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Saintes | réunion 2 | habitants

Une tension à exploiter, entre un grand projet urbain à l'échelle des enjeux et un savoir-faire dans l'intervention sociale de proximité.

Saintes | R2 | urbanités

Une petite ville qui lorgne vers les grandes.

848« On s'ennuie un peu à Saintes. »

Les participants, tout particulièrement les jeunes, ont signalé le manque d'une vie nocturne et de sorties à Saintes.

849« Pour sortir il n'y a pas beaucoup de choix : il y a le centre-ville. »

Les activités de loisirs offertes par la ville se déroulent toutes au centre-ville.

850« Les transports urbains ici interdisent toute spontanéité et improvisation. »

La faible fréquence des transports urbains empêcherait de profiter de façon non programmée de tous les espaces de la ville [ce qui handicape fortement une des principales caractéristiques de l'urbanité : la possibilité de découvrir la ville à travers le hasard].

851« Il faut être motivé pour aller en boîte de nuit. »

Le fait d'être obligé d'avoir ou d'utiliser la voiture pour les sorties au centre-ville ou ailleurs ne stimule pas une pratique de la ville liée aux envies et aux impulsions spontanées.

852« Les dimanches sont morts à Saintes. »

La ville de Saintes serait particulièrement pauvre en offre urbaine d'activités commerciales et récréatives le dimanche.

853« La Rochelle est vivante même en hiver grâce à l'antenne universitaire. »

La présence d'une université et notamment des étudiants ont été indiqués comme des éléments en mesure d'animer une ville, comme c'est le cas selon les participants, de la ville de La Rochelle.

854« Saintes la belle endormie, comme l'était Bordeaux autrefois. »

Cette image a été utilisée pour signifier le manque d'initiative et de dynamisme de la ville malgré son potentiel. Les participants ont même indiqué le modèle de revitalisation de Bordeaux comme un modèle qui a fonctionné vu que Bordeaux aussi avant avait du potentiel non exploité qui a été réinvesti grâce à des politiques culturelles très importantes.

855« Maintenant Saintes est une petite ville. »

Selon les participants, la perte de la préfecture et de l'épiscopat auraient déclassé le statut de Saintes. [Malgré le fait que la taille n'ait pas énormément changé, Saintes est maintenant perçue comme une petite ville. Cette utilisation de la taille comme élément caractérisant le poids d'une ville montre le poids du qualitatif (symbolique, fonction, pouvoir de décision) dans la définition de la taille ou de l'échelle de pertinence des phénomènes urbains].

856« Nous, on est tout petit ici. »

Les participants voient leur ville comme très petite, sans que cela ait forcément de rapport proportionnel à la taille réelle de la ville (en termes de population) et donc comme tout à fait mineure dans l'environnement régional. [La taille est utilisée ici pour évoquer un sentiment de faiblesse urbaine et d'infériorité vis-à-vis des voisins].

857« À Saintes il y a tout [équipements, espaces verts] mais en miniature. »

L'image véhiculée par cette affirmation était celle d'une ville complète, comparable à une grande ville, qui aurait subi un rétrécissement, un compactage. [L'urbanité est perçue ici en termes de taille et non en termes de qualité de l'offre, plus ou moins diversifiée ou rare, comme si une petite ville n'était que l'équivalent d'une grande, en modèle réduit.]

858« Saintes est pratique. »

Ce qualificatif a été utilisé pour souligner une vision de la ville fondée sur sa situation géographique et ses proximités immédiates, plutôt que sur ses qualités intrinsèques.

859« Les gens marchent beaucoup à Saintes. »

Malgré le fait qu'il s'agisse d'une ville petite, dont les transports en commun ne sont pas très développés, la pratique de la marche est très courante à Saintes, d'après les habitants de Bellevue. [Une pratique qui relève davantage d'un modèle urbain de grande ville.]

Saintes | R2 | populations

Un sentiment de déclassement et de faible cohésion sociale

860« Avant, la population de Bellevue c'était des fonctionnaires, des militaires, etc. »

La population qui habite Bellevue aurait changé au fil des années. Auparavant, le quartier aurait hébergé des couches plus aisées et aurait été plus homogène dans sa composition socio-démographique.

861« Dans les années 1950 Saintes était une ville bourgeoise. »

Saintes aurait changé de population et donc de statut social au fil des années.

862« L'attribution de logement à Bellevue était plus sélective avant. »

Les participants ont souligné l'évolution de la population du quartier, vers une plus grande ouverture sociale laissant davantage de place aux classes populaires, alors qu'il était davantage réservé aux classes moyennes par le passé.

863« Fenêtres, Bellevue, Boiffiers : c'est des personnes avec des moyens restreints. »

D'après les participants, ces trois quartiers de la ville se caractérisent par le fait d'héberger la composante de la population saintoise la plus en difficulté.

864« J'ai quitté le centre-ville parce que les loyers étaient trop chers. »

Les prix de l'immobilier [locatif et foncier] serait trop cher au centre-ville pour les ménages à faibles revenus, qui se concentreraient de ce fait dans les quartiers périphériques, tels que Bellevue ou Boiffiers.

Saintes | R2 | conservation

Près des centres régionaux (Bordeaux, La Rochelle, Poitiers] mais loin des centres mondiaux.

865« Au centre-ville [années 50] il y avait des très belles maisons. »

Les habitants, notamment les plus âgés, ont déclaré que la qualité du bâti et des résidences au centre-ville était très élevée à cette époque.

866« Les gens qui sortaient de maisons du centre-ville avaient du style. »

Ce constat a été effectué par les personnes âgées participant à la réunion pour décrire le type de population habitant les « belles maisons » du centre-ville.

867« Dans les années 1970 Bellevue était une résidence. »

Le type d'habitat de Bellevue, plus aisé, a été évoqué avec nostalgie car il connotait le quartier de manière plus bourgeoise, alors qu'il est plutôt populaire aujourd'hui.

868« Il y avait même la Société Générale. »

La présence d'une grande banque dans le quartier était signe, pour les participants, du meilleur équipement en termes de services et de la typologie de quartier que cette présence incarnait.

869« En 1974, il y avait 3 cinémas à Saintes. »

Les participants, surtout les plus âgés, ont remarqué une baisse importante de la diversité de l'offre culturelle de la ville.

870« Avant, il y avait une piscine au bord de la Charente. »

Les participants ont regretté cette piscine qui, autrefois, était située au bord du fleuve et permettait aux habitants de profiter davantage des aménités offertes par la proximité du cours d'eau.

Saintes | R2 | environnements

La nostalgie d'une ville cossue.

871« Bellevue c'est ma pratique urbaine du quotidien. »

Certains habitants, notamment ceux qui voyagent beaucoup en France et à l'étranger, ont déclaré de baser leurs pratiques urbaines du quotidien [notamment la promenade] à Bellevue.

872« Je marche beaucoup le soir à Bellevue, c'est agréable. »

Le quartier porte bien son nom : la verdure et sa position en hauteur par rapport au reste de la ville en font un lieu de promenade privilégié.

873« Je voulais un endroit calme et en hauteur, Bellevue c'était parfait. »

Le caractère excentré de Bellevue ainsi que la tranquillité transmise par l'environnement en font un quartier attractif dans les arbitrages résidentiels.

874« À Bellevue il y a des espaces verts où les enfants peuvent jouer. »

Les grands espaces verts, vastes étendues non clôturées, ont été indiqués comme un des avantages non négligeables du quartier, surtout pour les ménages avec des enfants.

875« Le jour où l'inondation arrivera à Bellevue, Saintes sera rayée de la carte. »

Ce constat a été fait pour indiquer la position privilégiée et abritée de Bellevue [en hauteur], par rapport aux autres parties de la ville plus directement menacées.

876« Le soir il y a les mobylettes qui font beaucoup de bruit. »

Tous les participants ont dénoncé la pratique, nouvelle, des jeunes sur les mobylettes qui font des tours dans le quartier à n'importe quelle heure du soir.

877« Avant le quartier était beaucoup plus calme. »

Les participants ont dénoncé un changement du style de vie du quartier de Bellevue. Notamment, ils ont fait référence à la façon de vivre les parties communes des immeubles ou des espaces publics.

878« Avant il y avait plus de commerces [poissonniers, coiffeurs, épiciers]. »

Le quartier Bellevue était plus diversifié en termes d'offre commerciale ce qui, d'après les habitants, le rendait plus animé.

879« À Bellevue, il y a la maison de quartier mais elle n'est ouverte que deux jours par semaine. »

Le quartier offre des activités et des espaces de rencontre circonscrits à des jours précis. Les participants ont regretté que ces espaces ne puissent pas être exploités davantage.

880« Les seules épiceries ici à Bellevue sont plus chères, par rapport aux grandes surfaces. »

Les participants ont déclaré n'utiliser les épiceries du quartier que pour le dépannage et préférer faire leurs courses dans des grandes surfaces hors de la ville, moins chères. [Ce qui relève d'un fonctionnement urbain assez classique.]

881« Les transports ne sont pas pratiques ni fréquents, Il vaut mieux la voiture ou la marche à pied. »

Les transports ont fait figure de problème majeur à cause de leur faible fréquence.

882« Aller en ville à pied, c'est faisable. »

Malgré les risques que présente la traversée à pied jusqu'au centre-ville (absence de trottoirs et de passages sécurisés), les habitants ont déclaré recourir régulièrement à la marche, étant donnée la faiblesse des liaisons par les transports publics.

883« Pour rentrer du cinéma du centre-ville après le dernier spectacle il faut prendre la voiture ou marcher à pied. »

Le manque de transports urbains en nocturne handicape la possibilité de profiter des activités culturelles et de loisirs proposées au centre-ville.

884« Pour rentrer de Bordeaux après 19h00, il faut la voiture. »

La proximité à Bordeaux est appréciée mais elle serait rendue compliquée par le manque d'un réseau de transports fréquents et intégré, permettant de se passer de la voiture.

885« Le prix de l'immobilier au centre-ville est inaccessible. »

Le prix de l'immobilier au centre-ville fonctionnerait comme élément sélectif et de filtrage de la population en empêchant l'accès à ce quartier aux ménages moins aisés. [Ce qui dénote d'un fonctionnement urbain classique, entre centre et périphérie.]

886« La rive gauche de la ville est plus développée de la rive droite. »

Les participants ont exprimé le constat du majeur développement, en termes d'activités commerciales et récréatives, de la rive gauche de la ville par rapport à celle droite.

887« La rive droite est la ville cheminot. »

La rive droite de la ville incarnerait le passé de ville née et développée au tour du chemin de fer.

Saintes | R2 | voisinages

Bellevue, une banlieue périurbaine de Saintes ? Espaces verts, résidence, décentrement.

888« L'intérêt de vivre ici est géographique : on est près de la mer, bien situé et c'est moins cher qu'à Paris. »

Certains participants ont listé des atouts, essentiellement de situation et d'environnement, qui rendraient Saintes plus attractive que Paris.

889« Mais Saintes n'a pas la Tour Eiffel »

En réaction à l'assertion précédente, certains participants ont souligné l'absence d'un élément symbolique fort, qui identifie la ville et soit en mesure d'attirer les touristes. [On retrouve ici la problématique de la ville de passage, à travers laquelle transitent les touristes en direction de la côte, sans que la ville ne parvienne à en capter les flux.]

890« La Rochelle est plus excentrée que Saintes. »

Tout en reconnaissant la majeure animation de La Rochelle, les habitants considèrent Saintes plus stratégique du point de vue se da position géographique.

891« Avant, Saintes était le centre, puis on a perdu la Préfecture et l'épiscopat. »

Les participants ont souligné le fait que la présence de ces structures [qui sont passées à La Rochelle] conférait à Saintes une plus grande attractivité et centralité au niveau régional.

892« Un des intérêt d'être à Saintes c'est que c'est à 1 heure de Bordeaux. »

La proximité d'une ville qualifiée de vivante, notamment du point de vue de l'offre culturelle et récréative, est une des valeurs ajoutées dérivant du fait de résider à Saintes.

893« On peut avoir un concert le soir à Bordeaux et rentrer le soir ici. »

Certains participants ont déclaré utiliser facilement et régulièrement l'offre culturelle de Bordeaux.

894« Le soir, après le boulot, je peux aller mettre les pieds dans l'océan en 40 minutes. »

La proximité à l'océan joue comme élément agréable, facilement intégré dans les pratiques urbaines du quotidien et faisant partie de leur voisinage immédiat.

895« En parlant de métropole, on n'est pas loin de Poitiers. »

Les habitants considèrent Poitiers comme une autre métropole de proximité, offrant elle aussi des avantages d'offre urbaine compensant les limites de celle de Saintes. [L'urbanité métropolitaine de Poitiers est d'ailleurs ici toute relative : une ville moyenne devient une métropole dans les yeux des Saintais et comparativement à Saintes.]

896« On a une position géographique stratégique. »

Les participants ont souligné plusieurs fois tout au long de la réunion les avantages apportés à Saintes par sa position dans la région, par sa proximité à l'océan et aux grandes villes limitrophes [Bordeaux, Poitiers, etc.].

897« On vit beaucoup avec nos voisins mais pas dans le sens positif. »

Les participants ont dénoncé le fait qu'à cause de la faible isolation phonique des immeubles collectifs, ils ont l'impression de vivre les uns sur les autres, sans beaucoup d'intimité.

Saintes | R2 | politique

Des politiques urbaines dominées par un objectif social, au détriment parfois des dimensions géographiques et spatiales.

898« Le premier autobus est à 07h15 : à quoi ça sert ? Les autobus doivent répondre à une demande. »

Les habitants ont porté un regard très critique sur la politique des transports urbains. Notamment, ils considèrent qu'elle ne sait pas intercepter les réels besoins de mobilité de la population. [Ou du moins d'une partie de la population, qui n'est pas scolaire, et qui a pourtant besoin des transports en commun pour ne pas utiliser systématiquement la voiture.]

899« 80% des usagers des transports sont des scolaires. »

En soulignant que les autobus sont moins fréquents pendant les périodes non scolaires, les participants ont déclaré que ceux qui utilisent le plus ce moyen de transport sont les étudiants, d'autant plus que l'offre des transports en commun semblerait être centrée plutôt sur leurs exigences.

900« La navette gratuite pour aller au marché du centre-ville le samedi est presque inutile. »

L'initiative de la Mairie, consistant à éviter que tout le monde se rende au marché du centre-ville en voiture, est contestée dans la pratique par les habitants, qui sont obligés de prendre la voiture pour rejoindre cette navette.

901« Il manque vraiment des trottoirs, c'est dangereux. »

Le chemin qui relie le quartier de Bellevue au centre-ville et très peu aménagé pour la marche à pied [pas de trottoirs, peu de passages piétons], ce qui oblige les habitants à prendre des risques pour continuer de parcourir la ville à pied.

902« Le collège Quinet a mauvaise réputation. »

Les participants ont signalé que le Collège Edgar Quinet aurait été le théâtre d'affrontements entre bandes de deux quartiers : Boiffiers et Bellevue.

903Aujourd'hui les problèmes entre les bandes du collège ne sont plus dû à l'appartenance à un quartier.

Cette assertion est venue nuancer le propos précédent, dans la mesure où la réputation persistante du collège E. Quinet, n'aurait plus de fondements dans les affrontements territoriaux. Néanmoins, les difficultés persisteraient, sur d'autres bases. [Probablement liées aux cohabitations difficiles entre populations d'origine immigrée et autochtones, bien que les participants n'aient pas explicitement évoqué ces tensions.]

904« Les écoles ont des difficultés à organiser des réunions avec les parents. »

Les participants ayant des enfants ont souligné la faible participation et implication des parents du quartier Bellevue à la vie scolaire, ce qui limiterait d'après eux l'organisation d'activités extra-scolaires, pour lesquelles ils sont indispensables (encadrement).

905« J'ai essayé d'organiser la fête des voisins mais ça n'a pas marché. »

Cet exemple a été développé par un participant pour indiquer la difficulté à impliquer les habitants dans une vie de quartier ou de voisinage plus développée.

906« La politique des aides économiques aux propriétaires du centre-ville en échange de loyers plus modérés est intelligente. »

Les participants ont déclaré apprécier ce type d'initiative, qui permettrait une mixité sociale plus développée au centre en donnant un accès aux logements à des populations aux revenus plus réduits.

907« Je ne vais pas en vacances à l'océan car il y a trop de monde et que c'est cher. »

Les participants utilisent la proximité à l'océan à travers des excursions à la journée plutôt que comme une pratique saisonnière, réservée aux touristes ayant davantage de moyens.

908« La Mairie propose des tarifs réduits pour effectuer les aller/retours à l'océan dans la journée en été. »

Certains participants ont déclaré avoir apprécié et utilisé cette initiative de la Mairie, leur permettant de profiter de l'océan en été, quand les prix du locatif saisonnier y sont trop élevés.

Saintes | R2 | stratégie

Articuler aide sociale et développement urbain : une nécessité.

909« À Bellevue il serait intéressant de redévelopper le centre commercial. »

D'après les participants, le centre commercial [situé au milieu du quartier] de Bellevue mériterait d'être redynamisé pour lui donner une nouvelle fonction commerciale et un rôle majeur en tant qu'espace central. [Une orientation qui pose la question de la centralité urbaine : concentrée au centre-ville ou disséminée dans tout l'espace urbain ?]

910« Le centre hospitalier du centre-ville devrait être transformé en logements sociaux pour les personnes pauvres. »

Les participants ont proposé de requalifier le centre hospitalier du centre-ville en logements sociaux, pour permettre une certaine mixité sociale et l'accès au centre pour les populations ayant de faibles revenus.

911« Les touristes passent mais ils ne restent pas à Saintes. »

Les participants ont regretté la faible capacité de Saintes à retenir les touristes qui passent pour se rendre au bord de l'océan, surtout en été. [La question se pose cependant de la réelle acceptabilité d'une augmentation de la fréquentation touristique dans une petite ville tranquille, telle que Saintes.]

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