Une diversification qui pose problème.
Les participants ont signalé la tendance de l'ensemble des populations d'origine étrangère à vivre uniquement dans leurs quartiers. Ils regrettent de ne pas pouvoir croiser ces populations en dehors de leurs espaces de vie.
Parier sur la mise en réseau plus que sur les équipements prestigieux.
D'après les participants, l'autobus n°16 [qui relie Allonnes au Mans] est inaccessible aux horaires de pointe et n'est pas assez fréquent. Le fait qu'il ne passe que toutes les 10 minutes n'est pas suffisant pour eux. Ils souhaitent notamment que le bus puisse avoir les mêmes horaires que le tram qui passe au Mans
Les participants souhaiteraient qu'on profite des travaux de requalification de la place du Mail pour développer des services en mesure d'attirer un grand nombre d'usagers urbains, sur le modèle du quartier de la gare au Mans.
Après avoir constaté que les villes dotées d'établissements supérieurs seraient plus dynamiques et vivantes, les habitants ont pointé le fait qu'Allonnes ne pourra jamais faire concurrence à Rouen et à Caen dans le domaine universitaire, étant donnés les équipements existants là-bas.
À la recherche d'une atmosphère urbaine, au-delà de l'urbanisme.
Après avoir exprimé le regret du manque important de restaurants ou de cafés au centre-ville, les habitants ont expliqué qu'ils étaient à la recherche de lieux agréables, et pas seulement d'équipements spécifiques. Ils cherchent donc une activité [ex. restaurant, café, cinéma] située dans un espace plus global, qui dégage une ambiance donnant envie de rester ou d'y revenir. [C'est-à-dire d'un espace proprement urbain, dépassant l'assemblage spatial d'activités et de populations pour créer un environnement spécifique.]
Par cette affirmation, les habitants ont voulu signifier que, pour eux, la réussite d'une ville dépendrait de sa capacité à se construire autour d'une spécificité très forte, en décalage voire en rejet avec son environnement, qui se transformerait ensuite en une originalité qui la rendrait unique et attractive. [Comme montrerait le cas de Montreuil, où l'installation d'un nombre important d'artistes a changé le statut et l'image de la ville].
Face à la diversification, un risque de repli spatial des populations.
Cet établissement scolaire d'Allonnes attirerait des élèves bien au-delà de la commune. Ce qui prouverait la qualité de son offre scolaire et sa grande accessibilité.
La nouvelle ZAC a été identifiée comme une ressource dans la mesure où, par le biais des nouvelles populations qu'elle hébergerait, elle pourrait constituer un bassin d'usagers des écoles. Cela permettrait ainsi d'endiguer le phénomène de fermeture des équipements scolaires ? apparemment de plus en plus important à Allonnes ? compte tenu du vieillissement de la population.
Les participants souhaiteraient que la population-type résidant dans la nouvelle ZAC soit des jeunes couples [provenant d'autres communes limitrophes] avec des enfants, dans un souci de renouvellement de la population mais aussi de conservation de l'identité sociale et culturelle de la ville.
Selon les habitants, une des conséquences possibles de l'implantation de la nouvelle ZAC serait l'augmentation des prix des loyers [vu la meilleure qualité des immeubles], qui entraînerait un remplacement progressif de la population actuelle par une composante plus aisée.
Tous les participants, même les plus jeunes, ont été d'accord sur le fait que la Péniche [bar-salle de concert] a une offre destinée à un public plutôt jeune. Cela serait dû au fait que la programmation de la Péniche serait annoncée au maximum deux jours à l'avance, ce qui ne poserait pas problème aux plus jeunes qui ont plus l'habitude, par rapport aux personnes plus âgées, d'utiliser la ville et cet espace de loisirs de façon peu programmée.
Les participants regrettent que le quartier de Chaoué-Perrières héberge des populations qui ont de plus en plus tendance à se refermer sur le quartier autour des différentes appartenances [origine géographique].
L'atelier Alpha [qui organise des cours d'alphabétisation pour les populations d'origine immigrée] est fréquenté surtout par les femmes qui y verraient un lieu [et le seul moment] d'émancipation et de sortie de leur foyer domestique. [ Les habitants ont eu tendance à identifier dans la ville les lieux « fermés », caractérisés par la présence d'une seule catégorie de population, et considérés comme peu propices au développement urbain d'Allonnes.]
Certains participants auraient remarqué, avec une certaine désapprobation, que les seules populations qui fréquentent la ville le soir sont celles d'origine immigrée. [Ce qui exprime à la fois une méfiance vis-à-vis de ces populations ET un constat sur l'absence de vie nocturne à Allonnes, ne favorisant pas la mixité des populations présentes.]
[Il s'agit donc d'une population que l'on peut qualifier de présentielle, qui contribue au dynamisme de la ville, sans y résider. L'essor d'une telle population est un signe de vitalité urbaine, mais il implique aussi un phénomène de diversification de la population, qui n'est pas sans poser problème, notamment aux habitants résidents.]
Les habitants ont exprimé l'idée que l'absence d'activité nocturne au centre-ville serait liée au fait que les propriétaires des commerces qui y sont implantés n'habitent pas à Allonnes. Ils seraient ainsi pressés de rentrer chez eux le soir, empêchant ainsi le développement d'une offre nocturne. [Cette assertion montre avant tout la difficulté de la population résidente à s'adapter à la croissance d'une population présentielle, accusée de maux dont elle ne peut être responsable : le manque d'activité nocturne est dû à un manque de vitalité et de demande, pas au fait que les commerçants ? qui n'ont jamais tenu le rôle d'animateurs de ville la nuit ? veuillent regagner leurs foyers.]
Futur voisin riche ou futur parent pauvre ?
Les habitants ne considèrent pas le site archéologique d'Allonnes comme une ressource en mesure d'apporter des avantages à la ville et à son évolution, ni comme un référentiel identitaire potentiel.
Le fait que le site archéologique ne soit pas signalé montrerait, selon les habitants, qu'il n'est digne d'intérêt que pour les gens qui le connaissent [et donc qui savent où c'est] et qui ont un intérêt précis pour s'y rendre.
Pas d'attrait pour les vieilles pierres.
Les habitants ont beaucoup insisté sur la laideur actuelle du centre commercial [qui donne sur la place du Mail]. D'après les participants, les immeubles trop colorés qui entourent le centre commercial gâchent les alentours. Il n'y a aucune cohérence architecturale et esthétique dans le bâti. Cette caractéristique du centre commercial pourrait devenir un blocage majeur dans la réussite de la place du Mail, une fois que sa restructuration sera achevée.
Les habitants sont revenus, lors de cette réunion, sur le fait que le centre commercial du centre-ville ferme très tôt, ce qui ne contribuerait pas à rendre le quartier attractif le soir ou pour les sorties.
Les participants ont été tous d'accord sur le fait que cet espace tel qu'il est aménagé, n'inspire pas sa fréquentation le soir et que, en tout cas, il ne véhicule pas un sentiment de sécurité lorsqu'on le traverse ou l'on s'y arrête le soir.
Le terme « gris » faisant ici référence autant à la couleur du bâti qu'à l'atmosphère triste et vieillissante qui s'en dégage.
Les habitants ont pris cet exemple pour montrer qu'avec de simples interventions comme un graffiti, on pourrait susciter chez eux l'envie d'apprécier leur ville et la sortir de la morosité dans laquelle elle est plongée.
Passer du noir et blanc à la couleur, de l'industrieux au récréatif.
Allonnes aurait, selon les participants, encore beaucoup de potentiel à exploiter, notamment parce qu'elle dispose d'espace pour construire ou pour implanter des zones industrielles ou commerciales. Cette disponibilité foncière ferait d'Allonnes l'une des communes les plus attractives de l'agglomération mancelle.
Les participants ont tous été d'accord pour reconnaître qu'en termes d'équipements et d'offre culturelle, Allonnes avait un rayonnement au niveau de l'agglomération. Cela serait une ressource à intégrer davantage dans la future évolution de la ville.
Les participants considèrent cette caractéristique comme un atour d'attractivité et comme un signe identitaire distinctif, celui d'un lieu accessible aux populations défavorisées. Ils craignent qu'avec les projets de requalification urbaine [ex. place du Mail] et de construction [nouvelle ZAC], les loyers augmentent et que les couches les moins aisées aient du mal à s'y installer. [ La cherté des loyers étant habituellement synonyme de qualité du lieu, le fait d'avoir de faibles loyers serait plutôt un signe d'échec urbain et de manque d'attractivité pour des populations autres que celles qui n'ont pas les moyens d'aller ailleurs. Cette assertion pointe du doigt un blocage potentiel entre évolution urbaine et référents identitaires de la population.]
Passer du modèle de l'aide sociale à celui du libéralisme urbain.
D'après les participants, devenir propriétaire à Allonnes serait tellement cher que pour y arriver, les gens consacreraient toutes leurs ressources à l'achat de l'appartement. De ce fait, ils ne pourraient plus se permettre des sorties ou des dépenses supplémentaires. Ce qui expliquerait pourquoi, d'après eux, il vaut mieux être locataire, compte tenu des loyers très modérés des HLM par rapport aux communes limitrophes.
Le projet de la nouvelle ZAC pourrait permettre aux Allonnais de déménager dans un type de bâti de meilleure qualité et d'accéder à la propriété à des coûts relativement modérés.
La réussite de la ZAC dépendra de celle de la ville tout entière et surtout de son centre.
Les habitants craignent qu'une fois la nouvelle ZAC terminée, elle ne soit pas intégrée au centre-ville car aucune liaison directe n'aurait été prévue entre ces deux quartiers.
D'après les habitants, si la ZAC devait être un quartier à forte dominante résidentielle, sans une diversification d'usage, elle ne serait pas très fréquentée et donc elle ne deviendrait pas un quartier-référence pour la ville. [Il y a là une forme de contradiction dans les attentes de la population, entre l'espoir que la ZAC serve de tremplin au centre-ville actuel (cf. assertion suivante) et celui que la ZAC devienne elle-même un quartier de référence, donc un centre bis.]
Selon tous les participants, la construction de la ZAC pourrait apporter beaucoup au centre-ville : en devenant physiquement entouré par un quartier à dimension résidentielle, il pourra jouer un rôle de véritable centre de la ville et donc en assumer les caractéristiques et les qualités associées. [Pour l'instant, Allonnes est essentiellement constituée de quartiers, sans qu'une centralité ressorte nettement. Le centre-ville n'est que le centre topographique, mais il n'est pas vraiment différencié des quartiers alentours.]
Partant de l'exemple des quartiers où l'on a fait, avec un très bon résultat, des graffitis sur des tours, les participants considèrent que si le centre-ville d'Allonnes avait l'audace de se doter d'une caractérisation architecturale et esthétique très marquée [voire un peu excentrique], il pourrait devenir un modèle et un moteur pour le changement d'autres quartiers, ainsi qu'un facteur de rayonnement pour la ville.
Les habitants ont la sensation qu'un nouveau potentiel d'Allonnes est en train de prendre forme. [nouvelle ZAC, intégration de plus en plus poussée au Mans, etc.]
Trouver un compromis entre deux modèles urbains opposés.
Face à l'hypothèse, évoquée pendant la réunion, d'un embourgeoisement de la ville sur le modèle de la ville Montreuil, les habitants ont repoussé cette possibilité, qui ne serait pas dans l'esprit de la ville, marqué au contraire par l'égalitarisme social. Les habitants ont considéré cette évolution potentielle comme incompatible avec l'identité actuelle de la ville et les attentes de sa population. [Une nuance de taille a été apportée par l'expertise concernant l'embourgeoisement, qui ne se traduit pas forcément par un remplacement de la population mais plus souvent par une diversification de celle-ci, induisant l'arrivée de composantes plus aisées venant s'ajouter aux précédentes.]
Selon certains participants, le type d'architecture d'Allonnes renvoie à une époque et à une idéologie [communisme] qui ne correspondent plus aux dynamiques en ?uvre à l'heure actuelle dans la ville. En effet, même si les habitants apprécient la qualité du bâti, ils se sentent enfermés dans l'image qu'il véhicule. [On peut remarquer ici que les habitants dissocient nettement la ville comme ensemble bâti, qu'ils voudraient voir entrer dans la modernité, et la ville comme ensemble de populations, qu'ils souhaitent conserver sur le même modèle qu'aujourd'hui.]
Un besoin de diversification, spatiale et sociale.
Les populations tchétchènes qui habitent Allonnes seraient logées pour la plupart dans le même quartier [Chaoué - Perriere]. Face à ce constat, les habitants ont signalé que cette composante n'aurait pas tellement le choix de s'installer ailleurs vu leurs revenus et les loyers des autres quartiers de la ville. [Cette situation de fait est néanmoins appréhendée comme une forme de repli urbain nuisible à l'équilibre de la ville en général.]
Les habitants ont fermement refusé l'idée d'une tendance à la ghettoïsation à Allonnes, malgré le fait que certains quartiers soient caractérisés par une composition très homogène de la population et notamment des regroupements de populations par nationalités d'origine.
Tout en appréciant la présence de logements HLM dans la ville, les participants voudraient diminuer l'effet de concentration entraîné par cette présence trop importante de logements sociaux [en termes de bâti et de population logée]. L'objectif étant de ne pas limiter la ville et son image à celle du logement social.
Dans le cadre de l'hypothèse de déconcentration des quartiers trop marqués socialement, certains habitants ont proposé de remplacer les logements vacants par des lofts destinés, par exemple, à des jeunes parents. [Référence à un modèle résidentiel - loft reconverti, jeunes couples, etc. - qui souvent accompagne les processus d'embourgeoisement des quartiers. Ce qui semble en contradiction, apparente, avec le refus théorique d'embourgeoisement d'Allonnes exprimé par ailleurs mais qui s'explique quand on prend en compte la dissociation faite par les habitants entre bâti urbain et populations.]
Afin d'éviter une concentration socio-spatiale de la population, liée aux dynamiques des prix fonciers, les habitants ont proposé de recourir au système des chèques de loyer pour aider une partie de la population à s'installer dans d'autres quartiers, autrement inaccessibles financièrement.
Cette assertion fait référence au caractère socio-économique dominant de la population d'Allonnes, la pauvreté. À tel point que cela pourrait, d'après cet habitant, décourager une grande partie de la population de profiter de la présence de restaurants si ceux-ci étaient présents en ville. [Tant pour des questions économiques que pour des motifs culturels, le restaurant ne faisant pas partie des pratiques habituelles, voire des pratiques légitimes.]
S'inspirer des voisins pour mieux les dépasser.
Les habitants sont revenus lors de cette dernière réunion sur le changement de la ville au fil des années, dans les faits ainsi que dans les représentations collectives. [Un changement qui ouvrirait la voie à d'autres identifications possibles, pour les habitants comme pour les personnes extérieures à la ville, dont les contours restent néanmoins à définir.]
Après les stigmates, la renaissance ?
Les participants craignent que si la nouvelle ZAC venait à se caractériser uniquement par une fonction résidentielle, elle rest toujours à l'écart [physique et symbolique] de la ville, comme ce fut le cas pour le quartier des Hautes Métairies.
Faute d'intégration, y compris par des liaisons physiques, la ZAC pourrait se transformer en champignon urbain autonome, suivant le modèle de fonctionnement des promoteurs, qui serait étranger à la ville d'Allonnes : « boulangeries chimiques, magasins de chaussures, etc. » [Les habitants font référence ici aux nouveaux quartiers de ville construits ces dernières années sur des modèles d'urbanisme résidentiel et commercial communs et assez stéréotypés, qu'ils rejettent visiblement.]
Si la ZAC nouvelle qui va se construire devenait un nouveau centre, les habitant craignent que le centre-ville actuel ? qui n'est déjà pas florissant ? ne se retrouve marginalisé et perdant. [On retrouve ici le souci de la population que les aménagements prévus prennent place dans une véritable intégration urbaine : pas un quartier de plus, mais pas un nouveau centre non plus.]
Les participants ont proposé la mise en place d'une passerelle entre la ZAC et e centre-ville qui puisse faire le lien et permettre à ces deux quartiers d'entrer en relation, favorisant ainsi l'intégration de la ZAC.
Le centre-ville d'Allonnes serait associé juste à l'espace de la place du Mail, alors qu'il est potentiellement plus étendu. Les habitants souhaiteraient voir tout le centre-ville considéré et vécu comme l'est la place du Mail. [C'est-à-dire comme un lieu central, attractif, servant de référent et de lieu commun pour la ville auprès de ses habitants et de l'extérieur.]
Les participants ont insisté, à nouveau lors de cette dernière réunion, sur la nécessité de créer une dynamique urbaine nocturne au centre-ville, notamment au niveau du centre commercial, afin de renforcer la centralité de cet espace et d'améliorer l'offre urbaine dont dispose la population.
Un seul mot d'ordre : intégrer et hiérarchiser.
Les habitants craignent que le développement d'Allonnes suive celui de la commune de Coulaine [nord du Mans] où l'on a développé des espaces résidentiels composés de petites maisons et très peu d'habitat social. Ils s'interrogent donc sur les alternatives résidentielles qui s'ouvriraient dans ce cas aux couches à faibles revenus.
Accompagner le changement, éviter la rupture.
D'après les habitants, les politiciens allonnais reconnaitraient encore une importance forte l'histoire ouvrière de la ville et au statut associé. Ils considéreraient la population allonnaise qui se retrouve dans cette image ouvrière comme une ressource électorale importante et à conserver.
Tous les habitants étaient d'accord sur le fait que l'action politique de l'ancien maire a été un avantage pour une ville comme Allonnes, qui aurait pu facilement basculer vers un modèle urbain de banlieue en difficulté, gangréné par la délinquance et la ségrégation socio-spatiale.. Le maire aurait été capable de conserver une certaine identité commune et cohésion à la ville, malgré les tensions qui la traversaient.
Cet exemple a été fourni par les habitants pour identifier ce qui relèverait pour eux d'un phénomène de ghetto, auquel Allonnes aurait réussi à échapper, mais qui serait présent à proximité de la ville et qui représente un risque de dérive. [Le ghetto étant assimilé à une fermeture violente de l'espace urbain, plutôt qu'à la composition socio-démographique de ces mêmes espaces.]
D'un coté il s'agirait de la possibilité d'émeutes urbaines, cas de figure qui n'inquiète pas les participants, car ils ont confiance en la capacité de l'action publique locale à gérer les conflits au sein de la société. De l'autre, le second risque, qui semble les inquiéter davantage, relèverait de la dérive d'une population paupérisée, qui se replierait sur elle-même, sur ses espaces et sur des activités criminelles comme le trafic de drogue.
Oser !
Les habitants considèrent qu'il faudrait travailler davantage sur l'image de la ville, pour changer des représentations qui apparaissent d'autant plus tenaces et difficiles à déraciner qu'elles sont projetées plutôt par le monde extérieur.
Après avoir signalé un manque d'idées dans la politique allonnaise, les participants ont émis le souhait d'initiatives en mesure de renouveler complètement la ville.
Certains participants croient que la ville devrait avoir le courage d'entreprendre des actions ou des projets audacieux en assumant le risque que ces derniers pourraient ne pas être compris et appréciés, dans en premier temps, par la population.
[Les habitants semblent avoir conscience du fait que la recherche du consensus électoral et de la participation directe de la population pourraient être partiellement incompatibles avec une prospective ambitieuse pour la ville.]
Un patchwork d'offres urbaines différenciées par quartiers, aux séparations nettes et pesantes.
Cette affirmation, revenue sous différentes formes pendant la réunion, montre la vision d'une ville qui supporte la comparaison avec un modèle urbain présenté comme positif, tel celui de Paris.
La taille de la ville et les mobilités urbaines qu'elle permet ont été appréciées par les participants qui résident au centre et par ceux qui s'y rendent au quotidien pour travailler.
Le soir, le centre se vide mais le quartier estudiantin de St-Leu s'anime et joue le rôle de centre.
La Somme constitue une ligne de partage symbolique et physique au sein de l'agglomération, matérialisant d'autres distinctions fonctionnelles : quartiers nord et sud, circonscriptions politiques, franchissements routiers?
Les relations sociales du centre-ville sont perçues comme moins solidaires et plus anonymes. Ce constat contribue aussi à la perception d'une grande différence du cadre de vie au centre par rapport aux quartiers.
Le centre fonctionne très bien en tant que tel dans la journée mais pas le soir. Le manque d'activités pour un public diversifié est une évidence autour de laquelle les participants ont trouvé leur accord.
Les composantes les plus dynamiques de la société d'Amiens restent en retrait de la ville.
Les pratiques urbaines de cette composante majeure de la population amiénoise pourraient jouer un rôle plus actif dans la ville.
Malgré le fait que la ville dispose de nombreux centre culturels, ces équipements ne sont pas exploités par les étudiants.
Une incapacité à retenir les cadres supérieurs qui pourraient injecter du dynamisme à la ville a été soulignée avec inquiétude par les participants.
La difficulté du centre-ville à jouer son rôle.
L'accès automobile au centre a été privilégié (offre de parking surdimensionnée).
La difficulté d'accéder au c?ur du centre par les transports en commun ne favorise pas sa fréquentation ni sa capacité à s'animer au-delà de l'offre commerciale.
Mal doté en axes piétons nord-sud et monofonctionnel (commercial), le centre ne fait pas le lien entre les parties de la ville.
Plusieurs participants ont insisté sur le fait que la qualité et le cadre de vie d'Amiens étaient également possibles à l'échelle de l'agglomération. Cette dernière n'étant pas perçue comme d'autres agglomérations, c'est-à-dire trop grande et dont on ne peut pas profiter.
Malgré sa distance au centre et sa configuration en isolat, Étouvie a toujours été pris en compte dans l'aménagement Amiénois (ligne de bus).
La structure du quartier et l'utilisation de la voiture pour y accéder ou se rendre au centre ne favorisent pas l'affirmation de la marche comme outil d'appropriation du quartier, surtout par ceux qui n'y résident pas.
Entre pôle urbain local et ville périmétropolitaine, Amiens hésite quant à sa position urbaine.
Cet aspect a été mis en lumière pour rendre compte du développement de l'offre culturelle d'Amiens tout au long des années.
L'économie de l'aire urbaine est en difficulté, tout comme les entreprises et l'artisanat local. Ce constat a été confirmé à travers l'exemple de la délocalisation commerciale des centres d'appel précédemment implantés à Amiens.
Le patrimoine d'Amiens permettrait d'investir sur les parties de la ville inexplorées ou oubliées et de renverser la tendance précédente pariant sur l'aspect strictement culturel.
La devise de la ville a été citée pour montrer que les politiques de la ville mises en place jusque-là ne se sont pas suffisamment basées sur le passé industriel et ouvrier de la ville, en activant, au contraire, des références ciblées sur le coté culturel (l'exemple cité d'Amiens, ville de Jules Vernes) qui ne sont pas si fédératrices que ça.
L'importance de ce quartier, son histoire, la proximité des monuments historiques de la ville, tel que la Citadelle, en font une référence urbaine à mettre en valeur.
En rappelant les phases des politiques de la ville des dernières décennies (après-guerre jusqu'aux années 1980 : politique d'équipement de la ville ; 1980 jusqu'à aujourd'hui : politique de la « mise en couleur » de la ville), les participants ont beaucoup discuté le rôle des politiques culturelles dans la création d'une identité amiénoise ainsi que les limites de ces mêmes politiques.
Le fait d'avoir massivement investi dans le culturel (surtout en termes d'équipements) était lié à la nécessité de fournir une image forte et identifiable à la ville.
Il semble nécessaire d'intégrer dans le fonctionnement de la ville les éléments architecturaux qui ont fait partie de l'histoire et de l'économie urbaine (la Citadelle et les anciennes friches industrielles entre Étouvie et le centre, par exemple). [Peut-on voir dans cette attitude une stratégie consistant à viser moins l'aspect paysager du patrimoine matériel et immatériel que la re-activation d'une identité urbaine industrielle considérée comme fondatrice ?]
Ce constat a été effectué à propos du projet d'installation de l'université à l'intérieur de la Citadelle. Les participants ont montré un grand intérêt pour ce projet, en espérant qu'il ne se limitera pas à enfermer l'établissement dans la Citadelle. Il s'agit, de leur point de vue, de faire un projet d'ampleur plus large et cohérent, traversé par la ville.
Les «rapports de classe » au sein de la société amiénoise se reflètent dans une géographie urbaine très ordonnée, affectant la qualité de l'espace public.
Cet élément aurait permis la formation de citadins plus conscients de la ville, de son passé et de ses différentes articulations. De ce fait, Étouvie est un quartier différent des autres quartiers en difficulté d'Amiens.
Le tissu associatif manque de consistance. La présence d'un réseau d'associations pourrait permettre une connexion plus poussée des quartiers de la ville et stimuler la participation.
Les différences de niveau social se reflètent dans les configurations urbaines et les pratiques auxquelles elles correspondent. Le « parallélisme » étanche des espaces publics du centre-ville et de ses abords ? rues aux fréquentations différenciées ? est cité en exemple.
Amiens souhaite réorienter sa stratégie vers une authenticité fabriquée à partir du passé industriel d'une ville moyenne du bassin parisien.
Cet élément a structuré une bonne partie de la réunion pendant laquelle les participants ont remis en question le rôle de la culture dans les choix de promotion et revitalisation d'Amiens. Ils ont, ainsi, souligné qu'il s'agissait bien de marketing urbain plutôt que de véritables politiques culturelles.
Le fait d'avoir équipé les quartiers de centre culturels n'a pas suffit à créer des pôles d'attraction ou une appropriation par les habitants.
Les participants ont manifesté l'exigence de passer des politiques d'équipement et de mise en couleur de la ville à une politique de projets.
Malgré quelques dynamiques de grande ville, Amiens garde les traits d'une ville moyenne de province.
Certains participants, notamment ceux qui ont déclaré se déplacer beaucoup à pied, ont apprécié l'offre culturelle qu'on peut rencontrer au hasard dans le centre-ville.
Le quartier Amiens Nord a été construit pour et autour des usines, afin de loger les ouvriers et les employés y travaillant, sur le modèle des périphéries industrielles.
L'urbanité amiénoise proposerait un cadre de vie plus aéré que le modèle urbain de la métropole parisienne.
Les temps accélérés et fortement cadencés de l'urbanité parisienne, ceux d'une métropole mondiale, ne se retrouveraient pas dans l'urbanité amiénoise, aux temporalités perçues comme plus lentes et moins stressantes par les participants.
L'échelle de la ville permettrait à ses habitants de la percevoir comme facilement appropriable et plus en phase avec le type de vie qu'ils veulent y conduire, par opposition au modèle métropolitain.
Les participants ont insisté sur le fait que la taille de la ville et les pratiques de la population conduisaient les habitants à vivre en permanence en milieu familier, quel que soit le lieu fréquenté.
Une répartition socio-spatiale fortement marquée, identifiant des quartiers en fonction de leur population, qui laisse peu de place à la mixité sociale.
Les participants ont souligné l'homogénéité et la permanence de la population habitant ces quartiers, sans qu'une dynamique de diversification ou de renouvellement ne vienne faire modifier cet état de fait.
Les participants ont expliqué que le quartier d'Amiens Nord serait habité, pour la plupart, par des personnes d'origine marocaine, et le quartier d'Étouvie par les «cas sociaux», c'est à dire des personnes en difficulté économique et sociale importante. [Une lecture socio-spatiale de la ville est encore très pregnante pour les Amiénois].
Les participants ont manifesté le sentiment que la sociabilité à Amiens est difficile lorsqu'on va au-delà des réseaux de travail et associatifs et surtout lorsqu'on sort du quartier de résidence.
Selon les participants, la difficulté à socialiser à Amiens ne concernerait pas les personnes installées récemment dans la ville, mais aussi les habitants
Cette affirmation confirmerait le constat, récurrent tout au long de la réunion, selon lequel les clivages socio-spatiaux à Amiens handicaperaient sérieusement les possibilités de mixité sociale.
Certains participants ont déclaré préférer scolariser leurs enfants dans des autres quartiers non pas à cause d'une mauvaise 'offre scolaire, mais pour offrir une mixité qui serait impossible sur le quartier, vue l'homogénéité de sa population à 80% marocaine.
Les participants ont souligné la forte proportion de femmes dans le quartier d'Étouvie, qui correspondrait à une importante population de mères célibataires.
L'ensemble des participants, résidents et non résidents, ont souligné la composition très spécifique de la population du quartier d'Étouvie : une forte proportion de mères célibataires très jeunes, déjà à la tête d'une famille nombreuse. [Cet état de fait trouverait partiellement son explication dans l'importante fertilité historique de la Picardie, ainsi que dans la recherche d'un statut social ? celui de mère ? pour ces jeunes filles issues de milieux sociaux très défavorisés et sans grande perspective.]
Cochez les cases pour filtrer les assertions.
Déplacez les filtres villes / réunions / enjeux pour trier les assertions dans l'ordre souhaité.