Des personnalités fortes et engagées, désireuses de sortir du marketing culturel pour un retour vers plus de réalisme stratégique, en phase avec la société urbaine telle qu'elle est, y compris avec ses fractures, et prêtes à investir dans des moyens concrets d'action, tant socio-culturels que proprement urbains, tissant ensemble urbanisme et urbanité.
Malgré quelques dynamiques de grande ville, Amiens garde les traits d'une ville moyenne de province.
Certains participants, notamment ceux qui ont déclaré se déplacer beaucoup à pied, ont apprécié l'offre culturelle qu'on peut rencontrer au hasard dans le centre-ville.
Le quartier Amiens Nord a été construit pour et autour des usines, afin de loger les ouvriers et les employés y travaillant, sur le modèle des périphéries industrielles.
L'urbanité amiénoise proposerait un cadre de vie plus aéré que le modèle urbain de la métropole parisienne.
Les temps accélérés et fortement cadencés de l'urbanité parisienne, ceux d'une métropole mondiale, ne se retrouveraient pas dans l'urbanité amiénoise, aux temporalités perçues comme plus lentes et moins stressantes par les participants.
L'échelle de la ville permettrait à ses habitants de la percevoir comme facilement appropriable et plus en phase avec le type de vie qu'ils veulent y conduire, par opposition au modèle métropolitain.
Les participants ont insisté sur le fait que la taille de la ville et les pratiques de la population conduisaient les habitants à vivre en permanence en milieu familier, quel que soit le lieu fréquenté.
Une répartition socio-spatiale fortement marquée, identifiant des quartiers en fonction de leur population, qui laisse peu de place à la mixité sociale.
Les participants ont souligné l'homogénéité et la permanence de la population habitant ces quartiers, sans qu'une dynamique de diversification ou de renouvellement ne vienne faire modifier cet état de fait.
Les participants ont expliqué que le quartier d'Amiens Nord serait habité, pour la plupart, par des personnes d'origine marocaine, et le quartier d'Étouvie par les «cas sociaux», c'est à dire des personnes en difficulté économique et sociale importante. [Une lecture socio-spatiale de la ville est encore très pregnante pour les Amiénois].
Les participants ont manifesté le sentiment que la sociabilité à Amiens est difficile lorsqu'on va au-delà des réseaux de travail et associatifs et surtout lorsqu'on sort du quartier de résidence.
Selon les participants, la difficulté à socialiser à Amiens ne concernerait pas les personnes installées récemment dans la ville, mais aussi les habitants
Cette affirmation confirmerait le constat, récurrent tout au long de la réunion, selon lequel les clivages socio-spatiaux à Amiens handicaperaient sérieusement les possibilités de mixité sociale.
Certains participants ont déclaré préférer scolariser leurs enfants dans des autres quartiers non pas à cause d'une mauvaise 'offre scolaire, mais pour offrir une mixité qui serait impossible sur le quartier, vue l'homogénéité de sa population à 80% marocaine.
Les participants ont souligné la forte proportion de femmes dans le quartier d'Étouvie, qui correspondrait à une importante population de mères célibataires.
L'ensemble des participants, résidents et non résidents, ont souligné la composition très spécifique de la population du quartier d'Étouvie : une forte proportion de mères célibataires très jeunes, déjà à la tête d'une famille nombreuse. [Cet état de fait trouverait partiellement son explication dans l'importante fertilité historique de la Picardie, ainsi que dans la recherche d'un statut social ? celui de mère ? pour ces jeunes filles issues de milieux sociaux très défavorisés et sans grande perspective.]
Les ZUS d'Amiens présentent quelques points communs, notamment la tendance à l'enfermement et la faiblesse des perspectives d'emploi, et beaucoup de divergences, particulièrement en termes d'intégration la ville.
Les participants, et pas seulement ceux qui résident à Étouvie, ont tous souligné que malgré le bus qui relie Étouvie au centre-ville en 20 minutes, ce quartier est perçu comme totalement décentré.
La distance perçue à Étouvie est augmentée à cause du fait qu'entre ce quartier et le centre-ville il n'y a pas d'offre urbaine consistante.
Cette expression a été utilisée par les habitants d'Étouvie pour qualifier leur situation, aussi bien symbolique que géographique, vis-à-vis de la ville d'Amiens.
Le quartier est situé à proximité d'espaces verts et d'un environnement agréable, comme celui de la Somme, ce qui confère aussi certains avantages à sa situation géographique excentrée.
Les habitants de ce quartier ont souligné la proximité de ce dernier au centre-ville et le sentiment de continuité et d'appartenance forts entre le quartier et la ville.
Les habitants du quartier ont voulu aller à l'encontre de l'image stéréotypée donnée de celui-ci, se limitant à une portion réduite et symbolique : celle de la succession de très grandes barres [en cours de destruction] et du centre administratif annexe de la mairie centrale [L'Atrium, unique dans la ville].
Les participants sont revenus sur l'image véhiculée par ce quartier, qui ne se vérifierait pas à l'usage, ou de façon beaucoup plus nuancée. [Les participants ont tout de même souligné à plusieurs reprises leur inquiétude vis-à-vis des voitures brûlées].
Le nombre et le type d'équipements des deux quartiers permettrait à leurs résidents de se passer du centre-ville pour la plupart des services et des commerces.
La référence, a priori positive, au cocon, est en fait ambiguë dans la perspective des participants, dans la mesure où ce cadre protecteur serait également perçu comme inhibant d'initiatives et notamment de sorties en dehors du quartier [Il est à noter que l'expression de «cocon» a été utilisée par Didier Lapeyronnie pour décrire les quartiers ghetto des banlieues françaises dans son ouvrage de 2008, Ghetto Urbain.]
Cette affirmation d'une participante fait écho à un débat plus large, concernant la tendance à l'enfermement dans les quartiers d'Étouvie et d'Amiens Nord, qui serait renforcée par la présence d'un grand nombre de services sur place.
Les participants résidant à Étouvie, surtouts les femmes, ont signalé une difficulté à se déplacer vers le centre-ville en soirée, le dernier bus pour Étouvie étant à 20h30.
Malgré la présence de transports en commun reliant les différentes parties de la ville, l'usage de la voiture semble omniprésent. [les contraintes liées à la voiture ? stationnement et embouteillages ? semblent moindres par rapport à celles des transports en commun ? horaires et temps de parcours.]
Tous les participants ont souligné la faiblesse croissante du marché de l'emploi à Amiens et à la difficulté pour les jeunes notamment à s'insérer dans le marché de l'emploi sur place.
Malgré leur implantation à Amiens Nord, cette zone n'aurait pas apporté l'emploi escompté [30% des emplois réservés aux habitants des ZUS de la ville], mais aurait essentiellement profité aux entreprises, domiciliées à Amiens mais n'y exerçant aucune activité réelle, en termes de réductions de taxes.
Le quartier étudiant de St Leu [siège de l'université] concentre les activités de loisirs des étudiants, dans un fonctionnement replié et relativement autonome par rapport au reste de la ville.
Les participants non résidents ont déclaré fréquenter Étouvie seulement pour le marché. [On peut entrevoir dans cette dynamique la présence d'un système de relations entre quartiers, basé presque exclusivement autour d'un système de marchés de quartier, structurant les relations entres les différentes parties de la ville].
Les multiples dégradations et les incivilités, comme le fait de jeter les ordures par les fenêtres, ont été signalées comme des pratiques repoussoir, rendant impossible la résidence dans cette barre, malgré les avantages qu'elle présente par ailleurs en termes de logement (plus spacieux).
L'offre culturelle semblerait plus développée dans le quartier [possibilité de cours de musique gratuits] que l'offre sportive, plus concentrée dans le centre-ville et donc difficilement accessible étant donnés les temps de transport.
Une ville au rayonnement local (marché hebdomadaire) et international (les migrations internationales), polarisée par la métropole lilloise et tournant partiellement le dos à la capitale.
Les participants ont signalé un manque fort de liaisons entre Amiens et les petites communes des alentours. Par exemple, pour parcourir un trajet qui, en voiture, durerait 15 minutes, il faudrait, avec les transports en commun, au moins 2 heures avec beaucoup de changements.
Le marché du dimanche à Amiens Nord a été décrit comme le seul événement en mesure d'attirer dans ce quartier un nombre plus large et diversifié de population, même au-delà de la commune d'Amiens.
Les participants résidant Amiens Nord et originaires (ou descendants d'immigrés) du Maroc (région de Nador), ont déclaré passer leurs journées à « dire bonjour » à des personnes qu'ils côtoyaient en France, regrettant ainsi de ne pas pouvoir prendre réellement de vacances, loin de leur environnement familier.
Les participants ont déclaré utiliser davantage l'offre commerciale de Lille que celle de Paris à cause du fait qu'à Lille les magasins sont concentrés tous au « même endroit » et que l'accessibilité en voiture y serait plus facile et plus directe : pas de passage par une périphérie étendue et embouteillée ; moins de problèmes de stationnement.
Malgré le prix élevé des billets signalé par les habitants, ils considèrent plus avantageux se rendre à Paris en train qu'en voiture, vue la difficulté à se garer près du centre.
Le temps de parcours réel entre Amiens et Paris, ainsi que le coût des billets, ne rendraient pas une sortie dans la capitale rentable pour moins de 48h, ce qui limite fortement la fréquentation. [On remarque ici le rôle de Lille comme métropole du Nord de la France, tout à fait concurrentielle vis-à-vis de Paris].
Des éléments de patrimoine valorisés par le tourisme, en décalage avec les repères identitaires de la population locale.
La proximité du camping, fréquenté par les touristes internationaux, notamment néerlandais, ne se traduit pas par une ouverture pour le quartier enclavé d'Étouvie. Les touristes n'utilisant le camping que comme lieu de résidence pour rayonner ensuite vers le centre-ville et le reste de la région.
Les pratiques touristiques se limiteraient à la visite de ce monument remarquable, situé dans le centre-ville d'Amiens, sans aucune retombée pour le reste de la ville (cars déposant les touristes et les récupérant après la visite). [Il est à noter que le seul monument reconnu comme patrimoine d'Amiens à l'extérieur n'est visiblement pas perçu comme un élément identitaire ou d'attachement par les participants.]
Réunies par les faits de délinquance et une relative exclusion, les ZUS d'Amiens Nord et d'Étouvie divergent fortement dans leur traitement politique.
Les participants ont signalé ce type d'épisode comme étant une pratique récurrente dans les ZUS, qu'ils ont tous dénoncé comme particulièrement traumatique (deux d'entre eux en ayant été directement victimes).
Certains participants ont signalé une augmentation de la délinquance en ville. Ils ont lié ce constat à la crise de l'emploi au niveau départemental.
Tous les participants ont été d'accord sur le fait que « pour connaître ce qui se passe il faut aller se renseigner » à la mairie. [La mairie a effectivement confirmé que la communication d'informations sur les événements culturels ou sportifs se limitait au centre-ville et ne parvenait pas jusqu'aux quartiers.]
Cet état de fait donnerait aux habitants l'impression d'être des spectateurs en vitrine de ce qui est donné en accès aux habitants du centre-ville, sans qu'il leur soit possible d'y participer. [La mairie a confirmé que le journal diffusé par ses services relate les événements passés mais ne joue pas le rôle d'annonceur pour les suivants.]
Cette situation semblerait exclure de fait les habitants des quartiers, qui manquent justement d'un réseau social ou professionnel en dehors de leur lieu d'habitation.
Les participants résidant à Étouvie ont signalé la disparition de ce service de proximité et la perte d'un local à parti entière pour la mairie annexe, qui ne feraient que souligner le délaissement dont serait victime ce quartier par rapport au reste de la ville.
Le quartier souffrirait d'un manque d'équipements de base et en mesures de le faire sentir au même rythme et niveau d'autres quartiers. [Il a été effectivement confirmé par la mairie que le panneau existant est en panne depuis longtemps.]
La politique d'équipement [services, bibliothèques, antenne marie] et de requalification urbaine mise en place dans le quartier d'Amiens Nord aurait conféré à ce quartier un statut de partie, comme les autres, de la ville où l'on peut trouver une offre urbaine diversifiée et satisfaisante.
La présence de cette association de femmes sur le quartier témoignerait d'un tissu associatif dynamique et important, sans comparaison avec celui d'Étouvie, malgré la forte présence féminine dans ce quartier.
Les participants du groupe ont souligné les partenariats existants entre le CSC d'Étouvie et les équipements culturels du centre-ville, leur donnant un accès quasi gratuit à l'offre culturelle urbaine.
Cette façon de nommer et identifier les résidents du quartier, qui sont en fait des Amiénois, illustre la rupture dans la perception de la population amiénoise : le quartier d'Étouvie n'étant pas reconnu comme faisant partie de la commune, contrairement au quartier d'Amiens Nord et à sa population.
L'isolement géographique du quartier se traduit pas une sorte d'autonomie perçue, révélée par une hésitation quant à son appartenance administrative à la commune d'Amiens, contrairement à Amiens Nord.
Une ville qui cherche des atouts et un positionnement, capables de lui rendre un certain dynamisme.
Les participants ont signalé un manque de politique globale, dépassant les simples visites de la cathédrale.
L'installation d'un aéroport pour les vols low cost a été surtout envisagée du point de vue de la stratégie individuelle, plutôt que de la stratégie urbaine.
Les participants, en commentant le projet de ligne TGV entre Amiens et l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, ont au contraire souligné une volonté stratégique de liaison avec le Nord, via la ligne Eurostar desservant Lille et Londres [Ce qui pourrait faire écho à la polarisation de la ville par Lille pour ce qui concerne déjà les pratiques de shopping et les courtes sorties de loisir].
Cochez les cases pour filtrer les assertions.
Déplacez les filtres villes / réunions / enjeux pour trier les assertions dans l'ordre souhaité.