Des élus et des professionnels hautement conscients de l'urgence à développer une stratégie urbaine autonome pour Calais, plutôt que de continuer à subir les conséquences des changements de la géographie du monde.
Une ville en quête de centralité et d'animation.
Calais serait une ville où il n'y a pas un seul centre et qui marcherait par pôles de fonctionnement très forts et bien délimités par les habitants.
Les participants ont déclaré que les Calaisiens n'avaient pas l'habitude d'utiliser d'autres lieux de la ville comme point de rendez-vous.
Les participants ont identifié les trois lieux de rencontre où les habitants se retrouvent. [Selon les pratiques décrites par les participants, ils fonctionnent comme des espaces publics de la ville. Il est à noter qu'ils sont très dispersés et que deux d'entre eux, la plage et la cité Europe sont plutôt à l'extérieur de la ville.]
Les participants ont insisté sur le fait que la ville, ses activités et ses horaires [les commerces ferment tôt et sont peu ouverts le dimanche] seraient dissuasifs pour les éventuels touristes.
Le fait que les commerces soient fermés le jour où les gens ont davantage le temps de se promener et de profiter de la ville, rendrait plus difficile l'appropriation de leur espace de vie.
A chacun son espace.
Les participants ont déclaré préférer la piscine de Boulogne à celle située au sud-est de la ville, car elle serait mieux fréquentée.
Etant donnée la population majoritaire de St Pierre, à savoir des couches sociales défavorisées, les participants ont affirmé préférer se rendre à une poste éloignée de leur domicile mais mieux fréquentée. [Il est à noter que cette poste est celle dont font usage les migrants, sans que cela ne soit considéré comme un facteur de gêne par les mêmes participants.]
Les participants ont déclaré qu'ils voyaient très peu les migrants, du fait de rythmes et de lieux différents dans l'usage de la ville. Ils ont cependant précisé qu'il est possible de croiser des migrants à la poste de Calais Nord, vraisemblablement à l'occasion des envois d'argent dans leurs pays d'origine.
La cohabitation entre migrants et calaisiens se passe apparemment sans heurts, notamment du fait qu'ils se côtoient peu.
Cette partie de la ville concentrerait un type d'habitat à loyer élevé et une population plus aisée par rapport au reste de la ville.
Malgré la faiblesse des aménagements, la vue sur la mer reste un critère majeur quant aux prix du foncier et donc au type de population pouvant habiter le quartier.
Le quartier Saint-Pierre, notamment dans sa partie sud, se caractériserait par des loyers modérés, dûs à un bâti ouvrier lié à l'activité industrielle, aujourd'hui dégradé. Le quartier regroupe ainsi les populations les moins aisées de la ville et concentrent l'essentiel des services d'action sociale.
Tout en ayant déclaré ne jamais croiser les migrants, les participants ont montré qu'ils connaissaient exactement où étaient situés les centres de distribution de nourriture et d'aide gérés par des associations.
Des pôles de centralité dispersés et mal exploités.
La rue royale a été indiquée par les participants comme la rue la plus animée de la ville, surtout la nuit, grâce à la présence de nombreux cafés, bars et restaurants.
Les habitants ont manifesté le regret qu'il n'existe pas d'activité de loisirs, la nuit, sur le front de mer, malgré son potentiel au niveau du paysage et de l'ambiance qu'il pourrait proposer.
Pour se rendre du centre sportif de la Citadelle jusqu'à la plage, il faut faire un important détour, alors que la traversée directe de la Citadelle réduirait grandement les distances et rendrait donc la plage plus accessible depuis ce lieu très fréquenté par les habitants.
Les participants ont exprimé le regret que cette partie du port soit sacrifiée à un usage qui ne lui permet pas d'être vécue et exploitée comme un espace à part entière de la ville et qui induit une coupure forte au sein du quartier de front de mer.
Les attributs de centralité de la ville (densité, diversité, animation) seraient concentrés dans cette zone assez distendue, qui constituerait une sorte de cordon central de la ville.
Les participants ont signalé que le canal à l'est de la ville est peu exploité comme espace de promenade, vu que ses berges sont délaissées et qu'il n'est pas aménagé. Ce qui empêcherait sa fréquentation, malgré son potentiel, par les touristes et même par les habitants de Calais.
Les participants ont décrit une pratique du quartier Saint-Pierre liée à des services précis et dont l'usage reste ponctuel [le quartier héberge des assurances et des banques]. Ils ont précisé qu'une fois leurs commissions achevées, il ne restent pas dans le quartier car rien ne les incitaient.
Les participants apprécient beaucoup l'offre assez élitiste de ce petit cinéma du centre-ville parce qu'il propose des films en version originale et qu'il est interdit d'y manger. Ils ont déclaré apprécier le type de relation aux loisirs et à la culture que cet établissement propose à la ville par rapport à d'autres établissements et ont regretté qu'il soit isolé et même en difficulté économique.
Ce pôle commercial se caractériserait par une offre qualifiée de populaire par les participants à cause des prix moins élevés et du type de produits proposés. [Une offre correspondant à la population vivant à proximité, dont le niveau de vie est moindre.]
Les participants ont signalé que le centre commercial situé en ville est aujourd'hui quasiment vide, compte tenu du prix trop élevé des loyers des magasins. [Un lieu qui peut être qualifié de friche urbaine.]
Le centre commercial 4B serait non seulement vide mais aurait une offre très limitée en termes de produits, pour les quelques commerces restants.
Le Centre Commercial de la Cité Europe [qui a ouvert en 1995] commence à connaître une perte de vitesse malgré sa forte attractivité, qui, surtout dans les dernières années, avait mis en difficulté l'offre commerciale de la ville.
Autour de Calais mais pas dans Calais.
Dans le fonctionnement urbain de Calais, la ZUP se présenterait comme une zone relativement autonome, dotée de sa propre antenne de Mairie et de la plupart des services quotidiens. Un repli urbain renforcé par l'homogénéité de la population qui l'habite.
Les villes de la côte seraient un lieu de visite et de vacances parce qu'elles sont facilement accessibles par la route de la côte, dont le parcours est très agréable. Elles sont accessibles pour des excursions à la journée, évitant de financer le prix de l'hébergement sur place.
Plusieurs habitants ont l'habitude de se rendre dans les capitales anglaise française et belge pour des courts séjours. La fréquence et la durée de ces séjours témoigne de l'intégration de Londres, Paris et Bruxelles dans des pratiques de mobilité régulières, voire quotidiennes, liées surtout aux loisirs et aux sorties.
Nombreux seraient ceux qui font régulièrement des aller-retours dans la journée à Lille pour le travail. Ces pendulaires auraient donc intégré Lille dans leurs mobilités quotidiennes confirmant la forte complémentarité fonctionnelle (travail, résidence) entre les deux villes.
Ces deux villes sont fréquentées beaucoup par les Calaisiens, en particulier dans la période estivale, grâce à leurs équipements balnéaires. Leur proximité les rend facilement intégrables dans des mobilités régulières aussi hors saison.
Les participants regrettent que les touristes qui viennent à Calais se rendent directement au centre commercial, situé hors de la ville, pour faire du shopping sans découvrir la ville de Calais. [Il s'agit visiblement d'un usage commercial de la ville, qui relève moins d'une activité touristique que d'une mobilité transfrontalière conjoncturelle, liée aux différentiels de prix entre la France et le Royaume Uni.]
Du passé industriel au présent maritime.
Les chalets qui se sont construits tout au long des années de façon spontanée empêchent aujourd'hui de pouvoir profiter de la vue sur la mer à partir du front de mer, ce qui a été identifié comme un des traits caractérisant la ville.
Cette activité de loisirs spécifique à la ville, caractérisée par une fréquentation originale du bord de mer, a été soulignée à plusieurs reprises par les participants comme constitutive de l'identité locale.
Le Musée de la dentelle semble être une initiative de conservation patrimoniale appréciée par les habitants, qui regrettent surtout qu'elle ne soit pas davantage mise en valeur, en termes de signalétique, de possibilités de stationnement et d'horaires d'ouverture notamment.
Les usines qui produisaient des biscuits autrefois répandaient des odeurs qui faisaient partie du paysage urbain et dont les habitants se souviennent avec une certaine nostalgie.
À l'est de la ville et du canal il existe des friches industrielles qui sont progressivement reconverties et utilisées pour l'habitat. Plusieurs projets d'habitat social semblent avoir été entrepris. Les habitants étaient au courant mais n'ont pas manifesté d'intérêt particulier pour ces aménagements.
Une cohérence stratégique difficile à trouver.
Les participants ont signalé à plusieurs reprises que la route du centre-ville vers la plage était peu adaptée aux piétons car dangereuse et peu attrayante. [De manière générale, il existe une tension dans leurs discours entre la place du piéton, quasiment inexistante à Calais, et l'usage systématique de la voiture, extension inaliénable du calaisien.]
Les participants ont montré un fort intérêt pour les projets urbains qui concerneront la ZAC entre le centre commercial Cité Europe et la ville. Car, si cette zone appartient à Eurotunnel, ils espèrent malgré tout qu'elle pourra être aménagée de façon cohérente avec le développement général de Calais et de son centre. [Calais est confrontée à une difficulté majeure avec le développement de la gare TGV de Frethun et des espaces adjacents, très excentrés par rapport à la ville et dépendants de logiques extérieures, sur lesquelles elle a une prise limitée.]
Exploiter différemment les potentiels existants.
Les participants ont identifié ce théâtre comme un des équipements à fort potentiel de la ville. Toutefois, et malgré sa capacité d'accueil de 1200 places, il n'est utilisé que pour les spectacles de fin d'année des scolaires et par les associations de quartier.
Les participants considèrent que le parc Saint-Pierre est un espace vert de la ville sous-exploité, qui mériterait d'être davantage mis en valeur afin qu'il puisse fonctionner comme un véritable lieu de rencontre, d'activités, de loisirs et de promenade urbaine. Ils ont notamment souligné le succès de l'exposition en plein air réalisée récemment dans le parc, sur le modèle du jardin du Luxembourd à Paris [exposition de Yann Arthus Bertrand La terre vue du ciel].
Afin d'augmenter la fréquentation du centre-ville par les touristes, il serait envisageable, selon certains participants, de proposer des navettes directes entre le port et le centre-ville, qui inciteraient à dépasser le quartier nord pour investir le reste de l'espace urbain. [Une telle hypothèse risque de rencontrer plusieurs obstacles, notamment le manque d'attractivité du reste de la ville et l'usage de la voiture individuelle par les voyageurs.]
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