Des élus et des professionnels hautement conscients de l'urgence à développer une stratégie urbaine autonome pour Calais, plutôt que de continuer à subir les conséquences des changements de la géographie du monde.
Concilier des modèles urbains a priori divergents.
D'après certains participants, la ville de Calais et ses municipalités n'ont pas suffisamment exploité les ressources liées à sa localisation géographique. Ils considèrent que Calais ne tient pas son rang de ville littorale, car elle ne met pas en valeur la plage, le tourisme balnéaire, les équipements sportifs appropriés à la plage, etc.
Les habitants ont le sentiment que dans le système de mobilité calaisien, c'est toujours la voiture qui gagne.
Les participants considèrent que Calais leur propose le choix entre différents moyens de transport. Cependant, ces derniers ne sont pas toujours adaptés aux besoins des usagers, qui finissent par utiliser prioritairement la voiture individuelle.
L'idée soumise aux habitants consiste dans le principe de reconnaître une place privilégiée à la voiture dans le système urbain calaisien, y compris d'un point de vue culturel, et d'envisager les équipements adaptés à une telle politique urbaine. La réaction de ces derniers a été globalement positive, avec cependant des réserves esthétiques, fondées sur le besoin de conserver des lieux davantage liés à l'image traditionnelle des centre-villes, comme les monuments ou les fontaines.
L'entre-soi social marque fortement la ville.
La plage serait un lieu fréquenté surtout par des couches dites « populaires », c'est-à-dire d'un niveau social et culturel peu élevé. Le manque d'aménagement et d'activités de loisirs rendrait ce lieu peut attractif pour des couches moyennes [ayant la possibilité de fréquenter d'autres bords de mer de la côte, plus attrayants] et donc peu mixte.
Urbaniser la plage ; balnéariser la ville.
Les participants ont exprimé le regret que la plage ne soit pas un lieu de vie et de sociabilité, où l'on puisse s'arrêter agréablement, se promener et profiter du paysage.
Les participants ont tous signalé leur mécontentement par rapport à la place occupée par les chalets sur la plage. D'une part, ces chalets bouchent la vue sur la plage, surtout pour ceux qui vont courir sur la digue. D'autre part, ces chalets sont une survivance du passé et d'une différence d'accès à la plage selon le niveau social. Ils n'ont pas le rôle de cabines de plage accessibles financièrement à tout le monde [comme c'est le cas, par exemple, des cabines de Deauville]. Dans ce sens, les participants ont signalé que les chalets sont vendus par des actes notariés et déclarés en mairie alors qu'ils sont sur un terrain public. [Ils sont donc considérés par les habitants comme une forme de privatisation de l'espace public de la plage au profit des plus aisés et des familles les plus anciennement installées dans la ville.]
Pour démontrer que la plage de Calais n'est pas vécue et considérée comme un lieu de loisir et de tourisme, les habitants ont porté l'exemple du manque de services balnéaires, comme la vente de ballons ou l'absence de loueurs de matériel de plage, que l'on trouve généralement dans les plages aménagées des villes balnéaires.
Tout en appréciant l'utilité d'un poste de secours au bord de la mer, les habitants trouvent sa localisation peu appropriée au paysage et à l'attractivité de la plage.
Les constructions réalisées sur le front de mer sont considérées comme enlaidissantes par les habitants. Au lieu d'être un atout d'attractivité, elles jouent un rôle repoussoir.
Du fait de la mauvaise signalisation du parcours piétons, l'accessibilité au port ferry pour les passagers à pied serait très compliquée et peu agréable [même chemin que les voitures]. Cela apparaît aux habitants d'autant plus mal conçu que la distance réelle est très courte, favorisant ainsi le recours systématique à la voiture.
Certains participants ont signalé qu'ils utiliserait volontiers la baladine [transport public urbain de proximité] dans leurs déplacements quotidiens, mais qu'ils ne peuvent pas le faire à cause des horaires peu adaptés à ceux de bureau.
Les habitants ne fréquentent pas la ZUP de la ville au-delà d'activités précises et ponctuelles. Cela serait dû aussi au fait que ce quartier n'est pas très attractif, tant en termes de bâti, que de population et d'ambiance.
Faible intégration et forte concurrence.
D'après les habitants, les trois villes citées ne fonctionnent pas réellement en archipel [malgré les liens existants en termes de transports et d'équipements mutualisés] car il n'y a pas de coopération en termes de projets culturels ou sportifs, par exemple. Chaque ville aurait sa spécificité qui ne s'intègrerait cependant pas à celle des autres de manière complémentaire : « Boulogne, c'est la pèche ; Calais, c'est le port passagers ; Dunkerque, c'est le commercial. »
[Les participants ont décrit une dynamique classique de periurbanisation autour de Calais].
La ville de Calais souffrirait d'un manque de manifestations et d'événements culturels ou récréatifs en mesure d'attirer la population alentour, ce qui la placerait aussi plus bas dans la hiérarchie urbaine par rapport à ses voisins.
Dunkerque, bien qu'elle n'ait pas l'atout calaisien d'avoir la plage « en ville », exploiterait davantage ses ressources maritimes. D'où le sentiment des participants que la ville de Calais ne s'engage pas suffisamment dans ce sens en tournant le dos à une de ses ressources principale : la mer.
Contrairement à Calais, les villes balnéaires comme Malo-les-Bains, proposent d'autres activités corollaires à la plage (voitures a pédale, etc.). Cela permettrait à ces villes de marcher aussi hors saison. Les participants regrettent l'absence d'une telle offre à Calais. [On peut néanmoins se demander si le paysage balnéaire et urbain de la ville se prêterait vraiment à ce type d'activité.]
À la recherche du temps perdu ?
Certains participants ont déclaré apprécier le fait de se déplacer en ville à pied ou avec les transports en commun car cela leur donnerait davantage l'occasion d'observer et apprécier la ville, ses quartiers, ses immeubles anciens.
Les habitants ont signalé qu'un des rares endroits où l'on peut apprécier beaucoup l'architecture et la qualité du bâti ce sont les boulevards. Le reste de la ville, notamment la partie sud, étant plutôt caractérisé par des friches industrielles et un habitat ouvrier dégradé, faute d'entretien.
Les participants ont exprimé le regret que la gare de Calais ne plus aussi belle qu'avant et qu'elle soit peu exploitée et mal intégrée au reste de la ville. La gare n'est plus aujourd'hui un lieu de la ville, avec un statut et une fonction centrale.
Les habitants ont rappelé que la plage auparavant était un lieu plus convivial et animé grâce à la présence d'établissements comme le casino. Ils trouvent dommage qu'après la guerre, suite à la destruction de la ville, on ait rebâti sur une base fonctionnaliste, en ne faisant que du logement [«pas très beau»], sans rien prévoir en termes d'activité et de loisirs.
La mer comme nouvel horizon.
Les participants ont signalé le manque d'une politique de la ville basée sur l'exploitation de la mer et de la plage. Négligeant tout ambition touristique, les politiques se seraient concentrées exclusivement sur l'activité portuaire et le statut industriel de la ville.
Les participants sont revenus, à nouveau lors de cette réunion, sur le fait que la présence d'un immense parking sur la plage empêcherait de pouvoir profiter des terrasses des restaurants autour. Ils souhaiteraient pouvoir manger en profitant de la vue de la plage et de la manche. [Il faut néanmoins rappeler l'importance accordée à la pratique de la voiture sur la plage, exprimée par les mêmes participants. Les deux pratiques ayant visiblement besoin de trouver une forme de cohabitation, sans exclusion de l'une par l'autre.]
La plage, la voiture et la mise en réseau, trois enjeux majeurs pour Calais.
Les habitants souhaiteraient que soit réaménagé le front de mer calaisien, avec des immeubles moins hauts, des petites places pour les concerts, des restaurants « où aller manger une salade pendant la pause déjeuner, face à la mer ». Le manque de ce type d'offre ferait en sorte qu'on ne perçoive pas de tout la présence de la mer « comme si l'on était à Lille ».
Les habitants souhaiteraient visiblement exploiter les mesures de conservation existantes, pour valoriser davantage leur patrimoine maritime et récolter par la même occasion un label attractif pour les flux touristiques.
La place énorme de la voiture et des parkings à Calais aurait pour conséquence de limiter le potentiel de certains lieux, où l'on pourrait implanter d'autres activités.
Le fait que la gare du centre-ville soit mal exploitée et aménagée limite la possibilité d'en faire une infrastructure capable de jouer un rôle actif dans l'intégration de Calais à l'agglomération, voire au-delà. [De ce fait, l'urbanité de la ville se trouve amputée de la venue d'une population dite présentielle (présente mais non résidente) ou d'une population circulante.]
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