Un des élément qui caractériserait négativement la ville serait son identité morcelée en plusieurs quartiers. Ce qui nuirait, selon les habitants, à une perception globale de la ville en tant que telle, au-delà de chaque quartier.
Les participants ont constaté au sein de la population une difficulté à concevoir la totalité de Vénissieux au-delà de ses parties, qui semblent avoir chacune une identité propre et indépendante. Contrairement à ce qui se produit quand on évoque Lyon, à la fois somme de ses quartiers ET unité urbaine à part entière.
Certains habitants ont considéré que, si l'on n'investit pas dans une plus grande cohésion urbaine, on risque de se retrouver avec une ville qui ne serait rien d'autre qu'une « enveloppe » administrative, sans fonctionnement collectif réel.
Une affirmation formulée à la fois comme un constat objectif, étant donnée des relations de Vénissieux avec la métropole lyonnaise, et comme un regret, par rapport à la situation urbaine subalterne et dépendante ainsi décrite.
Un entre-soi actif et solidaire, où affleurent cependant la violence et la coercition.
Partant de l'exemple d'un garçon pratiquant la danse et catalogué comme homosexuel, les participants ont signalé que tous ceux qui sortent des modèles de comportement normalisés et admis dans le quartier sont soumis à la stigmatisation, voire à des violences.
En citant en particulier la médiathèque et les transports en commun, les personnes âgées participant à la réunion ont exprimé leur appréciation pour les équipements, qu'elles considèrent utiles et appropriés aux styles et rythmes de vie qu'elles mènent.
À plusieurs reprises tout au long de la réunion, les habitants ont signalé qu'une des caractéristiques les plus remarquables de la ville et de sa société est le tissu associatif et les réseaux sociaux qu'il met en place.
D'après certains participants, la faible appropriation de la ville [de son offre notamment] serait aussi à expliquer par une incapacité ou un refus d'appropriation et pas seulement par une faible qualité de l'offre.
La présence des vendeurs de drogue en ville a été confirmée ouvertement par les habitants, notamment dans les hall d'immeuble du quartier des Minguettes. Mais leur présence semble admise et considérée comme un élément comme un autre de l'environnement urbain.
Dans ce type de situations, les habitants ont intériorisé le fait qu'il vaut mieux ne pas sortir de chez soi pour ne pas se mettre en danger. Cette nécessité récurrente d'enfermement dans l'espace domestique a été signalée comme le principal problème posé par la présence de ces dealers.
Un potentiel d'ouverture freiné par une dynamique de repli.
Le stock identitaire de la ville se fonderait sur sa tradition d'engagement citoyen, qui s'est traduite au fil des années par une série de revendications collectives ayant nourri les processus d'identification et d'appartenance.
L'identité politique de la ville, stable depuis des décennies, malgré l'isolement croissant du parti communiste dans la région Rhône-Alpes et la baisse du parti au niveau national, fait partie intégrante de son identité pour les habitants.
À Vénissieux, la mixité sociale aurait gagné les structures publiques comme le théâtre, et contribuerait ainsi à forger l'image de la ville vers l'extérieur, au-delà de la réalité existant au niveau résidentiel depuis des années mais ignorée du plus grand nombre.
Ce chiffre a été utilisé pour souligner le dynamisme sociale et l'importance de l'implication citadine et citoyenne dans la ville, qui seraient constitutifs de son identité et de sa spécificité.
Les participants ont tous insisté sur le fait que la ville souffre encore d'un stigmate [ville de grandes tours avec de graves problèmes de violence] dont il est difficile de se défaire, bien que la réalité de la vie sur le quartier se soit largement améliorée.
La représentation de Vénissieux, à travers le quartier des Minguettes, comme un lieu dangereux et violent est encore présente dans l'imaginaire collectif actuel, alors qu'elle se réfère plutôt au passé de la ville selon les habitants. Ce qui induit une forme de stigmatisation considérée comme injuste par la population locale.
Les participants considèrent que, par rapport aux autres villes, il n'y aurait pas plus d'événements ou d'épisodes de délinquance à Vénissieux. Cependant, la résonance médiatique, provenant du passé et renforcée par les événements de 2005, confèrerait une représentation exagérée et violente à des épisodes perçus comme banals par la population.
Ce constat a été exprimé à propos du fait que certains participants préfèrent l'offre d'activité proposée par des établissements privés [par exemple club de sport] plutôt que par des associations. Les intervenants ont précisé que le mot association contient le principe du social et que cela leur donne l'impression, même lorsqu'ils se dédient à des activités de loisirs, d'être des personnes prises en charges par la communauté ou l'état.
Identité perçue contre identité vécue.
Plusieurs participants ont raconté une pratique quotidienne de la ville incluant plutôt le centre-ville de Lyon que celui de Vénissieux. [Une pratique qui se traduit par une référence à Lyon comme centre-ville, par rapport à Vénissieux qui serait alors un quartier périphérique sans centralité.]
Certains participants ont signalé la présence d'espaces peu sécurisés à l'intérieur de la ville, bien circonscrits et reconnus comme étant à éviter par tous les habitants. [Il s'agit donc d'espaces de non droit, privatisés par la violence et exclus de la vie urbaine publique.]
Plusieurs participants ont raconté des épisodes d'insécurité urbaine qui ont conduit d'autres habitants à quitter la ville ou à changer de quartier [quitter les Minguettes].
Le quartier est bien équipé en terme d'offre commerciale et de services. Ce constat, plusieurs fois ressorti au cours de la réunion, est toutefois vécu de façon différente selon l'âge et la profession des participants. Les plus jeunes notamment, contestent la qualité et la diversité de l'offre commerciale du quartier.
Certains participants, notamment les plus jeunes, ont signalé ne pas trouver d'offre commerciale satisfaisante à Vénissieux en termes de vêtements, loisirs, etc., à tel point qu'ils l'ont comparée avec les villes pauvres, vides et rustres du farwest américain.
Partant de l'exemple de la fermeture de la librairie du centre commercial, les participants ont signalé le manque de la diversificaté commerciale du quartier, qui obligerait à se rendre à Lyon pour des achats autres que la base alimentaire.
Cet élément a fait débat pendant la réunion. Certains participants ont signalé que les associations proposent ce type d'activité sur place.
La présence de ce type d'offre commerciale a été considérée importante car elle permettrait une animation quotidienne du quartier et offrirait un espace de sociabilisation à la population locale. Cette affirmation a surtout concerné les habitants dont le quotidien est essentiellement circonscrit à Vénissieux : femmes et personnes âgées.
L'absence de salle ou de club de sport [mis à part la piscine municipale] conduirait les habitants à se replier sur l'espace domestique.
L'offre urbaine des sorties, notamment des restaurants, serait inexistante à Vénissieux. Ce qui empêcherait les habitants de se retrouver et de se rencontrer dans des contextes moins structurés et encadrés que ceux du travail et des associations ou dans des lieux publics, hors de la sphère familiale.
L'offre de restauration nocturne se limite apparemment aux services de nourriture à emporter ou à livrer, limitant ainsi la restauration à la sphère domestique. [Ce qui ne permet pas la rencontre et la socialisation dans des lieux publics, prévus à et effet.]
Vénissieux fonctionnerait par quartiers très bien identifiés et qui auraient du mal à s'articuler et à dialoguer, comme en témoigne l'histoire récente de la ville, émaillées d'affrontements entre bandes.
Les participants ont pris l'exemple des associations pour illustrer le faible niveau d'intégration des quartiers entre eux. Ces dernières auraient en effet la caractéristique d'être centrées pour leurs activités uniquement sur le quartier où elles sont implantées.
Les transports urbains à l'intérieur de Vénssieux ont été décrits de façon un plus problématique que les transports qui relient la ville à Lyon. Les participants ont par exemple signalé que certains endroits stratégiques de la ville, comme le théâtre, ne sont accessibles qu'à pied, à cause de la faible fréquence des transports ou de l'absence de desserte.
Les participants ont pris l'exemple du bus qui dessert le quartier Charreard et qui s'arrête à 21h00 pour signaler la faiblesse des transports publics à l'intérieur de la ville et les difficultés d'accès ainsi générées pour les quartiers concernés.
Plusieurs habitants ont indiqué comme une difficulté majeure dans leurs pratiques urbaines celle de l'impossibilité de la marche à pieds comme moyen de déplacement en ville. Cette difficulté serait due au manque de sécurité pour les piétons, faute d'un environnement urbain conçu et équipé pour eux.
Les participants ont tous recours à la voiture pour leurs déplacements, notamment professionnels, mais également de loisir ou de pratiques quotidiennes (courses).
La liaison rapide entre Vénissieux et Lyon induite par le tram est reconnue par les habitants comme un facteur d'amélioration majeur de la ville. Ils ont notamment décrit une dynamique de requalification du bâti, et donc une meilleure esthétique urbaine, à proximité de la nouvelle desserte.
Un environnement pauvre en urbanité : une offre commerciale de base ; peu d'espaces publics ; une faible intégration spatiale et des zones de non droit ; une offre récréative et culturelle limitée au réseau associatif.
Un accord général a été exprimé sur la qualité et la diversité des transports urbains qui relient Vénissieux avec l'extérieur, surtout en comparaison avec d'autres communes de l'agglomération lyonnaise.
En exprimant le regret pour le fait que l'opéra de Lyon est trop cher et de ce fait peu accessible, les participants ont souligné que au contraire, le théâtre de vénissieux attire par ses prix et son offre des usagers au-delà de la commune.
Les participants ont exprimé le constat que les Minguettes seraient une entité très forte et quasiment autonome à l'intérieur de Vénissieux, de par la densité de ses équipements mais aussi de par son image, qui la distingue nettement de son voisinage immédiat comme plus lointain.
Certains participants considèrent que l'équipement relativement complet en termes de services et de commerces du quartier des Minguettes, entraîne une certaine tendance de ce dernier à suffire à lui-même et donc à se replier, plutôt que de s'ouvrir vers ses voisins.
Les participants ont fait référence ici à la hauteur des immeubles et au type de vie que l'on peut y conduire. Ils ont précisé que, dans les grands immeubles, il est très difficile de connaître tous ou la plupart de ses voisins. Au contraire, les immeubles plus petits, comme ceux de 4 étages, permettraient de valoriser des relations plus « humaines » avec les voisins.
Le voisinage entre habitants de Vénissieux et habitants de Lyon, qui se concrétise dans les institutions scolaires comme le lycée international, fait apparaître les distances sociales et culturelles qui continuent de séparer fortement ces espaces.
Un passé de violence qui ne veut pas passer. Des habitants qui aspirent à des solutions urbaines plutôt que sociales ou sécuritaires.
La représentation violente des Minguettes dans l'imaginaire régional, lyonnais notamment, rend cet espace illégitime aux yeux d'une grande partie de la population locale, au point qu'il est considéré comme incompréhensible de vouloir s'y installer.
La réputation de Vénissieux serait un repoussoir pour le corps enseignant. De plus, les participants ont signalé que , le plus souvent, la jeunesse des enseignants et leur manque d'expérience les rendait inaptes à affronter un contexte scolaire aussi difficile et violent que celui de Vénissieux.
La ville de Vénissieux a été le théâtre de graves affrontements en 2005, qui ont laissé des traces sans les esprits des résidents mais surtout dans ceux des citadins devant se rendre dans la ville, comme les chauffeurs de bus.
La sécurité urbaine se serait beaucoup améliorée à Vénissieux, notamment avec la fin des affrontements entre bandes rivales.
Certains participants ont tenu à préciser que, malgré les améliorations certaines de la situation dans la ville, la question sécuritaire n'est pas encore résolue à Vénissieux.
La légitimité de la présence des revendeurs de drogue ne semble pas être remise en cause par les habitants, tant qu'elle n'empiète pas sur leur quotidien par des épisodes de violence.
La liaison de tramway entre Vénissieux et Lyon aurait contribué à changer le statut de la ville, progressivement perçue comme une extension de Lyon plutôt que comme une banlieue à problèmes. Ce qui se traduirait par une gentryfication esthétique notamment.
L'installation d'un équipement de haut niveau culturel, contrastant avec le niveau de l'offre urbaine moyen de Vénissieux, représente un saut qualitatif aux yeux des habitants, les éloignant un peu de l'image stigmatisante de banlieue à problèmes.
Certains participant ont souligné qu'ils aimeraient avoir à Vénissieux une offre sportive et récréative de meilleur niveau, qui véhicule une image de qualité et pas une image de pauvreté.
La valorisation de la ville grâce à la présence du tram se traduirait déjà par une accessibilité moindre de la population locale aux logements. [On peut identifier ici une dynamique classique de gentryfication, liée à l'augmentation des prix de l'immobilier].
Depuis quelques années, avec l'arrivée du tram, de nouveaux équipements plus qualitatifs [comme l'école de musique] et avec la requalification du bâti, les demandes pour un logement HLM ont augmenté par suite d'un accroissement des demandes provenant d'une population extérieure à Vénissieux. Les habitants ont ainsi exprimé une tension entre l'appréciation du renouvellement urbain mis en ?uvre et de l'attractivité induite et les conséquences sociales qui se font sentir pour la population locale, risquant une forme d'exclusion progressive par les prix.
Une tension forte entre besoin d'ouverture et de complémentarité urbaine, et crainte de perdre en autonomie et en capacité d'action.
Certains participants ont souligné le besoin d'ouverture vis-à-vis de Vénissieux, pour éviter l'enfermement et la reproduction à l'identique des parcours de vie confinés à la ville, voire au quartier des Minguettes.
En décrivant leur parcours de formation, certains participant ont souligné le tournant qu'a représenté dans leur vie le fait d'avoir quitté le quartier et d'avoir eu accès à un autre type d'espace urbain, celui de la métropole lyonnaise.
Certains participants évaluent le très bon équipement de base du quartier des Minguettes comme étant finalement une stratégie d'enfermement du quartier sur lui-même et afin de réduire au maximum les raisons objectives de se tourner vers Lyon.
Les participants ne souhaitent pas une stratégie d'équipement et un développement de l'offre urbaine de Vénissieux qui reproduirait en tout point, ceux de Lyon. [On peut lire ici une vision stratégique détachée de la logique de création de centres en concurrence et plus intéressée par une logique mise en réseau.]
Bien qu'ayant conscience du statut actuel de Vénissieux comme banlieue de Lyon, les habitants se sont montrés très fermés et sceptiques face à l'hypothèse de devenir le 10e arrondissement du chef-lieu de l'agglomération. Ils ont motivé cette fermeture par leur crainte de devenir le quartier pauvre et délaissé de la métropole, incapable de s'affirmer par rapport aux autres composantes de la ville, mieux dotées.
Les participants ont ainsi illustré leur crainte de perdre en autonomie financière et administrative par une dilution de la ville dans l'entité métropolitaine lyonnaise. Le risque étant selon eux de passer d'une gestion politique et urbaine de proximité, à l'intégration dans une échelle urbaine beaucoup plus vaste et donc perçue comme plus lointaine.
Vénissieux : une ville ou une juxtaposition de quartiers ?
Les participants ont souligné qu'à Vénissieux, il n'existe pas un véritable centre-ville autour duquel les autres quartiers peuvent s'organiser et se hiérarchiser. Ainsi, chaque quartier a son centre névralgique qui concentre, au quotidien, l'intérêt et les pratiques urbaines des habitants.
La plupart des participants préfèrent se rendre à Lyon s'ils souhaitent faire de nouvelles rencontres ou tout simplement se donner rendez-vous avec des amis. Pour les femmes notamment, Lyon offre un espace d'émancipation et de rencontres plus libre, qui ne leur est pas du tout accessible à Vénissieux.
Les participants souhaitent malgré tout souligner que Vénissieux n'est pas une « jungle urbaine », malgré les clivages nettement marqués entre les quartiers et les faits divers qui s'y déroulent.
À chacun sa place et son espace.
Selon les participants, les personnes les plus âgées de la ville n'ont pas l'habitude d'utiliser des espaces de rencontres, tels que les bars ou les restaurants, ou les espaces publics ouverts comme les parcs, les bancs, etc. [On peut faire l'hypothèse que cette tendance soit liée à la difficulté pour ces derniers de trouver une place dans ces espaces publics, davantage réservés à des composantes plus jeunes de la population.]
Le marché de Vénissieux ne semble pas attirer beaucoup de public hormis les retraités, le reste de la population préférant se rendre dans les centre commerciaux hors de la ville et dans les aires marchandes du centre-ville de Lyon.
Les participantes sont satisfaites de disposer d'un nouvel espace de rencontres qui leur soit consacré dans leur ville, sans avoir à se rendre à Lyon pour bénéficier du même service.
Les participants aux cours et stages de Bioforce, formation humanitaire internationale basée à Vénissieux, ont des logements réservés dans une des tours des Minguettes, mais ne se mêleraient pas à la population locale, d'après les habitants.
Les participants ont souligné la partition existante entre les habitants de Vénissieux fréquentant les piscines communales et les autres, qui préfèrent se rendre sur les plans d'eau de la région lyonnaire, plus ouverts et mixtes, mais également plus éloignés et plus chers.
Lors des échanges scolaires, les familles ayant reçu des élèves en provenance de pays étrangers, Allemagne notamment, ont précisé [comme une évidence] les avoir sortis le plus possible de l'environnement de Vénissieux pour leur faire visiter Lyon et les environs. [On peut faire l'hypothèse que Vénissieux leur soit apparu comme manquant d'intérêt, mais aussi comme un espace où ils n'auraient pas leur place et qu'il valait mieux éviter.]
Une relation très intense avec les voisins proches et lointains, mais à sens unique.
Certains participants souhaiteraient changer le nom des Minguettes pour se débarrasser de l'image stigmatisante de ce quartier.
D'autres participants considèrent, au contraire, qu'il faut assumer ce nom car il constitue l'identité même de leur quartier et que, de toute façon, il est suffisamment ancré dans les mentalités pour résister à n'importe quel changement officiel de nom. [Il est à noter que la discussion a porté uniquement sur le nom des «Minguettes» et pas sur celui de Vénissieux, ce quartier ayant visiblement tendance à phagocyter la ville entière dans les représentations, des habitants comme de l'extérieur.]
Un passé qui fait débat dans la construction identitaire.
Les participants ont précisé ne pas beaucoup pratiquer le centre historique de Vénissieux, sauf pour une occasion particulière, le festival des Escales ayant lieu à la mi-juillet de chaque année.
Les participants ont pointé le fait qu'il existe très peu de liaisons pour aller d'une banlieue à l'autre, ce qui handicaperait les relations entre ces espaces. [Il s'agit d'une remarque récurrente dans tous les groupes : la construction radio-concentrique des transports en commun est souvent critiquée par les habitants des quartiers périphériques, qui se sentent ainsi dépendants du centre-ville. On peut néanmoins s'interroger sur la réelle efficacité de transports banlieue-banlieue, surtout dans les villes petites et moyennes, où les habitants ont essentiellement décrit des pratiques incluant le centre-ville et quasiment pas les autres quartiers, dans lesquels ils n'ont rien à faire de spécifique.]
La vision et la pratique du nouveau tram par les habitants est celle d'un usage extérieur du système de transports, qui permet efficacement de relier leurs quartiers à la ville de Lyon, sans pour autant créer de percée au sein même de la ville. [L'ouverture semble donc se faire dans un seul sens, depuis Vénissieux vers l'extérieur, sans réciprocité. Les quartiers de la ville continuant à fonctionner de manière relativement autarcique.]
La gare de Vénissieux, réalisant une liaison multimodale métro-tram-bus entre la ville et Lyon a été pointée par les habitants comme un nouveau lieu public de rencontre et un futur lieu de développement urbain [requalification des immeubles alentours].
Certains participants regrettent qu'en dehors des sorties des écoles, il n'existe pas de lieux de rencontres et d'échanges pour les mères de familles de la ville.
La salle de sports du quartier est un des principaux espaces de brassage de la ville, permettant aux habitants de se retrouver autour des activités de leurs enfants et aux résidents des différents quartiers de la ville de se rencontrer au cours des matchs opposant leurs enfants.
Le lieu de rendez-vous des jeunes du quartier Chareard n'est pas une place ou un bar, mais un « petit mur » sur lequel et autour duquel se regroupent les populations plus jeunes du quartier. [Il est intéressant de noter que ce lieu est commun comme tel et réservé à cette partie de la population, il ne s'agit donc pas d'un espace public à proprement parler, mais d'un espace semi-privatisé par cette frange de la population du quartier. Les autres quartiers de Vénissieux fonctionnent apparemment sur le même mode.]
Les jeunes mamans du quartier ont souligné l'absence d'aires de jeux pour les enfants, ce qui ne facilite pas les sorties avec leurs petits, ni les rencontres, aussi bien entre parents qu'entre enfants. Le domicile et l'école restent les espaces de socialisation privilégiés d'une grande partie des habitants du quartier, notamment les femmes, les enfants et les seniors.
À Vénissieux, la population dispose de quelques équipements dont ils sont fiers et qu'ils exploitent beaucoup.
Les participants ont souligné avec fierté la présence de cette école supérieure dans leur ville, dont la réputation est internationale. Ils ont cependant souligné que les habitants de Vénissieux ne fréquentaient pas cette école, localisée dans la ville sans y être véritablement intégrée.
Les Grandes Terres, situées juste au sud de Vénissieux , constituent un espace de promenade situé à proximité de la ville et jouissant d'un rayonnement au-delà de la commune. Cet espace est relié à la ZUP de laquelle partent des chemins pédestres balisés. [Il faut néanmoins noter que cet espace fait partie des pratiques d'une partie seulement des participants, les autres préférant les espaces publics plus urbains du centre-ville de Lyon, ou les espaces verts de la région lyonnaise.]
Ce quartier, situé à proximité du huitième arrondissement de Lyon, serait très peu intégré au reste de la ville à cause d'un faible réseau de transports et surtout d'un très faible investissement par la population, qui ne semble pas l'associer véritablement à la ville de Vénissieux.
Selon les participants, il existe une zone pavillonnaire au sud-est de Vénissieux dans laquelle il ne se produirait aucune interaction entre les différentes communautés [maghrébine, italienne, portugaise, espagnole], contrairement à l'environnement des Minguettes, par exemple, caractérisé par une forte proximité, voire promiscuité, entre les habitants.
Des équipements, mais peu d'espaces publics. Des liaisons, mais peu d'ouverture. Une centralité autour des Minguettes, des no man's land autour.
Pour les participants, le Lac de Miribel est un lieu de loisirs qu'ils fréquentent régulièrement.
Le Parc de Paris est également prisé par la population, qui y voit un lieu propice aux loisirs et aux sports.
Les participants apprécient particulièrement les lieux de nature pour leurs loisirs.
D'après les participants, le Parc Wallaby est une opportunité de divertissement facilement accessible à tous.
Le Lac des Sapins situé à 40 km au nord de Lyon est un espace proposant de nombreuses activités de plein air [équitation, base nautique]. C'est un lieu de loisirs auquel la population se rend pour une journée.
Les participants se déplacent pour de courtes périodes, dans d'autres régions, pour accéder à une offre de loisirs ou commerciale différente.
Les élèves de Vénissieux auraient la possibilité, dans leur cursus scolaire, et depuis des années, de participer à des séjours linguistiques à l'étranger. [C'était notamment le cas des 3 participants les plus jeunes du groupe.]
Les participants d'origine immigrée ont déclaré avoir participé à des voyages organisés par des associations pour découvrir la capitale. En plus des incontournables touristiques, les étapes clés de ce tour seraient des lieux fortement caractérisés au niveau identitaire et culturel par leur usage [Tati] ou par leur vocation [IMA].
Certains participants ont montré qu'ils avaient des pratiques de mobilité vers l'étranger qui n'étaient pas forcément liées au tourisme, soit de manière individuelle, soit en groupe, avec des cars affrétés par des associations de seniors par exemple.
Certains participants partent à l'étranger pour participer à des événements ponctuels type foires ou salons.
Certains participants vont jusqu'en Espagne pour passer des vacances au bord de la mer.
Les habitants de Vénissieux auraient tendance à se déplacer vers le Sud [Montpellier, Antibes, Menton, Fréjus, Costa del Sol, Alger, Marrakech, etc.] plutôt que vers le Nord. Même Paris ne semble pas être particulièrement attractif et ne ressort pas particulièrement des pratiques décrites par les participants.
Les participants d'origine immigrée [Méditerranée] ont déclaré utiliser Marseille comme une étape quand ils vont visiter leur famille dans leur pays d'origine.
Les participants apprécient le fait qu'il existe des vols directs pour le Maghreb, ce qui leur évite de devoir passer par Paris et qui soulignent l'importance de la demande.
Une ville de l'entre soi.
Les participants ont expliqué qu'il existait une frontière immatérielle entre les Minguettes et les autres quartiers, et plus généralement entre chaque quartier de la ville, voire entre les sous-ensembles composant chacun des quartiers. Il est donc nécessaire, pour les non résidents de chaque quartier, de disposer des « passeurs » nécessaire pour pénétrer sur un territoire autre que le leur. [Il est intéressant de noter que cette remarque n'a pas été formulée comme une critique mais au contraire comme une explication du fonctionnement, considéré comme normal, de l'espace urbain de Vénissieux.]
Les participants témoignent ici du clivage très poussé entre les quartiers et du manque d'intégration autour d'un centre unique et bien identifié, comme aurait pu l'être le centre historique de Vénissieux.
Les participants ont constaté que les femmes voilées avaient tendance à se fréquenter entre elles et à ne pas se mélanger avec le reste de la population, y compris pour éviter les regards soupçonneux ou les remarques désobligeantes quant à leur tenue.
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