent la ville pour des raisons spécifiques (emploi, accès à des services, achats, loisirs, etc.) Il est donc important qu’il bénéficie à la fois de lieux et d’événements qui favorisent un tel processus, à l’instar du marché du quartier Saint-Jean, rayonnant sur l’ensemble de la ville.

Face à ce centre bien affirmé, il faut éviter d’avoir uniquement des quartiers à fonction principalement résidentielle, qui présentent un niveau d’urbanité bas et qui seront donc en très net décalage avec le centre-ville. Un espace urbain qui fonctionne correctement nécessite la présence de zones péricentrales à niveau d’urbanité intermédiaire, qui fassent la transition avec le reste de la ville.

Dans cette optique de hiérarchisation la question se pose de la pertinence de la mise en place du système de bus gratuits circulant dans la ville. L’absence de coût, donc indirectement de valeur, du déplacement, tend à uniformiser les espaces comme s’ils se valaient tous. En termes de coûts de trajet, il est équivalent de rester dans son quartier ou d’aller au centre-ville ou encore d’aller dans un autre quartier. Une telle banalisation pourrait nuire à l’effort de hiérarchisation des espaces à conduire à Châteauroux.

Valoriser les différences

La hiérarchisation des niveaux d’urbanité dans la ville ne doit pas, pour autant, se traduire par une indifférenciation des quartiers, qui seraient noyés dans une masse uniforme en regard d’un centre particulièrement affirmé. Le principe de hiérarchisation, essentiellement quantitatif, n’est pas incompatible avec le maintien, voire la valorisation d’une différenciation qualitative. 

Les quartiers de Châteauroux, présentant d’ores et déjà des spécificités notables, peuvent en jouer pour développer leur urbanité relative (par rapport au voisin) et conserver ainsi leur attractivité. Les habitants ont, par exemple, beaucoup insisté sur la forte mixité et ouverture internationale des quartiers Saint-Jean et Saint-Jacques, qui pourrait continuer de jouer le rôle de marqueur urbain pour ces espaces et préserver leur identité originale.

Si la ville bénéficie d’une centralité efficace, capable d’assurer la cohésion et le brassage des populations, la création — crainte par les habitants — d’un « quartier chinois » à l’occasion de l’ouverture de la zone franche franco-chinoise, ne représenterait pas forcément une menace de repli social et communautaire. Bien géré, ce quartier « ethnique » pourrait aussi apporter une touche de diversité et d’attractivité supplémentaire à la ville.

Totalité : identité et identification

Les échanges avec les habitants ont montré qu’ils ne se sentent pas appartenir à Châteauroux dans son ensemble, comme unité urbaine, mais éventuellement au quartier dans lequel ils résident. La ville manque visiblement d’un facteur de rassemblement autour d’une identité collective partagée par l’ensemble des habitants.

Il va donc s’agir pour Châteauroux d’identifier les lieux, les équipements, les objets patrimoniaux, aptes à fédérer la population locale autour de valeurs communes, et de les mettre en valeur en tant que tels. Les réunions avec les habitants ont notamment montré qu’ils s’identifiaient difficilement à la ville, faute d’une esthétique attractive et/ou d’un patrimoine historique remarquable.

Afin que cette totalité soit ressentie par les habitants, il est aussi indispensable que la ville se rende visible aux yeux de ces derniers. Pour cela, il faut qu’elle parvienne à dépasser le simple agencement spatial de bâti, d’équipements et d’activités pour générer ce supplément d’âme qu’est l’ambiance urbaine, dans laquelle les populations pourront se reconnaître.

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