Une tension à exploiter, entre un grand projet urbain à l'échelle des enjeux et un savoir-faire dans l'intervention sociale de proximité.
Une petite ville qui lorgne vers les grandes.
Les participants, tout particulièrement les jeunes, ont signalé le manque d'une vie nocturne et de sorties à Saintes.
Les activités de loisirs offertes par la ville se déroulent toutes au centre-ville.
La faible fréquence des transports urbains empêcherait de profiter de façon non programmée de tous les espaces de la ville [ce qui handicape fortement une des principales caractéristiques de l'urbanité : la possibilité de découvrir la ville à travers le hasard].
Le fait d'être obligé d'avoir ou d'utiliser la voiture pour les sorties au centre-ville ou ailleurs ne stimule pas une pratique de la ville liée aux envies et aux impulsions spontanées.
La ville de Saintes serait particulièrement pauvre en offre urbaine d'activités commerciales et récréatives le dimanche.
La présence d'une université et notamment des étudiants ont été indiqués comme des éléments en mesure d'animer une ville, comme c'est le cas selon les participants, de la ville de La Rochelle.
Cette image a été utilisée pour signifier le manque d'initiative et de dynamisme de la ville malgré son potentiel. Les participants ont même indiqué le modèle de revitalisation de Bordeaux comme un modèle qui a fonctionné vu que Bordeaux aussi avant avait du potentiel non exploité qui a été réinvesti grâce à des politiques culturelles très importantes.
Selon les participants, la perte de la préfecture et de l'épiscopat auraient déclassé le statut de Saintes. [Malgré le fait que la taille n'ait pas énormément changé, Saintes est maintenant perçue comme une petite ville. Cette utilisation de la taille comme élément caractérisant le poids d'une ville montre le poids du qualitatif (symbolique, fonction, pouvoir de décision) dans la définition de la taille ou de l'échelle de pertinence des phénomènes urbains].
Les participants voient leur ville comme très petite, sans que cela ait forcément de rapport proportionnel à la taille réelle de la ville (en termes de population) et donc comme tout à fait mineure dans l'environnement régional. [La taille est utilisée ici pour évoquer un sentiment de faiblesse urbaine et d'infériorité vis-à-vis des voisins].
L'image véhiculée par cette affirmation était celle d'une ville complète, comparable à une grande ville, qui aurait subi un rétrécissement, un compactage. [L'urbanité est perçue ici en termes de taille et non en termes de qualité de l'offre, plus ou moins diversifiée ou rare, comme si une petite ville n'était que l'équivalent d'une grande, en modèle réduit.]
Ce qualificatif a été utilisé pour souligner une vision de la ville fondée sur sa situation géographique et ses proximités immédiates, plutôt que sur ses qualités intrinsèques.
Malgré le fait qu'il s'agisse d'une ville petite, dont les transports en commun ne sont pas très développés, la pratique de la marche est très courante à Saintes, d'après les habitants de Bellevue. [Une pratique qui relève davantage d'un modèle urbain de grande ville.]
Un sentiment de déclassement et de faible cohésion sociale
La population qui habite Bellevue aurait changé au fil des années. Auparavant, le quartier aurait hébergé des couches plus aisées et aurait été plus homogène dans sa composition socio-démographique.
Saintes aurait changé de population et donc de statut social au fil des années.
Les participants ont souligné l'évolution de la population du quartier, vers une plus grande ouverture sociale laissant davantage de place aux classes populaires, alors qu'il était davantage réservé aux classes moyennes par le passé.
D'après les participants, ces trois quartiers de la ville se caractérisent par le fait d'héberger la composante de la population saintoise la plus en difficulté.
Les prix de l'immobilier [locatif et foncier] serait trop cher au centre-ville pour les ménages à faibles revenus, qui se concentreraient de ce fait dans les quartiers périphériques, tels que Bellevue ou Boiffiers.
Près des centres régionaux (Bordeaux, La Rochelle, Poitiers] mais loin des centres mondiaux.
Les habitants, notamment les plus âgés, ont déclaré que la qualité du bâti et des résidences au centre-ville était très élevée à cette époque.
Ce constat a été effectué par les personnes âgées participant à la réunion pour décrire le type de population habitant les « belles maisons » du centre-ville.
Le type d'habitat de Bellevue, plus aisé, a été évoqué avec nostalgie car il connotait le quartier de manière plus bourgeoise, alors qu'il est plutôt populaire aujourd'hui.
La présence d'une grande banque dans le quartier était signe, pour les participants, du meilleur équipement en termes de services et de la typologie de quartier que cette présence incarnait.
Les participants, surtout les plus âgés, ont remarqué une baisse importante de la diversité de l'offre culturelle de la ville.
Les participants ont regretté cette piscine qui, autrefois, était située au bord du fleuve et permettait aux habitants de profiter davantage des aménités offertes par la proximité du cours d'eau.
La nostalgie d'une ville cossue.
Certains habitants, notamment ceux qui voyagent beaucoup en France et à l'étranger, ont déclaré de baser leurs pratiques urbaines du quotidien [notamment la promenade] à Bellevue.
Le quartier porte bien son nom : la verdure et sa position en hauteur par rapport au reste de la ville en font un lieu de promenade privilégié.
Le caractère excentré de Bellevue ainsi que la tranquillité transmise par l'environnement en font un quartier attractif dans les arbitrages résidentiels.
Les grands espaces verts, vastes étendues non clôturées, ont été indiqués comme un des avantages non négligeables du quartier, surtout pour les ménages avec des enfants.
Ce constat a été fait pour indiquer la position privilégiée et abritée de Bellevue [en hauteur], par rapport aux autres parties de la ville plus directement menacées.
Tous les participants ont dénoncé la pratique, nouvelle, des jeunes sur les mobylettes qui font des tours dans le quartier à n'importe quelle heure du soir.
Les participants ont dénoncé un changement du style de vie du quartier de Bellevue. Notamment, ils ont fait référence à la façon de vivre les parties communes des immeubles ou des espaces publics.
Le quartier Bellevue était plus diversifié en termes d'offre commerciale ce qui, d'après les habitants, le rendait plus animé.
Le quartier offre des activités et des espaces de rencontre circonscrits à des jours précis. Les participants ont regretté que ces espaces ne puissent pas être exploités davantage.
Les participants ont déclaré n'utiliser les épiceries du quartier que pour le dépannage et préférer faire leurs courses dans des grandes surfaces hors de la ville, moins chères. [Ce qui relève d'un fonctionnement urbain assez classique.]
Les transports ont fait figure de problème majeur à cause de leur faible fréquence.
Malgré les risques que présente la traversée à pied jusqu'au centre-ville (absence de trottoirs et de passages sécurisés), les habitants ont déclaré recourir régulièrement à la marche, étant donnée la faiblesse des liaisons par les transports publics.
Le manque de transports urbains en nocturne handicape la possibilité de profiter des activités culturelles et de loisirs proposées au centre-ville.
La proximité à Bordeaux est appréciée mais elle serait rendue compliquée par le manque d'un réseau de transports fréquents et intégré, permettant de se passer de la voiture.
Le prix de l'immobilier au centre-ville fonctionnerait comme élément sélectif et de filtrage de la population en empêchant l'accès à ce quartier aux ménages moins aisés. [Ce qui dénote d'un fonctionnement urbain classique, entre centre et périphérie.]
Les participants ont exprimé le constat du majeur développement, en termes d'activités commerciales et récréatives, de la rive gauche de la ville par rapport à celle droite.
La rive droite de la ville incarnerait le passé de ville née et développée au tour du chemin de fer.
Bellevue, une banlieue périurbaine de Saintes ? Espaces verts, résidence, décentrement.
Certains participants ont listé des atouts, essentiellement de situation et d'environnement, qui rendraient Saintes plus attractive que Paris.
En réaction à l'assertion précédente, certains participants ont souligné l'absence d'un élément symbolique fort, qui identifie la ville et soit en mesure d'attirer les touristes. [On retrouve ici la problématique de la ville de passage, à travers laquelle transitent les touristes en direction de la côte, sans que la ville ne parvienne à en capter les flux.]
Tout en reconnaissant la majeure animation de La Rochelle, les habitants considèrent Saintes plus stratégique du point de vue se da position géographique.
Les participants ont souligné le fait que la présence de ces structures [qui sont passées à La Rochelle] conférait à Saintes une plus grande attractivité et centralité au niveau régional.
La proximité d'une ville qualifiée de vivante, notamment du point de vue de l'offre culturelle et récréative, est une des valeurs ajoutées dérivant du fait de résider à Saintes.
Certains participants ont déclaré utiliser facilement et régulièrement l'offre culturelle de Bordeaux.
La proximité à l'océan joue comme élément agréable, facilement intégré dans les pratiques urbaines du quotidien et faisant partie de leur voisinage immédiat.
Les habitants considèrent Poitiers comme une autre métropole de proximité, offrant elle aussi des avantages d'offre urbaine compensant les limites de celle de Saintes. [L'urbanité métropolitaine de Poitiers est d'ailleurs ici toute relative : une ville moyenne devient une métropole dans les yeux des Saintais et comparativement à Saintes.]
Les participants ont souligné plusieurs fois tout au long de la réunion les avantages apportés à Saintes par sa position dans la région, par sa proximité à l'océan et aux grandes villes limitrophes [Bordeaux, Poitiers, etc.].
Les participants ont dénoncé le fait qu'à cause de la faible isolation phonique des immeubles collectifs, ils ont l'impression de vivre les uns sur les autres, sans beaucoup d'intimité.
Des politiques urbaines dominées par un objectif social, au détriment parfois des dimensions géographiques et spatiales.
Les habitants ont porté un regard très critique sur la politique des transports urbains. Notamment, ils considèrent qu'elle ne sait pas intercepter les réels besoins de mobilité de la population. [Ou du moins d'une partie de la population, qui n'est pas scolaire, et qui a pourtant besoin des transports en commun pour ne pas utiliser systématiquement la voiture.]
En soulignant que les autobus sont moins fréquents pendant les périodes non scolaires, les participants ont déclaré que ceux qui utilisent le plus ce moyen de transport sont les étudiants, d'autant plus que l'offre des transports en commun semblerait être centrée plutôt sur leurs exigences.
L'initiative de la Mairie, consistant à éviter que tout le monde se rende au marché du centre-ville en voiture, est contestée dans la pratique par les habitants, qui sont obligés de prendre la voiture pour rejoindre cette navette.
Le chemin qui relie le quartier de Bellevue au centre-ville et très peu aménagé pour la marche à pied [pas de trottoirs, peu de passages piétons], ce qui oblige les habitants à prendre des risques pour continuer de parcourir la ville à pied.
Les participants ont signalé que le Collège Edgar Quinet aurait été le théâtre d'affrontements entre bandes de deux quartiers : Boiffiers et Bellevue.
Cette assertion est venue nuancer le propos précédent, dans la mesure où la réputation persistante du collège E. Quinet, n'aurait plus de fondements dans les affrontements territoriaux. Néanmoins, les difficultés persisteraient, sur d'autres bases. [Probablement liées aux cohabitations difficiles entre populations d'origine immigrée et autochtones, bien que les participants n'aient pas explicitement évoqué ces tensions.]
Les participants ayant des enfants ont souligné la faible participation et implication des parents du quartier Bellevue à la vie scolaire, ce qui limiterait d'après eux l'organisation d'activités extra-scolaires, pour lesquelles ils sont indispensables (encadrement).
Cet exemple a été développé par un participant pour indiquer la difficulté à impliquer les habitants dans une vie de quartier ou de voisinage plus développée.
Les participants ont déclaré apprécier ce type d'initiative, qui permettrait une mixité sociale plus développée au centre en donnant un accès aux logements à des populations aux revenus plus réduits.
Les participants utilisent la proximité à l'océan à travers des excursions à la journée plutôt que comme une pratique saisonnière, réservée aux touristes ayant davantage de moyens.
Certains participants ont déclaré avoir apprécié et utilisé cette initiative de la Mairie, leur permettant de profiter de l'océan en été, quand les prix du locatif saisonnier y sont trop élevés.
Articuler aide sociale et développement urbain : une nécessité.
D'après les participants, le centre commercial [situé au milieu du quartier] de Bellevue mériterait d'être redynamisé pour lui donner une nouvelle fonction commerciale et un rôle majeur en tant qu'espace central. [Une orientation qui pose la question de la centralité urbaine : concentrée au centre-ville ou disséminée dans tout l'espace urbain ?]
Les participants ont proposé de requalifier le centre hospitalier du centre-ville en logements sociaux, pour permettre une certaine mixité sociale et l'accès au centre pour les populations ayant de faibles revenus.
Les participants ont regretté la faible capacité de Saintes à retenir les touristes qui passent pour se rendre au bord de l'océan, surtout en été. [La question se pose cependant de la réelle acceptabilité d'une augmentation de la fréquentation touristique dans une petite ville tranquille, telle que Saintes.]
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