Un collectif d'acteurs politiques et professionnels convergent, conscient du problème générationnel et n'hésitant pas à se saisir des questions urbaines en tant que telles, mais peinant à élaborer une vision stratégique urbaine globale à la hauteur des enjeux de centralité à toutes les échelles.
Trouver un compromis entre deux modèles urbains opposés.
Face à l'hypothèse, évoquée pendant la réunion, d'un embourgeoisement de la ville sur le modèle de la ville Montreuil, les habitants ont repoussé cette possibilité, qui ne serait pas dans l'esprit de la ville, marqué au contraire par l'égalitarisme social. Les habitants ont considéré cette évolution potentielle comme incompatible avec l'identité actuelle de la ville et les attentes de sa population. [Une nuance de taille a été apportée par l'expertise concernant l'embourgeoisement, qui ne se traduit pas forcément par un remplacement de la population mais plus souvent par une diversification de celle-ci, induisant l'arrivée de composantes plus aisées venant s'ajouter aux précédentes.]
Selon certains participants, le type d'architecture d'Allonnes renvoie à une époque et à une idéologie [communisme] qui ne correspondent plus aux dynamiques en ?uvre à l'heure actuelle dans la ville. En effet, même si les habitants apprécient la qualité du bâti, ils se sentent enfermés dans l'image qu'il véhicule. [On peut remarquer ici que les habitants dissocient nettement la ville comme ensemble bâti, qu'ils voudraient voir entrer dans la modernité, et la ville comme ensemble de populations, qu'ils souhaitent conserver sur le même modèle qu'aujourd'hui.]
Un besoin de diversification, spatiale et sociale.
Les populations tchétchènes qui habitent Allonnes seraient logées pour la plupart dans le même quartier [Chaoué - Perriere]. Face à ce constat, les habitants ont signalé que cette composante n'aurait pas tellement le choix de s'installer ailleurs vu leurs revenus et les loyers des autres quartiers de la ville. [Cette situation de fait est néanmoins appréhendée comme une forme de repli urbain nuisible à l'équilibre de la ville en général.]
Les habitants ont fermement refusé l'idée d'une tendance à la ghettoïsation à Allonnes, malgré le fait que certains quartiers soient caractérisés par une composition très homogène de la population et notamment des regroupements de populations par nationalités d'origine.
Tout en appréciant la présence de logements HLM dans la ville, les participants voudraient diminuer l'effet de concentration entraîné par cette présence trop importante de logements sociaux [en termes de bâti et de population logée]. L'objectif étant de ne pas limiter la ville et son image à celle du logement social.
Dans le cadre de l'hypothèse de déconcentration des quartiers trop marqués socialement, certains habitants ont proposé de remplacer les logements vacants par des lofts destinés, par exemple, à des jeunes parents. [Référence à un modèle résidentiel - loft reconverti, jeunes couples, etc. - qui souvent accompagne les processus d'embourgeoisement des quartiers. Ce qui semble en contradiction, apparente, avec le refus théorique d'embourgeoisement d'Allonnes exprimé par ailleurs mais qui s'explique quand on prend en compte la dissociation faite par les habitants entre bâti urbain et populations.]
Afin d'éviter une concentration socio-spatiale de la population, liée aux dynamiques des prix fonciers, les habitants ont proposé de recourir au système des chèques de loyer pour aider une partie de la population à s'installer dans d'autres quartiers, autrement inaccessibles financièrement.
Cette assertion fait référence au caractère socio-économique dominant de la population d'Allonnes, la pauvreté. À tel point que cela pourrait, d'après cet habitant, décourager une grande partie de la population de profiter de la présence de restaurants si ceux-ci étaient présents en ville. [Tant pour des questions économiques que pour des motifs culturels, le restaurant ne faisant pas partie des pratiques habituelles, voire des pratiques légitimes.]
S'inspirer des voisins pour mieux les dépasser.
Les habitants sont revenus lors de cette dernière réunion sur le changement de la ville au fil des années, dans les faits ainsi que dans les représentations collectives. [Un changement qui ouvrirait la voie à d'autres identifications possibles, pour les habitants comme pour les personnes extérieures à la ville, dont les contours restent néanmoins à définir.]
Après les stigmates, la renaissance ?
Les participants craignent que si la nouvelle ZAC venait à se caractériser uniquement par une fonction résidentielle, elle rest toujours à l'écart [physique et symbolique] de la ville, comme ce fut le cas pour le quartier des Hautes Métairies.
Faute d'intégration, y compris par des liaisons physiques, la ZAC pourrait se transformer en champignon urbain autonome, suivant le modèle de fonctionnement des promoteurs, qui serait étranger à la ville d'Allonnes : « boulangeries chimiques, magasins de chaussures, etc. » [Les habitants font référence ici aux nouveaux quartiers de ville construits ces dernières années sur des modèles d'urbanisme résidentiel et commercial communs et assez stéréotypés, qu'ils rejettent visiblement.]
Si la ZAC nouvelle qui va se construire devenait un nouveau centre, les habitant craignent que le centre-ville actuel ? qui n'est déjà pas florissant ? ne se retrouve marginalisé et perdant. [On retrouve ici le souci de la population que les aménagements prévus prennent place dans une véritable intégration urbaine : pas un quartier de plus, mais pas un nouveau centre non plus.]
Les participants ont proposé la mise en place d'une passerelle entre la ZAC et e centre-ville qui puisse faire le lien et permettre à ces deux quartiers d'entrer en relation, favorisant ainsi l'intégration de la ZAC.
Le centre-ville d'Allonnes serait associé juste à l'espace de la place du Mail, alors qu'il est potentiellement plus étendu. Les habitants souhaiteraient voir tout le centre-ville considéré et vécu comme l'est la place du Mail. [C'est-à-dire comme un lieu central, attractif, servant de référent et de lieu commun pour la ville auprès de ses habitants et de l'extérieur.]
Les participants ont insisté, à nouveau lors de cette dernière réunion, sur la nécessité de créer une dynamique urbaine nocturne au centre-ville, notamment au niveau du centre commercial, afin de renforcer la centralité de cet espace et d'améliorer l'offre urbaine dont dispose la population.
Un seul mot d'ordre : intégrer et hiérarchiser.
Les habitants craignent que le développement d'Allonnes suive celui de la commune de Coulaine [nord du Mans] où l'on a développé des espaces résidentiels composés de petites maisons et très peu d'habitat social. Ils s'interrogent donc sur les alternatives résidentielles qui s'ouvriraient dans ce cas aux couches à faibles revenus.
Accompagner le changement, éviter la rupture.
D'après les habitants, les politiciens allonnais reconnaitraient encore une importance forte l'histoire ouvrière de la ville et au statut associé. Ils considéreraient la population allonnaise qui se retrouve dans cette image ouvrière comme une ressource électorale importante et à conserver.
Tous les habitants étaient d'accord sur le fait que l'action politique de l'ancien maire a été un avantage pour une ville comme Allonnes, qui aurait pu facilement basculer vers un modèle urbain de banlieue en difficulté, gangréné par la délinquance et la ségrégation socio-spatiale.. Le maire aurait été capable de conserver une certaine identité commune et cohésion à la ville, malgré les tensions qui la traversaient.
Cet exemple a été fourni par les habitants pour identifier ce qui relèverait pour eux d'un phénomène de ghetto, auquel Allonnes aurait réussi à échapper, mais qui serait présent à proximité de la ville et qui représente un risque de dérive. [Le ghetto étant assimilé à une fermeture violente de l'espace urbain, plutôt qu'à la composition socio-démographique de ces mêmes espaces.]
D'un coté il s'agirait de la possibilité d'émeutes urbaines, cas de figure qui n'inquiète pas les participants, car ils ont confiance en la capacité de l'action publique locale à gérer les conflits au sein de la société. De l'autre, le second risque, qui semble les inquiéter davantage, relèverait de la dérive d'une population paupérisée, qui se replierait sur elle-même, sur ses espaces et sur des activités criminelles comme le trafic de drogue.
Oser !
Les habitants considèrent qu'il faudrait travailler davantage sur l'image de la ville, pour changer des représentations qui apparaissent d'autant plus tenaces et difficiles à déraciner qu'elles sont projetées plutôt par le monde extérieur.
Après avoir signalé un manque d'idées dans la politique allonnaise, les participants ont émis le souhait d'initiatives en mesure de renouveler complètement la ville.
Certains participants croient que la ville devrait avoir le courage d'entreprendre des actions ou des projets audacieux en assumant le risque que ces derniers pourraient ne pas être compris et appréciés, dans en premier temps, par la population.
[Les habitants semblent avoir conscience du fait que la recherche du consensus électoral et de la participation directe de la population pourraient être partiellement incompatibles avec une prospective ambitieuse pour la ville.]
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