Trouver un compromis entre deux modèles urbains opposés.
Face à l'hypothèse, évoquée pendant la réunion, d'un embourgeoisement de la ville sur le modèle de la ville Montreuil, les habitants ont repoussé cette possibilité, qui ne serait pas dans l'esprit de la ville, marqué au contraire par l'égalitarisme social. Les habitants ont considéré cette évolution potentielle comme incompatible avec l'identité actuelle de la ville et les attentes de sa population. [Une nuance de taille a été apportée par l'expertise concernant l'embourgeoisement, qui ne se traduit pas forcément par un remplacement de la population mais plus souvent par une diversification de celle-ci, induisant l'arrivée de composantes plus aisées venant s'ajouter aux précédentes.]
Selon certains participants, le type d'architecture d'Allonnes renvoie à une époque et à une idéologie [communisme] qui ne correspondent plus aux dynamiques en ?uvre à l'heure actuelle dans la ville. En effet, même si les habitants apprécient la qualité du bâti, ils se sentent enfermés dans l'image qu'il véhicule. [On peut remarquer ici que les habitants dissocient nettement la ville comme ensemble bâti, qu'ils voudraient voir entrer dans la modernité, et la ville comme ensemble de populations, qu'ils souhaitent conserver sur le même modèle qu'aujourd'hui.]
Un besoin de diversification, spatiale et sociale.
Les populations tchétchènes qui habitent Allonnes seraient logées pour la plupart dans le même quartier [Chaoué - Perriere]. Face à ce constat, les habitants ont signalé que cette composante n'aurait pas tellement le choix de s'installer ailleurs vu leurs revenus et les loyers des autres quartiers de la ville. [Cette situation de fait est néanmoins appréhendée comme une forme de repli urbain nuisible à l'équilibre de la ville en général.]
Les habitants ont fermement refusé l'idée d'une tendance à la ghettoïsation à Allonnes, malgré le fait que certains quartiers soient caractérisés par une composition très homogène de la population et notamment des regroupements de populations par nationalités d'origine.
Tout en appréciant la présence de logements HLM dans la ville, les participants voudraient diminuer l'effet de concentration entraîné par cette présence trop importante de logements sociaux [en termes de bâti et de population logée]. L'objectif étant de ne pas limiter la ville et son image à celle du logement social.
Dans le cadre de l'hypothèse de déconcentration des quartiers trop marqués socialement, certains habitants ont proposé de remplacer les logements vacants par des lofts destinés, par exemple, à des jeunes parents. [Référence à un modèle résidentiel - loft reconverti, jeunes couples, etc. - qui souvent accompagne les processus d'embourgeoisement des quartiers. Ce qui semble en contradiction, apparente, avec le refus théorique d'embourgeoisement d'Allonnes exprimé par ailleurs mais qui s'explique quand on prend en compte la dissociation faite par les habitants entre bâti urbain et populations.]
Afin d'éviter une concentration socio-spatiale de la population, liée aux dynamiques des prix fonciers, les habitants ont proposé de recourir au système des chèques de loyer pour aider une partie de la population à s'installer dans d'autres quartiers, autrement inaccessibles financièrement.
Cette assertion fait référence au caractère socio-économique dominant de la population d'Allonnes, la pauvreté. À tel point que cela pourrait, d'après cet habitant, décourager une grande partie de la population de profiter de la présence de restaurants si ceux-ci étaient présents en ville. [Tant pour des questions économiques que pour des motifs culturels, le restaurant ne faisant pas partie des pratiques habituelles, voire des pratiques légitimes.]
S'inspirer des voisins pour mieux les dépasser.
Les habitants sont revenus lors de cette dernière réunion sur le changement de la ville au fil des années, dans les faits ainsi que dans les représentations collectives. [Un changement qui ouvrirait la voie à d'autres identifications possibles, pour les habitants comme pour les personnes extérieures à la ville, dont les contours restent néanmoins à définir.]
Après les stigmates, la renaissance ?
Les participants craignent que si la nouvelle ZAC venait à se caractériser uniquement par une fonction résidentielle, elle rest toujours à l'écart [physique et symbolique] de la ville, comme ce fut le cas pour le quartier des Hautes Métairies.
Faute d'intégration, y compris par des liaisons physiques, la ZAC pourrait se transformer en champignon urbain autonome, suivant le modèle de fonctionnement des promoteurs, qui serait étranger à la ville d'Allonnes : « boulangeries chimiques, magasins de chaussures, etc. » [Les habitants font référence ici aux nouveaux quartiers de ville construits ces dernières années sur des modèles d'urbanisme résidentiel et commercial communs et assez stéréotypés, qu'ils rejettent visiblement.]
Si la ZAC nouvelle qui va se construire devenait un nouveau centre, les habitant craignent que le centre-ville actuel ? qui n'est déjà pas florissant ? ne se retrouve marginalisé et perdant. [On retrouve ici le souci de la population que les aménagements prévus prennent place dans une véritable intégration urbaine : pas un quartier de plus, mais pas un nouveau centre non plus.]
Les participants ont proposé la mise en place d'une passerelle entre la ZAC et e centre-ville qui puisse faire le lien et permettre à ces deux quartiers d'entrer en relation, favorisant ainsi l'intégration de la ZAC.
Le centre-ville d'Allonnes serait associé juste à l'espace de la place du Mail, alors qu'il est potentiellement plus étendu. Les habitants souhaiteraient voir tout le centre-ville considéré et vécu comme l'est la place du Mail. [C'est-à-dire comme un lieu central, attractif, servant de référent et de lieu commun pour la ville auprès de ses habitants et de l'extérieur.]
Les participants ont insisté, à nouveau lors de cette dernière réunion, sur la nécessité de créer une dynamique urbaine nocturne au centre-ville, notamment au niveau du centre commercial, afin de renforcer la centralité de cet espace et d'améliorer l'offre urbaine dont dispose la population.
Un seul mot d'ordre : intégrer et hiérarchiser.
Les habitants craignent que le développement d'Allonnes suive celui de la commune de Coulaine [nord du Mans] où l'on a développé des espaces résidentiels composés de petites maisons et très peu d'habitat social. Ils s'interrogent donc sur les alternatives résidentielles qui s'ouvriraient dans ce cas aux couches à faibles revenus.
Accompagner le changement, éviter la rupture.
D'après les habitants, les politiciens allonnais reconnaitraient encore une importance forte l'histoire ouvrière de la ville et au statut associé. Ils considéreraient la population allonnaise qui se retrouve dans cette image ouvrière comme une ressource électorale importante et à conserver.
Tous les habitants étaient d'accord sur le fait que l'action politique de l'ancien maire a été un avantage pour une ville comme Allonnes, qui aurait pu facilement basculer vers un modèle urbain de banlieue en difficulté, gangréné par la délinquance et la ségrégation socio-spatiale.. Le maire aurait été capable de conserver une certaine identité commune et cohésion à la ville, malgré les tensions qui la traversaient.
Cet exemple a été fourni par les habitants pour identifier ce qui relèverait pour eux d'un phénomène de ghetto, auquel Allonnes aurait réussi à échapper, mais qui serait présent à proximité de la ville et qui représente un risque de dérive. [Le ghetto étant assimilé à une fermeture violente de l'espace urbain, plutôt qu'à la composition socio-démographique de ces mêmes espaces.]
D'un coté il s'agirait de la possibilité d'émeutes urbaines, cas de figure qui n'inquiète pas les participants, car ils ont confiance en la capacité de l'action publique locale à gérer les conflits au sein de la société. De l'autre, le second risque, qui semble les inquiéter davantage, relèverait de la dérive d'une population paupérisée, qui se replierait sur elle-même, sur ses espaces et sur des activités criminelles comme le trafic de drogue.
Oser !
Les habitants considèrent qu'il faudrait travailler davantage sur l'image de la ville, pour changer des représentations qui apparaissent d'autant plus tenaces et difficiles à déraciner qu'elles sont projetées plutôt par le monde extérieur.
Après avoir signalé un manque d'idées dans la politique allonnaise, les participants ont émis le souhait d'initiatives en mesure de renouveler complètement la ville.
Certains participants croient que la ville devrait avoir le courage d'entreprendre des actions ou des projets audacieux en assumant le risque que ces derniers pourraient ne pas être compris et appréciés, dans en premier temps, par la population.
[Les habitants semblent avoir conscience du fait que la recherche du consensus électoral et de la participation directe de la population pourraient être partiellement incompatibles avec une prospective ambitieuse pour la ville.]
Une ville qui marche serait une ville où l'on marche.
Les participants ont souligné que ce qui a fait fonctionner la place Gambetta en tant que lieu de relais, de passage et de rencontre [espace public] n'a pas été un projet de requalification particulièrement recherché, mais juste sa piétonnisation.
Des habitants de la ville et pas seulement d'un quartier.
Les habitants considèrent dommage qu'ils soient intégrés dans les processus de concertation et de participation seulement par rapport aux quartiers qu'ils habitent. [Vision de l'habitant comme ayant une compétence par rapport à la ville dans sa totalité, par rapport aux espaces qu'il utilise et fréquente et pas seulement par rapport à son lieu de résidence.].
Les habitants ont décrit la dynamique de changement de cet espace qui est passé d'un statut de terrain exploité par des gens de voyages à celui d'un très grand parc doté d'équipements sportifs spécialisés [stade de football américain, skateparc, etc.], réservé de fait aux habitants d'Étouvie, de par sa localisation excentrée. [Un lieu qui est passé d'un type de population à un autre, sans gagner en diversité ou en cohésion pour la ville.]
Aménager pour faire du lien avec les autres.
D'après les habitants, le seul objet urbain beau dans le quartier de la gare est la tour Perret. Lors de plusieurs réunions, ils ont exprimé le regret que la verrière coupe et empêche la vue de cet immeuble surtout à partir de l'entrée de la gare d'Amiens. Ils considèrent dommage que la tour Perret ne fasse pas partie du premier « coup d'?il » pour les voyageurs ou les touristes qui arrivent à Amiens en train.
L'ensemble de ces assertions sur l'actuelle réalisation architecturale surmontant la gare exprime bien l'incompréhension des habitants vis-à-vis de cet objet, qu'ils considèrent comme nuisible. [Il a été très durement contesté, tout au long des réunions].
Aucun des participants n'était au courant du statut de ce lieu ou de sa fonction, présente et passée. Certains ont même souligné de ne jamais y être rentrés à cause leur indifférence vis-à-vis de ce lieu, ainsi qu'au quartier où il se situe.
La visibilité de la citadelle se ferait par le biais d'un autre espace urbain qui, lui, marche très bien selon les habitants : le parc Saint Pierre. [La Citadelle est visiblement considérée par les habitants comme un objet patrimonial figé, à regarder plutôt qu'à pratiquer.]
Patrimoine urbain des habitants vs patrimoine urbain des politiques ?
D'après les habitants, l'intégration entre ces deux espaces pourrait se faire par le biais d'équipements tels qu'une piscine construite dans le parc et suivant des consignes écologiques en ligne avec l'esprit de l'écoquartier.
« La Citadelle est dans le quartier de Saint Maurice, qui est à l'abandon. »
Le projet d'aménagement de la gare et de la place n'a pas amélioré la situation par rapport au passé. D'après les habitants, avant les problèmes de circulation rendaient l'accès à la gare difficile. Maintenant, ce n'est même plus possible de déposer quelqu'un. [Les habitants font ici une nouvelle fois référence, cf.
Une opposition forte entre espaces à succès et espaces condamnés.
Les habitants considèrent que la présence d'une piscine au parc Grand Marais pourrait donner à ce parc un rayonnement bien au-delà du quartier [Etouvie] ou de la ville, et attirer des usagers divers. [Cela aurait notamment pour avantage de désenclaver le quartier d'Étouvie, dont les habitants sont les principaux usagers de ce parc.]
Une relation de confiance à reconstruire entre décideurs et habitants.
Les habitants ont expliqué qu'ils restent attachés au projet de la piscine, non seulement parce qu'ils en auraient besoin, mais surtout car elle leur avait été promise.
Selon les participants, les municipalités ont la tendance à mettre en place de temps en temps des « vagues » de construction de logements sociaux à Amiens Nord, pour respecter les contraintes imposées par la loi SRU. [Solidarité et Renouvellement Urbain, obligation de 20% logements sociaux par commune].
Les participants ont regretté le fait que les aménagements mis en place par la mairie ne soient pas toujours pertinents lorsqu'ils concernent des quartiers spécifiques ou éloignés comme Amiens Nord ou Étouvie. Leur diagnostic étant un manque de préparation en amont et notamment d'intégration de la population plus tôt dans les projets [et pas dans la phase aval de la concertation, où il est trop tard pour changer les contenus.].
Certains participants ont dit avoir l'impression qu'il y a un problème de communication avec la mairie, notamment par rapport aux projets en cours dans la ville, à propos desquels ils sont trop rarement au courant.
Les participants ont souligné avoir eu l'impression que, concernant la verrière, la consultation a été pro forma, vu que cette installation semblait déjà décidée et fortement voulue [voire imposée] par le Maire [de l'époque, Gilles de Robien], contrairement à l'avis des habitants.
Les habitants ont ainsi exprimé une incompréhension de la méthode de participation employée par la mairie et une certaine résignation vis-à-vis du fait que leur intervention dans le processus se limiterait justement à ce type de consultation anonyme et formel.
Les participants ont ici exprimé leur souhait de voir les prochains projets d'aménagement urbain prendre une autre envergure, en créant des objets ou des lieux nouveaux, plutôt qu'en requalifiant ceux qui existent déjà.
Reconnaître le potentiel des lieux.
Parmi les lieux repérés par les habitants, le parc Grand Marais fait figure de lieu à exploiter davantage, surtout dans le but de mieux intégrer le quartier d'Etouvie au reste de la ville.
Les habitants souhaiteraient voir se développer un parcours touristique, une promenade aménagée par exemple, le long du chemin de halage, à l'instar de celui développé au sud-est de la ville qu'ils ont évoqué et qu'ils apprécient.
Contrairement au quartier Saint-Maurice [par rapport auquel les habitants n'ont exprimé aucun souhait de requalification], le quartier de la gare est considéré comme un quartier avec beaucoup de potentiel, à tel point que certains participants considèrent qu'il a les caractéristiques pour en faire un « quartier BoBos » à l'instar « du 11e arrondissement de Paris. »
Pour argumenter le manque d'information et d'intérêt vis-à-vis de la Citadelle, certains participants ont utilisé l'exemple de la tour bleue [Etouvie], qui est restée fermée, abandonnée, en attente de projet pendant des années. [Il est à noter que les projet de requalification de la Citadelle est désormais très avancé mais que les habitants continuent d'appréhender ce lieu comme non géré et non intégré aux projets urbains.]
Concilier des modèles urbains a priori divergents.
D'après certains participants, la ville de Calais et ses municipalités n'ont pas suffisamment exploité les ressources liées à sa localisation géographique. Ils considèrent que Calais ne tient pas son rang de ville littorale, car elle ne met pas en valeur la plage, le tourisme balnéaire, les équipements sportifs appropriés à la plage, etc.
Les habitants ont le sentiment que dans le système de mobilité calaisien, c'est toujours la voiture qui gagne.
Les participants considèrent que Calais leur propose le choix entre différents moyens de transport. Cependant, ces derniers ne sont pas toujours adaptés aux besoins des usagers, qui finissent par utiliser prioritairement la voiture individuelle.
L'idée soumise aux habitants consiste dans le principe de reconnaître une place privilégiée à la voiture dans le système urbain calaisien, y compris d'un point de vue culturel, et d'envisager les équipements adaptés à une telle politique urbaine. La réaction de ces derniers a été globalement positive, avec cependant des réserves esthétiques, fondées sur le besoin de conserver des lieux davantage liés à l'image traditionnelle des centre-villes, comme les monuments ou les fontaines.
L'entre-soi social marque fortement la ville.
La plage serait un lieu fréquenté surtout par des couches dites « populaires », c'est-à-dire d'un niveau social et culturel peu élevé. Le manque d'aménagement et d'activités de loisirs rendrait ce lieu peut attractif pour des couches moyennes [ayant la possibilité de fréquenter d'autres bords de mer de la côte, plus attrayants] et donc peu mixte.
Urbaniser la plage ; balnéariser la ville.
Les participants ont exprimé le regret que la plage ne soit pas un lieu de vie et de sociabilité, où l'on puisse s'arrêter agréablement, se promener et profiter du paysage.
Les participants ont tous signalé leur mécontentement par rapport à la place occupée par les chalets sur la plage. D'une part, ces chalets bouchent la vue sur la plage, surtout pour ceux qui vont courir sur la digue. D'autre part, ces chalets sont une survivance du passé et d'une différence d'accès à la plage selon le niveau social. Ils n'ont pas le rôle de cabines de plage accessibles financièrement à tout le monde [comme c'est le cas, par exemple, des cabines de Deauville]. Dans ce sens, les participants ont signalé que les chalets sont vendus par des actes notariés et déclarés en mairie alors qu'ils sont sur un terrain public. [Ils sont donc considérés par les habitants comme une forme de privatisation de l'espace public de la plage au profit des plus aisés et des familles les plus anciennement installées dans la ville.]
Pour démontrer que la plage de Calais n'est pas vécue et considérée comme un lieu de loisir et de tourisme, les habitants ont porté l'exemple du manque de services balnéaires, comme la vente de ballons ou l'absence de loueurs de matériel de plage, que l'on trouve généralement dans les plages aménagées des villes balnéaires.
Tout en appréciant l'utilité d'un poste de secours au bord de la mer, les habitants trouvent sa localisation peu appropriée au paysage et à l'attractivité de la plage.
Les constructions réalisées sur le front de mer sont considérées comme enlaidissantes par les habitants. Au lieu d'être un atout d'attractivité, elles jouent un rôle repoussoir.
Du fait de la mauvaise signalisation du parcours piétons, l'accessibilité au port ferry pour les passagers à pied serait très compliquée et peu agréable [même chemin que les voitures]. Cela apparaît aux habitants d'autant plus mal conçu que la distance réelle est très courte, favorisant ainsi le recours systématique à la voiture.
Certains participants ont signalé qu'ils utiliserait volontiers la baladine [transport public urbain de proximité] dans leurs déplacements quotidiens, mais qu'ils ne peuvent pas le faire à cause des horaires peu adaptés à ceux de bureau.
Les habitants ne fréquentent pas la ZUP de la ville au-delà d'activités précises et ponctuelles. Cela serait dû aussi au fait que ce quartier n'est pas très attractif, tant en termes de bâti, que de population et d'ambiance.
Faible intégration et forte concurrence.
D'après les habitants, les trois villes citées ne fonctionnent pas réellement en archipel [malgré les liens existants en termes de transports et d'équipements mutualisés] car il n'y a pas de coopération en termes de projets culturels ou sportifs, par exemple. Chaque ville aurait sa spécificité qui ne s'intègrerait cependant pas à celle des autres de manière complémentaire : « Boulogne, c'est la pèche ; Calais, c'est le port passagers ; Dunkerque, c'est le commercial. »
[Les participants ont décrit une dynamique classique de periurbanisation autour de Calais].
La ville de Calais souffrirait d'un manque de manifestations et d'événements culturels ou récréatifs en mesure d'attirer la population alentour, ce qui la placerait aussi plus bas dans la hiérarchie urbaine par rapport à ses voisins.
Dunkerque, bien qu'elle n'ait pas l'atout calaisien d'avoir la plage « en ville », exploiterait davantage ses ressources maritimes. D'où le sentiment des participants que la ville de Calais ne s'engage pas suffisamment dans ce sens en tournant le dos à une de ses ressources principale : la mer.
Contrairement à Calais, les villes balnéaires comme Malo-les-Bains, proposent d'autres activités corollaires à la plage (voitures a pédale, etc.). Cela permettrait à ces villes de marcher aussi hors saison. Les participants regrettent l'absence d'une telle offre à Calais. [On peut néanmoins se demander si le paysage balnéaire et urbain de la ville se prêterait vraiment à ce type d'activité.]
À la recherche du temps perdu ?
Certains participants ont déclaré apprécier le fait de se déplacer en ville à pied ou avec les transports en commun car cela leur donnerait davantage l'occasion d'observer et apprécier la ville, ses quartiers, ses immeubles anciens.
Les habitants ont signalé qu'un des rares endroits où l'on peut apprécier beaucoup l'architecture et la qualité du bâti ce sont les boulevards. Le reste de la ville, notamment la partie sud, étant plutôt caractérisé par des friches industrielles et un habitat ouvrier dégradé, faute d'entretien.
Les participants ont exprimé le regret que la gare de Calais ne plus aussi belle qu'avant et qu'elle soit peu exploitée et mal intégrée au reste de la ville. La gare n'est plus aujourd'hui un lieu de la ville, avec un statut et une fonction centrale.
Les habitants ont rappelé que la plage auparavant était un lieu plus convivial et animé grâce à la présence d'établissements comme le casino. Ils trouvent dommage qu'après la guerre, suite à la destruction de la ville, on ait rebâti sur une base fonctionnaliste, en ne faisant que du logement [«pas très beau»], sans rien prévoir en termes d'activité et de loisirs.
La mer comme nouvel horizon.
Les participants ont signalé le manque d'une politique de la ville basée sur l'exploitation de la mer et de la plage. Négligeant tout ambition touristique, les politiques se seraient concentrées exclusivement sur l'activité portuaire et le statut industriel de la ville.
Les participants sont revenus, à nouveau lors de cette réunion, sur le fait que la présence d'un immense parking sur la plage empêcherait de pouvoir profiter des terrasses des restaurants autour. Ils souhaiteraient pouvoir manger en profitant de la vue de la plage et de la manche. [Il faut néanmoins rappeler l'importance accordée à la pratique de la voiture sur la plage, exprimée par les mêmes participants. Les deux pratiques ayant visiblement besoin de trouver une forme de cohabitation, sans exclusion de l'une par l'autre.]
La plage, la voiture et la mise en réseau, trois enjeux majeurs pour Calais.
Les habitants souhaiteraient que soit réaménagé le front de mer calaisien, avec des immeubles moins hauts, des petites places pour les concerts, des restaurants « où aller manger une salade pendant la pause déjeuner, face à la mer ». Le manque de ce type d'offre ferait en sorte qu'on ne perçoive pas de tout la présence de la mer « comme si l'on était à Lille ».
Les habitants souhaiteraient visiblement exploiter les mesures de conservation existantes, pour valoriser davantage leur patrimoine maritime et récolter par la même occasion un label attractif pour les flux touristiques.
La place énorme de la voiture et des parkings à Calais aurait pour conséquence de limiter le potentiel de certains lieux, où l'on pourrait implanter d'autres activités.
Le fait que la gare du centre-ville soit mal exploitée et aménagée limite la possibilité d'en faire une infrastructure capable de jouer un rôle actif dans l'intégration de Calais à l'agglomération, voire au-delà. [De ce fait, l'urbanité de la ville se trouve amputée de la venue d'une population dite présentielle (présente mais non résidente) ou d'une population circulante.]
Un besoin d'urbanité.
D'après certains habitants, une des différences entre Châteauroux et la capitale serait le fait qu'à Paris les gens auraient une conscience citoyenne plus développée. [Il est remarquable que les habitants des ZUS de Châteauroux aient l'impression que les relations civiques sont meilleures dans une grande métropole que dans leur ville moyenne. On peut dès lors s'interroger sur la perception de la ville comme espace d'appropriation collective par les habitants, qui se sentent visiblement exclus d'une dynamique d'ensemble.]
Certains participants [d'origine immigrée] ont expliqué, à nouveau lors de cette réunion, qu'ils se sentent moins exposés au contrôle social de leurs congénères dans le centre-ville que dans leur quartier. Ils préfèrent donc l'anonymat du centre-ville qu'ils associent à un style de vie européen.
Quand la diversité devient synonyme de stagnation, voire de repli.
Par rapport au quartier Saint-Jacques, habité par une population plus âgée et aisée, Saint-Jean, serait peuplé d'une population jeune, plus diverse en termes d'origines et connaissant de fortes difficultés économiques. [Bien qu'ayant tous deux le statut de ZUS, ces quartiers n'auraient donc pas le même profil.]
Ces lieux, définis comme « communautaires » lors des réunions précédentes, sont, de fait, peu fréquentés par les femmes pour éviter d'être « mal vues ». Ces établissements ont donc une clientèle et une offre très limitées, qui ne favorise pas leur développement et plus généralement l'essor d'une dynamique commerciale dans le quartier.
Des concurrents plutôt que des voisins.
Ce festival - qui a lieu dans le quartier Saint-Jean - est un moment de sociabilité très importante pour le quartier et pour la ville. Le fait qu'il ait du succès et qu'il attire des populations bien au-delà de Châteauroux en fait un événement important pour les habitants, qui le considèrent comme un « moment important de mixité » et de représentativité de l'esprit du quartier.
Partant du constat que les bars des quartiers sont fréquentés surtout par des hommes, les habitants ont expliqué qu'ils retrouvaient la même organisation et fréquentation des espaces que dans leur pays d'origine [Algérie].
La diversité peut-elle être une identité collective ?
Le centre commercial de Saint-Jean est beaucoup utilisé du fait de son ouverture sur la rue principale, y compris par les habitants des quartiers limitrophes, pour lesquels il fonctionne comme un centre fonctionnel de proximité.
Les habitants regrettent que ce centre commercial ne soit pas davantage mis en valeur, tant d'un point de vue fonctionnel qu'esthétique.
Les participants ont décrit le centre-ville comme le seul lieu de rencontre et de divertissement de la ville, notamment pour les populations les plus jeunes, qui ne disposent pas d'espaces du même type dans leur quartier de résidence.
Pas d'emboîtements hiérarchiques mais des voisinages fonctionnels.
Les participants ont exprimé par ce constat le sentiment que la gare de Châteauroux se caractérise davantage comme un lieu de départ qu'un lieu d'arrivée. Cela serait dû au manque d'attractivité du chef-lieu castelroussin, duquel on aurait plutôt envie de s'éloigner que de se rapprocher.
Des espaces attractifs mais inaccessibles.
Les participants ont signalé que la passerelle, tout en étant sûre et très pratique le jour [on peut rejoindre le centre-ville en 10 minutes], est peu sécurisée le soir et par conséquent peu fréquentée.
D'après certains participants, le festival payant qui a lieu au centre-ville serait plus intéressant que celui de Saint-Jean, gratuit. Cela serait dû au fait que ce festival attire des artistes plus connus, grâce aux bénéfices qu'il génère, et donc un public plus nombreux, voire plus « sélect ».
Relier.
Pour remplir le vide qu'il y a entre le centre-ville et les quartiers [Saint-Jean, Saint-Jacques], les habitants proposent un espace vert de transition, qui serait à la fois un lien physique, un lieu commun de la population et un symbole de la ville.
Navarre, un quartier-ville.
En décrivant le fonctionnement du quartier de Navarre et son évolution, les habitants ont exprimé ce constat. Ils considèrent qu'auparavant le quartier, tout en étant une banlieue d'Évreux, était un quartier où la mixité se jouait sur place, où la rencontre - au travail, au café, à l'église -tenait le quartier. Aujourd'hui, tout en continuant à se définir [et donc à se représenter] comme une banlieue, ces dynamiques seraient complètement bouleversées. La nouvelle population, la fermeture de l'usine, l'affaiblissement des réseaux sociaux, feraient de Navarre un quartier résidentiel à faible pouvoir agrégatif.
Après avoir utilisé à plusieurs reprises le mot « banlieue » pour définir Navarre et pour expliquer son fonctionnement, les habitants ont déclaré préférer le mot « quartier » pour caractériser leur espace de vie. [Cela tient à l'image négative que véhicule ce mot, évoquant un espace socialement marginal et économiquement en difficulté, mais aussi au fait que le quartier est compris comme un lieu à part entière, ayant une existence et une autonomie propres, alors que le concept même de banlieue se réfère à un centre dont elle dépend.]
Un cap de diversification difficile à passer.
Certains participants considèrent que Navarre aurait pu avoir un statut différent dans la hiérarchie urbaine ébroïcienne du fait de la population qu'il avait auparavant [« petite bourgeoisie »] et du type de bâti et d'environnement offerts par le quartier [maisons individuelles et espaces verts]. Au contraire, Navarre aurait fini pour s'appauvrir fortement durant les dernières années.
Certains participants ont montré leur désaccord par rapport au constat précédent. Ils considèrent que le développement du quartier s'est fait surtout autour de l'usine, qui rassemblait une classe ouvrière importante. Cette dernière aurait marqué l'image et l'esprit [et le paysage] du quartier.
Par rapport à la dynamique globale de la ville, dans les années 60-70, travailler à l'usine de Navarre représentait un horizon de réussite et de mobilité sociale non négligeable, qui permettait l'accès à la propriété ou à un logement digne et à un statut social bien défini. Cette dynamique a été qualifiée d'embourgeoisement par les participants, surtout en comparaison avec ce qui se produisait dans le reste de la ville.
Les participants ont signalé que la fête des voisins est de moins en moins fréquentée à Navarre. Ils ont expliqué cela par l'appauvrissement de la population et par son changement. Les habitants de Navarre seraient détachés du quartier et n'interagiraient pas comme auparavant. [Il paraît probable que la cause de ce délitement social ressenti par les participants, soit la diversification croissante des populations du quartier, qui ne présentent plus le profil ouvrier homogène d'il y a 40 ans et qui doivent donc reconstruire une cohésion autour de nouveaux référents communs.]
Les voisinages d'Évreux sont-ils les voisinages de Navarre ?
Les habitants sont revenus, à nouveau lors de cette réunion, sur le statut de petit village qu'avait alors le quartier de Navarre. Ils ont évoqué, de façon nostalgique, le style de vie de l'époque, centré autour de l'église comme lieu de rencontre et de la gare de marchandises.
Les habitants considèrent que l'image extérieure du quartier est très positive à cause de la qualité de ses espaces verts [forêt], de son paysage urbain [maisons individuelles et petits immeubles] et de sa situation géographique. Tout cela rendrait le quartier attractif pour les habitants et pour les promoteurs, qui y verraient des possibilités avantageuses d'investissement.
Des vestiges d'une époque révolue qui pourraient accélérer le changement.
Les participants ont décrit le processus de changement du quartier de Navarre et de sa population. Contrairement à autrefois, où les habitants du quartier se connaissaient entre eux et travaillent dans le quartier, aujourd'hui Navarre serait le lieu de résidence de couches moyennes qui ne font pas leur vie (travail, loisir) dans le quartier.
Les habitants ont exprimé le regret de ne pas avoir à Navarre de véritables espaces de rencontre et de sociabilité en mesure de produire du lien et de l'identification [espaces publics]. Tout en appréciant le rôle joué par les associations, ils considèrent que ces dernières ne sont pas suffisantes et qu'il faudrait mettre à disposition de la population des espaces ouverts [non structurés ou formalisés comme le sont les associations], comme une place, des bancs publics, etc.
Un environnement qui doit s'adapter aux nouvelles pratiques des habitants.
Suite à une sollicitation spécifique à propos du projet du Grand Paris, certains ont exprimé ce constat, revenant sur une assertion de la précédente réunion, ayant exprimé une incompréhension vis-à-vis de l'influence de ce projet pour Navarre. D'après les participants, Évreux devra trouver sa place dans ce projet pour ne pas se retrouver marginalisée. [Ce qui ne présume pas du rôle du Grand Paris pour Navarre.]
Une politique urbaine qui a du mal à porter ses quartiers.
Le quartier héberge un nombre élevé d'associations qui ont un rôle non négligeable dans la gestion quotidienne du quartier, mais qui n'interagissent pas énormément, selon certains participants.
Tous les participants étaient d'accord sur le fait que les associations de Navarre ont un rôle énorme pour faire vivre le quartier au quotidien, mais que cela tient au court terme. Les associations souffriraient du fait de ne pas arriver à se fédérer autour d'un projet commun et global concernant le développement du quartier et de son intégration au reste de la ville.
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