Volontiers gestionnaires plutôt qu'idéologues, les édiles ébroïciennes dressent le portrait d'une ville qui cherche la bonne distance à Paris, consciente de ses atouts comme de ses faiblesses, et désireuse de bien faire.
Une petite ville de campagne plutôt qu'une périphérie de grande métropole.
Certains participants ont signalé que la taille d'Évreux donnerait lieu à dynamiques de socialité qui seraient propres aux petites villes ou aux bourgs : tout le monde se connaît. Cependant, d'autres participants ont signalé qu'à Évreux, contrairement à avant, les personnes ne se disent plus bonjour quand elles se croisent dans la rue et lorsqu'elles ne se connaissent pas.
Chef lieu de département, Évreux serait passée du statut de ville de fonctionnaires relativement importante jusqu'au milieu du 20e siècle, à celui de petite ville atone aujourd'hui.
L'offre urbaine pour les sorties serait très limitée et programmée, ce qui ne permettrait pas le jeu des opportunités propre à l'urbanité. Par exemple, pour pouvoir fréquenter le bowling il faut réserver des places à l'avance.
Le fait que les transports à Évreux ne soient pas fréquents oblige les personnes qui les utilisent à être bien informées sur les horaires et les parcours pour ne pas prendre le risque de retards. [Cette dynamique empêcherait une fréquentation plus spontanée des espaces et entraînerait une dynamique d'usage davantage liée à des exigences précises qu'à des impulsions.]
En évoquant la présence des Américains dans les années 1960, les participants ont souligné que le pavillonnaire construit par eux était porteur d'un modèle d'habitat [maison individuelle non clôturée au milieu d'espaces verts] divergent du modèle européen.
Le centre-ville souffrirait d'un manque d'offre urbaine, surtout liée aux loisirs et notamment le soir.
Cette affirmation ironique a été faite pour montrer le manque d'offre de loisirs au centre-ville. Le seul et unique cinema de ce quartier se retrouve dans une telle situation de monopole d'activité que sa fréquentation en est fortement augmentée.
Une organisation socio-spatiale assez clivée entre les quartiers.
Ce type d'activité pratiquée par les jeunes au centre-ville a été décrite comme une des principales occasions de sociabilité, faute d'une offre plus diversifiée.
Les participants ont souligné une certaine distance sociale avec les résidents du centre-ville, du fait de leurs attitudes et de leur niveau de vie, permettant de payer les prix du foncier de ce quartier.
Les participants ont manifesté la crainte que l'installation de militaires prévue près de la base aérienne n'apporte pas un véritable développement à la ville car elle ne produirait pas d'emploi. Certains ont, en revanche, signalé que cette arrivée de population apportera du dynamisme économique (par la consommation) et social (interaction avec la population locale).
Dans les années 1950-1960, le quartier de la Madeleine a représenté une étape importante et initiale du parcours résidentiel de la plupart des participants. [Aujourd'hui ce quartiers héberge une bonne partie de la composante d'origine immigrée de la population].
Navarre étant un quartier pavillonnaire plus aisé, il était réservé à des populations avec un plus grand pouvoir d'achat.
Une relation ambiguë à la centralité, entre besoin d'indépendance et volonté d'être mieux relié.
Les participants ont décrit une ville où l'accessibilité aux différents services et équipements est facile et rapide.
Les participants ont insisté sur le fait que Navarre n'a pas suivi les mêmes dynamiques [construction rapide de grands ensembles] et les mêmes logiques [nécessité de loger les ouvriers] de construction et expansion d'autres quartiers, comme la Madeleine. En effet, Navarre était un bourg déjà constitué à côté d'Évreux, qui s'est agrandi parallèlement.
Les participants ont été tous d'accord sur le fait que la connexion avec Paris était mieux garantie auparavant à travers des trains plus fréquents et à des horaires plus avancés du soir. Cette perte de connexion rend l'utilisation des équipements culturels de la capitale moins fréquente.
Les participants ont dénoncé l'abandon de certains tronçons de la rivière où l'on dépose des déchets, provoquant ainsi une image de dégradation environnementale.
Cette réalité ne stimulerait pas les relations entre les différents quartiers de la ville [Il est cependant à noter qu'il s'agit là d'un fonctionnement classique centre-ville / périphérie].
Ce constat montre un système de transports et de mobilité, attentif à la connexion avec les communes proches d'Évreux, mais ne faisant pas partie de la ville.
La concentration des équipements, notamment sportifs, pèse de plus en plus sur leur utilisation par les habitants. Notamment, les participants ont signalé leur moindre exploitation de ces équipements lorsque ces derniers sont plus éloignés.
Les participants ont déclaré utiliser avec facilité et fréquence les services garantis par les communes limitrophes, car il serait plus facile de s'y garer par rapport au centre-ville.
La poste du quartier de Navarre est un bureau financé par la mairie annexe, qui ne délivre que des services postaux limités, notamment pas d'envoi ou de réception de colis.
Une situation de proximité métropolitaine qu'Évreux peine à valoriser
Cette affirmation n'a pas trouvé l'accord de tous les participants. Une bonne partie d'entre eux a notamment réagi en explicitant que l'offre de loisirs et d'activités des bourgades limitrophes est liée à des occasions très ponctuelles et circonscrites dans le temps [ex. foires, fêtes, etc.]
La perception de la concurrence de pôles urbains forts, comme Paris, a poussé les participants à signaler l'inefficacité d'un développement économique basé exclusivement sur la production industrielle.
Les participants apprécient beaucoup la liaison facile et l'accessibilité à Paris, surtout par rapport à Rouen auquel ils ne peuvent accéder qu'en car.
Une transition difficile et mal vécue de la bourgade campagnarde vers le quartier urbain.
Certains participants, notamment les personnes les plus âgées, ont affirmé qu'auparavant le quartier composé essentiellement de maisons individuelles et animé par une gare et des bistrots, était esthétiquement plus agréable.
L'esthétique du quartier, tel qu'il était autrefois, typique d'un petit village, fait l?objet aujourd'hui d'une certaine nostalgie, notamment chez les participants les plus âgés.
Navarre s'était construit depuis la fin des années 1800 comme un petit village avec une présence importante de maisons individuelles.
Cette affirmation a été faite pour dénoncer la perte d'un style de vie plus centré sur le quartier. Le passé évoqué a été opposé aux pratiques d'aujourd'hui, telles que les courses dans des grandes surfaces.
La disparition progressive des petits commerces au profit des grandes surfaces pèserait sur la qualité des pratiques de socialité dans les quartiers.
En revenant sur la présence des Américains dans les années 1960, les participants ont insisté avec nostalgie sur le fait que cette présence donnait lieu à une vie sociale et nocturne plus importante, notamment dans les bars, bistrots et boîtes de nuit.
La qualité des espaces verts, notamment du parc de Navarre, serait due au fait qu'ils seraient « historiques » ? comme les ont définis les participants. Notamment, ils ont fait référence à l'implantation du Château de Navarre, résidence de l'impératrice Joséphine.
Dans l'histoire urbaine d'Évreux, l'Iton a représenté une source économique importante grâce à l'exploitation de l'énergie hydraulique.
Les participants ont insisté sur la nécessité de réinvestir le cours d'eau et ses berges pour des activités de loisirs, plus encore que ce n'est le cas aujourd'hui.
Les autres centres (le centre-ville, Paris, la base américaine) sont perçus comme illégitimes par la population car considérés comme extérieurs.
Les participants [presque tous avec un vécu important dans le milieu associatif] ont signalé la difficulté à stimuler la l'engagement des autres habitants.
Il a été signalé par le groupe que l'information circulait difficilement entre les sphères politique et citoyenne.
Cette affirmation a été faite pour indiquer que le fonctionnement et le développement d'Évreux dépendraient trop fortement d'acteurs extérieurs, notamment Paris, qui ne seraient pas considérés comme légitimes par les participants.
D'après les participants, l'attention des administrateurs est trop concentrée sur le centre-ville.
Les participants ont montré un regard critique vers les politiques de revitalisation de la ville qui auraient visé, d'après eux, surtout les commerçants du centre-ville et qui n'auraient pas adopté une stratégie attentive à la totalité de la ville et à toutes ses composantes. [On peut lire dans cela une auto-perception des quartiers comme ressources non suffisamment exploitée par les administrateurs].
L'attractivité résidentielle exercée par Évreux sur Paris ne serait pas considérée comme un atout à exploiter, mais au contraire comme un risque de dilution identitaire.
Les participants ont montré une certaine fierté du fait que, à l'époque en question, Évreux, ses habitants et leur organisation sociale pouvaient constituer un modèle et un horizon de développement social que l'Amérique aurait atteint seulement plus tard.
Les composantes de la population venues de l'extérieur sont perçues de manière ambiguë par les participants.
Cette affirmation, issue d'une sollicitation par rapport à la présence de l'Iton, a été faite pour signaler le manque de précautions prises au centre-ville par rapport à une possible inondation. Certains participants ont indiqué avoir subi plusieurs inondations.
Une forte conscience du besoin de se relier à la métropole parisienne mais avec le souci de ne pas devenir une ville dortoir.
Les participants ont vu dans la base aérienne d'Évreux un potentiel de développement en mesure de connecter la ville à des circuits de transit d'échelle plus large. Notamment en recevant un trafic aérien très spécifique, comme celui des chefs d'Etat, qui trouve plus difficilement sa place dans les grands aéroports de la capitale.
Ces éléments sont revenus tout au long de la réunion en ayant été identifiés comme les atouts majeurs d'Évreux, à exploiter davantage.
Le projet de déviation pour améliorer l'accessibilité d'Évreux date de 1945 mais n'a pas encore vu le jour. [Les participants ont manifesté une vision du développement de la ville centrée sur les possibilités de connexion avec l'extérieur.]
Cette affirmation a été faite pour expliquer le manque de stratégie qui, dans le passé, a caractérisé la politique vis-à-vis du centre-ville.
Les participants ont manifesté la crainte que le seul facteur de développement de la ville soit celui de la proximité à des grands pôles d'emploi, comme Paris ou Rouen, et donc qu'elle soit utilisée juste en tant que ville dortoir [sorte de satellite périurbain des villes majeures].
Selon certains participants, le développement urbain d'Évreux aurait été structuré autour de l'habitat, et notamment de projets urbanistiques, plutôt qu'autour d'autres dimensions de la ville : productives et récréatives.
Les participants ont manifesté l'idée que, tout en reconnaissant la nécessité du logement collectif, ce dernier devrait se mettre en place en essayant de garder ce qu'ils ont appelé l'identité des quartiers. [On pourrait lire ici une certaine réticence à assumer le passage de Navarre, du statut de petit village limitrophe à quartier à part entière de la ville].
Les projets urbains liés à l'habitat devraient donner davantage de place aux constructions individuelles.
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